Après 2 semaines de soins intensifs à la station LPO de l'Île Grande à Pleumeur-Bodou, dans les Côtes d'Armor, quatre guillemots de Troïl ont retrouvé un état et un comportement normaux, leur permettant de retrouver la liberté.
Pendant ce temps, les oiseaux continuent à s'échouer de manière dispersée tout autour de la Bretagne, en cause la tempête récente et le dégazage sauvages. Depuis Noël, 93 oiseaux mazoutés ont déjà été recueillis, soit le double de l'année dernière.
2 semaines de soins
Le 30 janvier, quatre guillemots de Troïl soignés à la station LPO de l'Ile Grande ont été relâchés. La première étape a consisté à stabiliser l'état des oiseaux et leur faire reprendre du poids par réhydratation, puis par nourrissage par sonde à base de soupe de poisson. La mortalité est importante à ce stade, tant les oiseaux arrivent en état de dénutrition avancée. La seconde étape a été le nettoyage à l'aide d'un détergent doux. Puis la troisième à consisté à les préparer à leur retour à la nature, dans un bassin, dans lequel ils ont pu se baigner afin d'entretenir leur plumage. Durant cette phase, ils ont été surveillés pour voir si leur comportement redevenait normal et si leur plumage retrouvait parfaitement son étanchéité.
Plus qu'à l'habitude
Il y a longtemps que les soigneurs de la LPO n'avaient eu à faire à un tel arrivage d'oiseaux mazoutés. Pingouins torda, macareux moines, fous de Bassan et surtout guillemots de Troïl s'échouent sur les rivages de Bretagne, le plumage souillé, avant d'être acheminés par le réseau de bénévoles de la LPO et par France Express. La moyenne annuelle du nombre d'oiseaux mazoutés recueillis était de 38 depuis l'année 2008. En moins d'un mois, c'est donc le double qui a déjà été recueilli et nous ne sommes qu'au début de l'hiver. Si le mauvais temps persiste, il est donc à craindre que cet effectif continue d'augmenter.
Où est la pollution ?
Les autorités qui surveillent le trafic maritime n'ont pas repéré de pollution en mer. Les oiseaux s'échouant de manière dispersée tout autour de la Bretagne, il semble évident qu'il ne s'agit pas d'un grand dégazage, mais plutôt d'une multitude de petits rejets qui se dispersentet s'effacent rapidement grâce au mauvais temps qui sévit depuis la fin décembre. Certains commandants de navires profitent donc de cette mer agitée pour larguer des hydrocarbures encombrants. Le lieu d'échouage n'est pas systématiquement indiqué pour chaque oiseau recueilli, mais sur 93 oiseaux recueillis, l'origine de 65 d'entre eux est connue : 48 se situent dans le Finistère (voir carte ci-contre).
Cette recrudescence d'oiseaux mazoutés montre clairement que la pratique des déballastages et des dégazages est loin d'être abandonnée et qu'il est plus que jamais nécessaire de renforcer la surveillance en mer de manière à empêcher les rejets volontaires d'hydrocarbures.
Ces rejets, moins spectaculaires qu'une marée noire,font des ravages dans les populations d'oiseaux, sachant que lesoiseaux retrouvés échoués ne représentent qu'une portion infime des oiseaux mazoutés au large.Que donnent les soins ?
Les oiseaux sont recueillis dans un état de maigreur tel qu'il est difficile de les soigner. Ils arrivent en hypothermie et fortement dénutris. Même lavés, ils ne sont pas sortis d'affaire. Cela vient du fait qu'ils sont restés longtemps en mer avant de s'échouer. Les premiers, recueillis en décembre, ont été relâchés, mais pour les autres, la remise en formeva durer plusieurs semaines.
Contact :
Gilles BENTZ
Tél : 02 96 91 91 40
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