Une attitude inacceptable du représentant de l'Etat

Le préfet de Haute-Savoie a déclaré le 29 septembre qu'il allait « déposer auprès du CNPN un dossier en deux volets : un volet abattage total et un volet réintroduction du bouquetin sur le massif du Bargy, sur une base assainie ».

Bouquetin (Capra ibex) - Crédit photo : Félix BazinetBouquetin (Capra ibex) - Crédit photo : Félix Bazinet

Dans son interview sur France Bleu lundi dernier, il a indiqué que « l'avis du CNPN est consultatif », ce qui est vrai, et qu'il lirait ses recommandations puis prendrait ses responsabilités, si cet avis était négatif. Il a ensuite précisé « si les recommandations sont négatives, cela veut dire viser une réintroduction du bouquetin après un vide sanitaire et préalablement un abattage total ».

Nous contestons avec la plus grande fermeté tout à la fois cette chronique d'une mort annoncée, de la part d'un représentant de l'Etat, et le fait qu'il explique avant examen qu'il ne tiendra pas compte de l'avis du CNPN s'il ne va pas dans son sens, masquant aussi qu'il ne tient pas compte non plus dans ses décisions des avis de l'ANSES, du Groupe National Bouquetin, du Conseil Scientifique de l'ONCFS ainsi que du Syndicat majoritaire des professionnels de l'environnement.

Pareille annonce ainsi formulée nous semble très inquiétante car en réduisant la consultation des instances au simple respect d'une obligation légale, on vide les démarches de concertation de leur contenu.

Et que penser de la volte-face du préfet qui le 3 septembre dernier dans sa nouvelle demande de dérogation de destruction d'espèces protégées adressée à la Ministre envisageait encore la préservation des animaux sains de moins de 5 ans, et qui le 29 déclare qu'il n'y a pas d'autre solution que de tous les abattre ? Faut-il y voir la volonté du représentant de l'Etat de donner une traduction concrète à l'avis très politique formulé par la ministre de l'Ecologie à Saint-Gervais ?

La solution du préfet n'est pas la bonne

Les experts épidémiologistes affirment que l'application des méthodes de l'élevage domestique à la faune sauvage est une erreur et ne fonctionnera pas.

Nous prenons très au sérieux la brucellose et nous partageons nous aussi l'objectif que l'on en vienne à bout. Mais pas au prix d'une éradication des animaux sains du Bargy.

Nos propositions peuvent être entendues, à notre avis, par toutes les parties prenantes soucieuses de préserver un équilibre naturel dans nos montagnes, à savoir :

  • Préserver les bouquetins sains, en les identifiant grâce au test de dépistage in situ dont la fiabilité a été démontrée à 100%
  • Tester sur les animaux préservés le vaccin employé actuellement sur le cheptel domestique et vérifier qu'il peut être efficace dans le cas des bouquetins.

Gardons en vie les animaux sains, enrayons la brucellose, et préservons une montagne où cohabitent le pastoralisme et les bouquetins.

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