Le Conseil d’État a rejeté une demande de dérogation pour la chasse à la Tourterelle des bois.

Tourterelle bois - Crédit photo : claude Guihard / LPOTourterelle bois - Crédit photo : claude Guihard / LPO

Au Royaume-Uni, on se réjouit d’avoir enfin découvert le trajet migratoire de la tourterelle des bois grâce à une petite balise satellite posée en août 2014 sur un individu baptisé « Tristan ».

Côté français, non seulement les chasseurs de l’Union Girondine de Défense des chasses traditionnelles (UGDCT) et de l’Union Nationale des associations de Chasseurs d’Oiseaux migrateurs (UNACOM) avaient demandé à la ministre de l’Écologie une dérogation afin de pouvoir la chasser en mai dans le département de la Gironde, mais ils en avaient référé au Conseil d’État pour obtenir satisfaction.

Heureusement, les juges du Conseil d’État ont rejeté cette demande jugée infondée.

Une espèce « Vulnérable » et sur liste rouge en déclin

Heureusement car l’espèce a décliné en Europe de -77% depuis 1980 selon la récente Liste rouge Européenne et la situation française, bien loin des -92% de déclin observé au Royaume-Uni depuis 1980, n’est pas non plus vraiment satisfaisante : -20 à -30% de déclin depuis 1980 et de -11 à -20% depuis 1996.

Sur le constat de ce déclin rapide et sévère, l’espèce a été classée vulnérable à l’échelle Européenne. Les prélèvements cynégétiques sont directement cités comme la deuxième menace après les changements de pratiques agricoles pour l’espèce.

La France : un passage obligé pour ce migrateur

Comme il peut être constaté sur la carte du 1er périple aller-retour de Tristan, la tourterelle des bois du Suffolk hiverne au Mali ou Sénégal, passant par la France, l’Espagne, l’Atlas et le désert du Sahara et voyageant par tranches de 500 à 700 km à une vitesse maximale de 60 km/h. Outre ses zones d’hivernage, nous connaissons à présent sa trajectoire, les lieux et la durée des haltes migratoires et nous savons donc que les tourterelles britanniques passent environ deux semaine en France, principalement dans le sud-Ouest, à l’automne comme en mai avant de retourner en Angleterre pour s’y reproduire...

Le Sud-ouest et la région Aquitaine ont donc une responsabilité particulière dans la « gestion et l’état de conservation de l’espèce » et un rôle à jouer pour contribuer à inverser la tendance au déclin.

Une justice qui sauve la tourterelle des griffes des chasseurs de Gironde

Par un arrêt en date du 9 avril 2015, les juges du Conseil d’Etat ont rejeté la demande des chasseurs de tirer les tourterelles au mois de mai, rappelant en premier lieu que les oiseaux migrateurs ne peuvent être chassés pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification. Et que s’il existe des possibilités exceptionnelles et contrôlées de dérogation à l’ouverture spécifique fixée au dernier samedi d’aout (arrêté ministériel du 24 mars 2006), il ressort : « que plus de 34 000 tourterelles des bois sont prélevées chaque année en Aquitaine, que l'espèce est dans un état de conservation défavorable au sein de l'Union européenne et que la chasse est l'un des principaux facteurs de déclin de l'espèce, en particulier la chasse printanière ; que, dans ces conditions, en refusant d'accorder, pour la tourterelle des bois durant le mois de mai, la dérogation (…) à l'interdiction de chasser les oiseaux migrateurs pendant leur trajet de retour vers leur lieu de nidification, le ministre n'a pas commis d'erreur manifeste d'appréciation ni méconnu, (…) la directive 2009/147/CE du 30 novembre 2009 concernant la conservation des oiseaux sauvages ».

La LPO et son Président qui se sont particulièrement battus pendant des décennies pour supprimer le braconnage des tourterelles des bois en mai en Gironde se félicitent de ce résultat et en appellent à la fin des lobbies cynégétiques à l’encontre d’espèces dont le déclin est constaté.

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