Ils reçoivent le monde entier à la table de leurs prestigieux établissements et sont aujourd'hui au cœur d'un scandale qui fait la Une des quotidiens en Angleterre, le Daily Mirror en tête. À l'origine du blâme, le foie gras, met particulièrement prisé lors des fêtes de fin d'année. Une enquête menée par l'Association L214 révèle les conditions déplorables dans lesquelles sont traités les oies et canards durant le procédé de gavage. Aux premières loges, la société Ernest Soulard, fournisseur du Georges V, Fouquet's, le Royal Monceau, le Meurice, l'Atelier Robuchon et le Jules Verne.
Si le foie gras reste une tradition sociale activement soutenue par des campagnes publicitaires, la reconnaissance de la souffrance des animaux est clairement à l'origine de ce désaveu. Chaque année, en France, 38 million de canards sont gavés pour réaliser du foie gras. Ce que l'on sait moins, c'est qu'environ un million d'oiseaux meurent dans des conditions déplorables durant le procédé de gavage.
En témoigne la vidéo d'enquête, tournée en août 2013 dans 5 fermes de la région vendéenne détenues par la société Ernest Soulard et révélée la semaine dernière par l'association L214. Parmi leurs semblables, déjà morts ou agonisants, les canards sont entassés dans des cages individuelles métalliques minuscules, recouverts de plaies, souffrants d'ailes cassées ou d'abcès aux yeux. Gavés à la chaîne, les animaux peinent à respirer, certains souffrant d'infections ou de blessures graves. En cas d'inflammation intestinale trop importante, il faut savoir que les gaveurs ont pour directive d'administrer des antibiotiques aux oiseaux, ce qui est pourtant interdit dans la profession.
Les chefs des cuisines des plus grands palaces comme le Georges V, le Fouquet's, le Royal Monceau, le Meurice, l'Atelier Robuchon et le Jules Verne sont aujourd'hui sommés par l'association d'arrêter l'achat et la cuisine de foie gras. Le cuisinier de renom Gordon Ramsay en Grande-Bretagne a lui, annoncé qu'il stoppait tous les achats de la compagnie française Ernest Soulard qui fournit son foie gras. Joël Robuchon lui a emboîté le pas et annonce renoncer au foie gras de cette enseigne, tant qu'il ne sera pas démontré que les animaux ne sont pas maltraités.
Si en France les scientifiques de l'INRA, dont les études sont co-financées par la filière foie gras, affirment que le gavage n'est pas source de souffrance pour les animaux, ce n'est pas le cas d'experts indépendants, qui comme le Dr Yvan Beck, docteur en Médecine Vétérinaire à l'Université de Liège en Belgique, déplorent une souffrance sévère chez les oiseaux : « Un grand nombre d'oiseaux sont en détresse respiratoire profonde. On voit sur de nombreuses images des lésions (plaies) tant des pattes que du corps causées par les structures métalliques des cages et les caillebotis, ainsi que de nombreux canards complètement abattus, voire inertes et reposant sur le sol. Que ce soit pour des raisons de respect de l'animal ou tout simplement d'éthique, le gavage des palmipèdes devrait être interdit à notre époque et le secteur de production devrait se tourner vers des méthodes de production alternatives et sans gavage. »
Le gavage étant déjà interdit dans 12 pays de l'Union Européenne, ainsi que dans plusieurs autre pays du monde, comme l'Argentine ou Israël, la contestation internationale en faveur de la cause s'exprimera le 21 novembre, à l'occasion de la première Journée mondiale contre le foie gras durant laquelle des ambassades de France seront notamment la cible d'actions de rue dans plusieurs pays.
La LPO, forte de plus de 100 ans de défense de la protection animale et du respect des espèces, soutient l'implication des grands chefs pour leur exigence de traçabilité, d'éthique et de qualité des produits à leur table.
Pour en savoir plus
- Le site du Daily Mirror
- Le site de l'association L 214
- Stop gavage
- La vidéo du gavage des oies (YouTube)
Contact
Carine Brémond
carine.bremond@lpo.fr
Attachée de presse LPO
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