Vendredi 23 septembre, Luis Casiano, photographe naturaliste, racontait, pour le dénoncer, un ball-trap avec des oiseaux vivants, un tir aux cailles de notre temps auquel il avait assisté. Allain Bougrain Dubourg, président de la Ligue pour la Protection des Oiseaux, réagit.
Les photos de Luis Casiano sont malheureusement tristement explicites. En les observant, je pensais à Einstein qui disait : "Le monde n’est pas tant dangereux à cause de ceux qui font le mal, mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire."
Lorsqu’on m’a parlé de ce ball-trap réalisé à partir d’oiseaux vivants, très honnêtement, j’ai cru à un gag.Puisque nous avons vu, ne laissons pas les choses en l’état. Agissons. Faisons pression auprès des autorités "sportives" et politiques espagnoles. Nous pouvons faire cesser cette pratique odieuse qui se prétend traditionnelle.
À ce propos, je ferai deux remarques :
1. Au nom de la tradition, on se permet de pérenniser des comportements d’un autre temps. L’actuel braconnage des pinsons et ortolans dans les Landes en est un triste exemple. Protégés par la loi, ces oiseaux continuent d’être braconnés aux yeux de tous. Et l’État, comme la justice et les élus locaux, affiche une complicité coupable… au nom de la tradition.
2. Depuis quand le ball-trap réalisé à partir d’engins mécanisés et sophistiqués est-il traditionnel ?
Il y a quelque 40 ans, avec quelques amis, j’avais organisé une opération musclée pour libérer des pigeons que l’on lâchait devant les chasseurs dans le cercle très fermé du "tir aux pigeons du Bois de Boulogne". L’affaire fit grand bruit et la pratique fut interdite, d’abord à Paris, ensuite dans le reste de la France. Le procédé espagnol, autrement plus violent, s’apparente à cette pratique surréaliste.
La Ligue pour la Protection des Oiseaux, que je préside, ne restera pas indifférente.
Mais à propos, les chasseurs français, qui s’affichent comme les meilleurs protecteurs des animaux, pourraient également s’emparer de cette affaire et la dénoncer…