Après une vie entière consacrée aux oiseaux et à la Cigogne blanche en particulier, l'ornithologue Alfred Schierer nous a quitté le 15 janvier 2014. Yves Muller, président de la LPO Alsace, lui rend hommage.
C'est en 1947, à l'âge de 20 ans, qu'Alfred Schierer lance une première enquête sur la nidification de la Cigogne dans toutes les communes d'Alsace et qu'il recense l'ensemble de la population l'année suivante (173 couples). Il poursuit année après année le dénombrement de l'espèce sur l'ensemble de l'Alsace et publie régulièrement les résultats de ses recherches. Très vite, la population régresse : plus que 98 couples en 1954 et après une timide remontée en 1960, la Cigogne blanche atteint un minimum de 9 couples en 1974. Alfred Schierer s'émeut dès les années 1960 de cette régression et il tente plusieurs expériences d'implantations de cigognes pour redresser la situation. Il met finalement au point, en collaboration avec l'ornithologue suisse Max Bloesch, la technique dite « des enclos » et, grâce à cette initiative, l'espèce sera sauvée d'Alsace ! Les effectifs augmentent à nouveau… D'autres prennent le relai, notamment dans le Haut-Rhin. Actuellement plusieurs centaines de couples nichent à nouveau en Alsace.
En parallèle avec ce suivi des cigognes, Alfred Schierer s'est lancé très tôt dans le baguage des oiseaux : il crée en 1960 le CRBO - Centre Régional de Baguage d'Oiseaux. Il va encourager cette pratique et organiser de nombreux camps de baguage. Il met ainsi le pied à l'étrier d'un grand nombre de jeunes bagueurs. Bien de vocations d'ornithologues ont débuté par la participation à des camps de baguage…
Alfred Schierer était un homme de communication : il a fait un grand nombre de conférences sur la Cigogne blanche et participé à d'innombrables colloques et congrès. Il a publié près de 200 articles scientifiques sur les oiseaux et quelques ouvrages. En 1971, il soutient une thèse de doctorat qui porte évidemment sur la Cigogne blanche.
Quelques mots sur l'homme : Alfred était un homme très simple, d'une grande gentillesse, d'un humour certain… mais aussi avec un franc-parler et il ne s'en laissait compter par personne. Il a noué de solides amitiés avec de nombreux ornithologues aussi bien français qu'étrangers, particulièrement de langue germanique… Son départ laisse un grand vide : les cigognes ont perdu leur meilleur défenseur et ami qui les a suivies pendant plus de 60 ans !
Yves Muller, président de la LPO Alsace