BirdLife International vient d’actualiser la dernière liste rouge des oiseaux mondialement menacés.

Le Vanneau huppé (Vanellus vanellus) vient de passer d’un statut mondial de préoccupation mineure à quasi menacé. En Europe, la population de Vanneau a diminué de 30-49% en 27 ans. Il souffre de l’intensification et des changements de pratiques agricoles qui réduisent fortement la productivité de l’espèce en reproduction. Crédit photo : Nidal IssaLe Vanneau huppé (Vanellus vanellus) vient de passer d’un statut mondial de préoccupation mineure à quasi menacé. En Europe, la population de Vanneau a diminué de 30-49% en 27 ans. Il souffre de l’intensification et des changements de pratiques agricoles qui réduisent fortement la productivité de l’espèce en reproduction. Crédit photo : Nidal Issa

Selon cette mise à jour, 40 espèces d’oiseaux ont vu leur statut de conservation se dégrader en 2015. Parmi celles-ci, 24 rejoignent aujourd’hui les catégories d’espèces les plus menacées à travers le monde, à plus haut risque d’extinction (Vulnérable, en danger ou en danger critique d’extinction). Les limicoles et les vautours (africains) sont particulièrement concernés par ces dégradations de statuts.

Triste constat pour les vautours…

Six des 11 espèces de vautours africains mondialement menacés d’extinction voient en 2015 leur statut se dégrader ! En cause majoritairement : l'empoisonnement indirect, la médecine traditionnelle et le braconnage. Les vautours souffrent d'une mauvaise réputation : ils sont souvent assimilés à tort à des prédateurs alors que ces nécrophages assurent un rôle écologique très important. En nettoyant les cadavres, ils évitent la transmission de pathogènes et jouent un rôle d'équarrisseurs naturels et gratuits. Il devient donc primordial que les législateurs, les associations de protection et les populations locales travaillent conjointement au maintien de ces espèces.

La France accueille pour sa part 4 espèces de vautours dont 3 sont mondialement menacées et listées en danger d’extinction (Gypaète barbu, Vautour percnoptère) ou quasi menacées (Vautour moine). Ces vautours ont bien failli disparaître de métropole et les actions de conservation menées pour améliorer la qualité de leur habitat (placettes d’alimentation ou réduction des dérangements) et réduire la mortalité non-naturelle des individus (électrocution, empoissonnement,…) portent leurs fruits. Ces populations se rétablissent lentement en France, mais certaines menaces persistent.

Actuellement, l’usage de certains produits vétérinaires constitue une réelle menace pour les vautours. Alors qu’il est responsable d’une véritable hécatombe chez les vautours en Asie, le diclofénac a été autorisé en Italie et en Espagne. Signez la pétition pour interdire son usage et éviter d’autres autorisations !

…mais aussi pour les limicoles

Concernant les limicoles, le bilan n’est pas plus réjouissant. Bon nombre de nos limicoles de plaines - Barge à queue noire, Courlis cendré, rejoins par le Vanneau huppé en 2015 - sont selon la dernière évaluation, classés « quasi menacée » au niveau mondial. Les limicoles côtiers ne sont pas en reste : l’Huîtrier pie, la Barge rousse, le Bécasseau cocorli et le Bécasseau maubèche passent au niveau mondial de la catégorie « préoccupation mineure » à « quasi menacée ».

La dégradation de la qualité des habitats en lien avec l’intensification et les modifications des pratiques agricoles est clairement identifiée comme la première cause du déclin des limicoles nicheurs de plaine en Europe. Toutefois, certains efforts de conservation sont déjà en cours dans de nombreux pays européens tels que la France pour tenter de sauver ces populations. La LPO participe notamment à la protection des oiseaux en milieux agricole grâce à la collaboration des agriculteurs sur des programmes d’actions : suivi de l’avifaune, date de fauche tardive, etc.

Bilan 2015 : la France accueille 13 espèces d’oiseaux mondialement menacés d’extinction (en danger critique, en danger ou vulnérable) et 22 quasi-menacées…

13 espèces de métropole passent en 2015 du statut de préoccupation mineure à un statut quasi-menacé (limicoles mais également la Grive mauvis ou encore le Pipit farlouse). Plus inquiétant, les espèces suivantes, considérées comme en bon état de conservation, ont vu leur statut se dégrader, au point d'être maintenant classées comme vulnérables dans la liste rouge mondiale : Fuligule milouin, Grèbe esclavon, Macareux moine et Tourterelle des bois. Cela signifie qu'elles pourraient disparaître en quelques décennies si les menaces auxquelles elles sont exposées ne sont pas levées. La liste rouge européenne classait déjà notre pays dans le top des pays de l’UE pour son nombre élevé d’espèces menacées (11 à l’échelle européenne).

Avec cette actualisation mondiale, la France se voit à nouveau confirmer sa responsabilité dans la lutte pour enrayer l’extinction de la biodiversité, en particulier dans un contexte inquiétant où les changements globaux menacent de plus en plus des populations déjà confrontées à la dégradation ou la perte de leurs habitats. Avec son outre-mer, la France se place maintenant en 7e position au niveau mondial des pays qui comptent le plus d'oiseaux menacés, 90 espèces, dont 77 en Outre-mer !

Les outils de conservation, comme les plans nationaux d’actions, et les actions spécifiques déployées notamment par les associations de protection de la nature sont efficaces pour rétablir les populations d’oiseaux les plus menacées. Il est donc essentiel que la France consolide et développe ses politiques et programmes de conservation afin de protéger les espèces et d’arrêter leur déclin. Des efforts tout particuliers doivent être menés dans les espaces agricoles, les sites marins et insulaires. Les moyens alloués à la conservation des habitats naturels y ont été insuffisants au regard de la rapidité des dégradations, elles très largement subventionnées.

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