Le 28 juin dernier, les services de la LPO de Charente-Maritime (17) constataient la destruction d'un nid de busard cendré sur la commune de Saint-Xandre. Le nid a, sans aucun doute, volontairement été détruit.
"A l'approche du nid", raconte Julien Gonin, chargé d'étude à la LPO, "j'ai constaté la présence d'un sillon rectiligne allant d'une allée de traitement jusqu'au nid, causé vraisemblablement par les pas d'un humain. Les jeunes busards morts présentaient des traces d'écrasement et en aucun cas n'avaient été consommés." Ce qui met hors de cause un quelconque prédateur.
C'est un acte délibéré de destruction d'une nichée de Busard cendré par l'homme.
La LPO a porté plainte auprès de la gendarmerie et ne compte pas en rester là.
Le cas de destruction de nids n'est malheureusement pas isolé et se reproduit chaque année alors que cette espèce connait de grandes difficultés à mener sa reproduction avec succès du fait qu'elle niche dans des cultures ou prairies récoltées précocement par rapport à l'envol des jeunes...
Suite aux destructions directes enregistrées ces dernières années, notamment dans le Jura et le Rhône, une enquête a été lancée en 2009 auprès du réseau busards pour recenser les cas de destructions volontaires
La grande majorité des destructions volontaires révélées par cette enquête sont les destructions de nichées. Pour le busard cendré, elles concernent 38 nids avérés ou suspectés (soit 110 juvéniles), dont 28 avérés (soit 92 juvéniles). En moyenne, ces actes représentent donc un minimum certain de 5/6 nids par an. Cette cause de mortalité ne représente pas un enjeu de conservation (en 2008 : un minimum de 242 nids de busards cendré est détruit accidentellement par les travaux agricoles) mais n'en reste pas moins inacceptable. Dans certains secteurs, ces destructions volontaires peuvent mettre à mal les efforts engagés par les protecteurs. Ainsi, dans le Jura, il est envisagé des mesures fortes pour lutter contre ces exactions (campagnes ciblées de sensibilisation, surveillance vidéo des nids).
Pour le busard Saint-Martin, les destructions avérées ou suspectées concernent 27 nids (soit 83 juvéniles), les destructions avérées représentent 19 nids (soit 68 juvéniles). En moyenne ce sont donc 4 nids dont la destruction volontaire est connue et certaine tous les ans. Là aussi, ces actes ne constituent pas une menace pour la conservation de l'espèce : en 2008, 75 nids connus sont détruits accidentellement par les travaux agricoles.
Néanmoins, l'impact des destructions volontaires est probablement largement sous-estimé par cette enquête. En effet, seuls 5 cas autres que les destructions de nichées sont recensés dont un oiseau tiré et quatre piégés. Le Saint-Martin, régulièrement mis en cause dans la raréfaction du gibier de plaine et présent en période hivernale, doit-il faire les frais des abus des chasseurs et piégeurs ?