En écho à la Commission européenne qui vient de présenter l’évaluation à mi-parcours de sa stratégie biodiversité, BirdLife Europe publie des indicateurs alarmants issus des données récoltées par chaque partenaire des 28 pays de l'Union européenne, dont la LPO pour la France.

Outarde canepetière (Tetrax tetrax) - Crédit photo : Nidal IssaOutarde canepetière (Tetrax tetrax) - Crédit photo : Nidal Issa

Dans un rapport présentant l’évaluation des progrès réalisés durant les cinq premières années d’application de la stratégie pour la biodiversité de l'UE à l'horizon 2020, BirdLife Europe constate à regret que, malgré d’importants progrès dans quelques domaines, l'UE ne parvient toujours pas à inverser le déclin de la biodiversité : de nombreuses plantes et animaux sont menacés d'extinction en Europe, particulièrement les oiseaux.

La LPO y a contribué par l'exploitation des milliers de données qu'elle collecte avec ses équipes salariées et bénévoles ainsi que ses partenaires associatifs, avec lesquels elle inventorie et suit les populations d'oiseaux.

Le rapport estime que des progrès substantiels ont été accomplis dans la mise en œuvre de la législation sur la nature de l'UE, ainsi que dans le domaine de la pêche et de la lutte contre les espèces exotiques envahissantes. En revanche, peu de choses ont été appliquées s’agissant de la restauration des écosystèmes et de la perte de la biodiversité à l'échelle du continent. L’appel à réduire l'impact de l'agriculture intensive, menace majeure des écosystèmes, reste, quant à elle, lettre morte.

Le rapport constate l’échec de l'UE face à ce que l'on peut qualifier de véritable « crise écologique » qui touche particulièrement les terres agricoles européennes. Les populations d'oiseaux présentes dans ces paysages ont été réduites de plus de moitié en Europe depuis 1980. La France, premier pays agricole de l'UE, est largement concernée et la dégradation des milieux provoquée par l'agriculture intensive, gourmande en eau, fertilisants et pesticides, se poursuit. Les prairies naturelles et le bocage s'y dégradent à un rythme alarmant. On constate par exemple que les terres cultivées représentent 36% de la surface du territoire métropolitain (habitat majoritaire) mais accueillent seulement 13% des espèces de l’avifaune nicheuse française considérée comme spécialiste « exclusive » ou « quasi-exclusive » de ces milieux. Les espèces exclusivement agricoles représentent en cumulé environ 22 millions d’oiseaux sur le 230 millions d’oiseaux que compte la France, soit à peine 10%. Cette dégradation est observée dans plusieurs États membres de l'UE, dont l'Allemagne, la Bulgarie et la Slovénie.

La mise en œuvre des directives Oiseaux et Habitats est au cœur de la stratégie de l'UE sur la biodiversité. Lorsque ces directives sont correctement appliquées, elles livrent des résultats spectaculaires. Actuellement, la politique commune de protection de la nature souffre à la fois d'un manque de financement et d’une application jugée de laxiste, laissant les milieux naturels en proies au développement des infrastructures, la pollution et l'agriculture intensive.

Faut-il lui rappeler que la valeur de ces directives à travers notamment le maintien des services écosystémiques protégés dans le cadre du réseau Natura 2000, a été estimée entre 200 à 300 milliards d’euros !

À travers le souhait de la Commission européenne d’ouvrir et mettre à jour les Directives Nature, c’est le travail d’une trentaine d’années de protection d’espèces et de milieux qui est mis sur la sellette. Nous sommes tous concernés !

Si vous voulez protéger la nature en Europe, rendez-vous immédiatement sur https://www.lpo.fr/mobiliser/la-nature-en-alerte

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