La campagne silencieuse et le savant, l'oiseau et l'agriculture. Deux conférences aux Rendez-vous de l'histoire de Blois. Le vendredi 19 et samedi 20 octobre à Blois.
La campagne silencieuse. La protection des oiseaux de 1820 à nos jours.
Depuis le début du xixe siècle, on s'alarme des conséquences de la raréfaction et de la disparition des oiseaux : que seraient la campagne et les bois sans le chant des oiseaux ? pourrait- on encore seulement cultiver la terre ? l'humanité ne risquerait-elle pas de disparaître à son tour ?
On cherche des coupables et le monde paysan est souvent montré du doigt : on souhaite interdire l'emploi des pièges utilisés dans les chasses traditionnelles et on veut envoyer les enfants des campagnes à l'école pour y apprendre le respect
des animaux comme de la loi.
Ce mouvement d'inquiétude autour des oiseaux révèle une transformation bien plus globale des campagnes, résultant de l'évolution des techniques agricoles, mais aussi de l'industrialisation et de l'urbanisation.
Très populaires, les sociétés de protection rassemblent des centaines de milliers de partisans à travers le monde dès la fin du xixe siècle. Les questions soulevées par l'histoire de la protection des oiseaux – place de la chasse ou usage des pesticides comme le DDT – sont intimement liées au monde rural, mais plus encore, elles nous renseignent sur notre relation à la nature, sur la place de la morale ou sur le rôle de la régulation sociale.
Valérie Chansigaud. Historienne de l'environnement, chercheuse associée à SPHERE, UMR 7219 CNRS-Paris 7
Vendredi 19 octobre De 15 h 30 à 16 h 30 Carte blanche éditeur Salle 004, Université Place Jean Jaurès à Blois.
Le savant, l'oiseau et l'agriculture. La Société d'acclimatation et la protection des oiseaux (1854-1945)
Née le 10 février 1854, la Société d'acclimatation vise à enrichir les productions agricoles et industrielles françaises en acclimatant des animaux, dont des oiseaux. De protection, il n'est pas question à l'origine. Or, en 1912, cette même société savante fonde la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO), première association française dédiée à la sauvegarde de l'avifaune.
Pour quelles raisons ces savants se tournent-ils alors vers la protection ? Est-ce la seule crainte de laisser les cultures à la merci de la voracité des insectes qui les anime ou une nouvelle sensibilité à la nature se développe-t-elle au tout début du xxe siècle ?
Quel cheminement a pu conduire les chasseurs-ornithologues du xixe siècle à remiser leur fusil et leurs collections de dépouilles pour créer les premières réserves ornithologiques publiques et privées ? Comment les ornithologues en sont-ils venus à lutter contre la plumasserie et l'aveuglement des oiseaux chanteurs ?
En définitive, dans quelle mesure l'intérêt des savants s'est-il déplacé de la basse-cour vers la protection de tous les oiseaux sauvages et de leurs milieux de vie ?
Indéniablement, la mutation du regard des savants sur l'oiseau renseigne sur une certaine évolution des mentalités et des rapports homme-nature qui a cours du milieu du xixe siècle au milieu du xxe siècle.
Rémi Luglia (SSLLC Blois) Agrégé et docteur en histoire, Sciences Po Paris.
Samedi 20 octobre De 17 h 30 à 19 h 30 Les sociétés savantes vous parlent Société des sciences et des lettres de Loir-et-Cher • Salle Lavoisier, Conseil général • Place de la République à Blois.