Nos associations demandent au Premier Ministre de tenir ses engagements concernant le terme fixé au 1er janvier 2016 de l’autorisation accordée à la société Altéo de déverser ses rejets industriels dans la Méditerranée.
Alors que le Brésil connaît une pollution sans précédent aux « boues rouges » suite à la rupture de deux barrages et au moment même où se tient la COP21, sommet mondial sur le climat à Paris, la France est, elle aussi confrontée à une pollution mettant en cause ces même « boues rouges ».
20 millions de mètres cubes déversés en 50 ans
En 1966, le Gouvernement français a autorisé l’usine Altéo de Gardanne à déverser sans aucun traitement des rejets industriels, qualifiés à l’époque d’inertes, en plein cœur du parc national des Calanques de Marseille. C’est ainsi que depuis un demi-siècle, 6 000 mètres cubes de boues rouges contenant des métaux et molécules gravement toxiques (mercure, arsenic, plomb…) sont quotidiennement déversés via une canalisation de plus de 50 km de long dans un canyon sous-marin abritant une biodiversité unique et exceptionnelle. Au total, ce sont plus de 20 millions de mètres cubes de déchets industriels qui ont été déchargés, recouvrant une surface équivalente au département des Yvelines (soit près de 2 300 km2).
En 1976, la convention internationale de Barcelone pour la protection de la mer Méditerranée a été adoptée et amendée le 10 juin 1995. Elle engageait les États signataires à réduire, combattre, éliminer la pollution en Méditerranée, le temps de trouver les solutions idoines.
Contre toute attente et au mépris de l’avis des scientifiques, le Gouvernement français a autorisé l’exploitant, par arrêté préfectoral de 1996, à ne cesser tout rejet de boues qu’au plus tard le 1er janvier 2016. De quoi s’affranchir des obligations de la Convention de Barcelone pendant encore 20 longues années !
Des atteintes à l’environnement irréversibles
Les experts estiment qu’il faudra plus de 50 ans à la faune marine pour « s’en remettre ». Le dépôt chargé d’Aluminium, Arsenic, Cadmium, Cuivre, Mercure, Plomb ou autre Vanamium se retrouve à 2 300 mètres de profondeur et s’étend jusqu’à 65 Km des côtes. L’épaisseur du dépôt polluant est de 50 cm à 25 Km du point de rejet, et 10 cm à 60 Km. Dans sa partie épaisse, le dépôt recouvrirait 2 400 Km2. La canalisation d’une longueur de 40 Km est vieille de 50 ans. Elle chemine en partie par une rivière souterraine : de fait le contrôle de sa porosité est impossible. Il était temps d’en finir avec une dérogation qui n’aurait jamais dû être accordée.
Une nouvelle autorisation de polluer serait perçue comme une véritable provocation. Les associations sauraient rechercher la responsabilité civile et pénale de ceux qui prendraient la responsabilité d’autoriser une poursuite des rejets.
La France ne peut pas à la fois présider la COP21 et fuir ses responsabilités vis-à-vis de la qualité des mers et océans dont on connait le rôle primordial dans la régulation du climat. La France sera jugée à l’aune de ses actes par les français comme par ses voisins méditerranéens.
Suspectant une nouvelle tentative de contourner les obligations les plus élémentaires après cette date échéance, le WWF, la Fondation Nicolas Hulot, Surfrider, la LPO et Humanité & Biodiversité en appellent à la responsabilité de la France pour respecter ses engagements internationaux pour sauver la Méditerranée.