Alors que les pays les plus riches du monde réunis à Durban pour le sommet sur le climat cherchent un terrain d'entente, la Sierra Leone a compris le rôle vital des forêts tropicales et joue la carte de la prévention du changement climatique par la conservation de sa forêt la plus vaste, enfermant 13,6 millions de tonnes de carbone, la protection de l'un des habitats les plus menacés ainsi que les espèces sauvages de l'Afrique de l’ouest.

fort_du_GolaCredit: Alex Hipkiss/RSPBSamedi 3 décembre, le Président de la Sierra Leone, septième pays le plus pauvre au monde a officialisé le Parc National de la Fôret du Gola ( Gola Rainforest National Park, GRNP), un programme important pour la protection des ressources naturelles au profit du pays et du reste du monde.

La Royal Society for the Protection of Birds (RSPB)/BirdLife au Royaume-Uni s'investit dans la forêt du Gola depuis 1990. Cette forêt abrite des centaines d'espèces d'oiseaux, de chimpanzés et la population d'hippopotames pygmées la plus importante du monde.
Tim Stowe, directeur international de la RSPB a déclaré: "La contribution de la Sierra Leone est audacieuse et progressiste. Dans un acte clairvoyant, ce pays pauvre de l'ouest-africain - qui se trouve sur la ligne de front du changement climatique - a décidé d'aider le monde en protégeant un vaste réservoir de carbone ainsi que la protection de sa faune unique et mondialement importante. Nous espérons que d'autres nations sauront reconnaitre la valeur de cette contribution et en tirer partie. "

Si la forêt du Gola avait été rasée, la libération de carbone serait égale à la quantité d'émissions de gaz à effet de serre produite par près de 14 millions de véhicules en un an.

Initié en 1989, un accord de partenariat entre la Division gouvernementale des Forêts de la Sierra Leone, la Société de Conservation de la Sierra Leone/BirdLife en Sierra Leone et la RSPB a été réalisé en 1990 pour développer un nouveau plan de gestion, maintenir les limites de forêt et la mise en place d'un programme d'éducation environnementale.

Ces partenaires ont travaillé sous la bannière du Programme Forêt du Gola. Ce travail est une composante importante de la RSPB et de son programme sur les forêts tropicales, qui comprend des activités dans six autres pays africains et asiatiques.

Cette annonce importante tombe pendant la célébration du 50ème anniversaire de l'indépendance du pays, de l'année internationale des forêts et de la réunion de la CCNUCC à Durban.

Le parc national de la Fôret du Gola, couvre plus de 71 000 hectares (6 fois la taille de la Réserve Naturelle Nationale de la Camargue, Bouches du Rhône) et a longtemps été menacé par l'exploitation forestière et les petites exploitations minières depuis les années 30.

La gouvernance à long terme des ressources naturelles a été longtemps au cœur des 10 années du conflit civil qui a fait rage dans les années 90. La création du parc national devrait apaiser les menaces permanentes des exploitants forestiers et miniers.

La forêt du Gola est un « hotspot » pour la biodiversité mondiale et des enquêtes récentes ont dénombrés 327 espèces d'oiseaux, dont huit en voie d'extinction, tels que le Malimbe Gola, d'un jaune et noir frappant, de la taille d'un étourneau. La biodiversité au sein de la forêt du Gola est remarquable avec ses 518 espèces de papillons - environ la moitié des espèces de la Sierra Leone - dont trois nouvelles pour la science.

On compte environ 300 chimpanzés, une importante population de singes et 44 espèces de grands mammifères, tels que des céphalophes - petites antilopes - qui vivent dans la forêt, ainsi que l'hippopotame pygmée qui se trouve uniquement dans cette partie de l'Afrique et qui est en voie d'extinction.

Les communautés vivant au bord de la forêt ont bénéficié depuis 2005 des projets de développement à hauteur de 427000 euros permettant la construction de ponts, un hôpital et des bourses scolaires.

Le total soutien du Président de la Sierra Leone augure un bel avenir pour la forêt surtout que le pays est désormais à la recherche de mécanismes pour attirer de nouveaux financements à long terme grâce au programme de l'ONU pour les pays en voie de développement (REDD), incitant à la réduction des émissions de CO2, réduction de la déforestation et de la dégradation des forêts.

Le programme REDD encourage la coopération entre les pays développés et en voie de développement à s'entendre sur la gestion des forêts et fournit un financement qui permet d'éviter la déforestation, la dégradation des forêts et la préservation des écosystèmes tout en assurant les droits des peuples autochtones.

Le président de la Sierra Leone a déclaré lors de son discours d'investiture : « La taxe carbone est un système Gagnant - Gagnant pour l'environnement et le développement économique. » Les propos du président sont particulièrement appropriés et en avance sur la prochaine conférence du développement durable, qui se penchera sur les progrès réalisés depuis le légendaire sommet de Rio de 1992.

Le Programme du parc national de la forêt du Gola a été mis en œuvre grâce au soutien financier de l'Union européenne, du Fonds Français pour l'Environnement Mondial, du Fonds du CEPF, et une participation de la LPO/BirdLife en France.

Pour en savoir plus, consultez le pdf paru dans la revue L'oiseau Mag.

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