L'importation et l'utilisation de produits phytopharmaceutiques non réglementaires et de produits chimiques non identifiés est un phénomène qui s'amplifie depuis le début des années 2000.
De nombreux principes actifs sont contrefaits. La fraude peut être assimilée au crime organisé, selon la Brigade Nationale d'Enquêtes Vétérinaires et Phytosanitaires (BNEVP).
Dans le cadre du plan Écophyto, les pouvoirs publics ont ainsi décidé d'intensifier la lutte contre les importations illégales et frauduleuses, et les contrefaçons de produits phytopharmaceutiques.
Le ministère chargé de l'Agriculture a lancé à cet effet une campagne de sensibilisation des acteurs du monde agricole sur les dangers liés à l'achat et à l'utilisation des pesticides illégaux en France.
Un espace Internet dédié infos-phytos est mis en place en soutien à cette campagne afin d'alerter, informer et aider les utilisateurs professionnels et les distributeurs à acquérir les bons réflexes pour se prémunir des risques liés à l'achat et l'usage de pesticides interdits ou contrefaits.
Précision : un plan d'actions de lutte contre le commerce illégal de produits phytosanitaires et l'importation de produits chimiques non identifiés (PCNI) avait été mis en place en septembre 2013.
Pour rappel, en plus des risques sur la santé et l'environnement, l'achat et l'utilisation de produits non autorisés exposent les professionnels à des sanctions pouvant aller jusqu'à 6 mois d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende.
La LPO se réjouit de la décision d’interpeller, dans le cadre du Plan Écophyto, le monde agricole sur l’usage de pesticides interdits en France…
Cependant, la LPO tient à rappeler que tous les pesticides (insecticides, fongicides, herbicides…) exercent des effets négatifs imprévus sur de nombreuses espèces non-cibles. Les pesticides systémiques en constituent des cas malheureusement exemplaires puisqu’ils exercent leurs actions toxiques tant sur les pollinisateurs que les invertébrés dépendants des milieux aquatiques, voire tous les invertébrés.
La LPO rappelle également que, même lorsqu’ils n’ont pas d’actions toxiques sur espèces non cibles, les herbicides, en éradiquant les plantes adventices et messicoles font disparaître des graines indispensables à certaines espèces de passereaux (Linotte mélodieuse, Verdier, Chardonneret élégant…) ; tout comme les insecticides, les herbicides font également disparaître de très nombreuses espèces d’invertébrés qui en sont dépendants. Dans les trois cas, les oiseaux pâtissent grandement de cette perte considérable de ressource alimentaire. Il n’est donc pas étonnant de constater que 75% des espèces fréquentant les milieux agricoles, en comparaison de 1989, soient en 2011 en régression.
S’il est donc satisfaisant de voir l’État s’inquiéter de ce refus caractérisé du respect des Lois, cette décision est loin d’être suffisante pour parvenir à la réduction de l’usage des pesticides de 50% en regard de la consommation de 2007, date de création du Plan Écophyto 2018, par le Grenelle de l’Environnement 2007.
La LPO invite en conséquence l'État, par-delà l’application stricte des lois, à respecter la parole donnée en 2007.
Plus d'informations
Consultez le communiqué de presse du Ministère chargé de l'agriculture