Anne Laure Dugué répond à nos questions concernant le mobilier urbain et les pièges qui peuvent y être associés.

Anne-Laure Dugué - Crédit photo : Delphine Morin / LPOAnne-Laure Dugué - Crédit photo : Delphine Morin / LPO

Quels sont les pièges du mobilier urbain pour la faune et les conséquences qui en découlent ?

« Tout d’abord, les pièges ne sont pas forcément là où on les attend et très souvent insoupçonnés par la plupart d’entre nous. Ils sont principalement de trois types différents :

  • Les cavités verticales à parois lisses (de plus de 5 cm de large) : en rentrant dans la cavité, la faune et majoritairement les oiseaux se retrouvent prise au piège car l’étroitesse ou la surface lisse du piège ne leur permet pas de s’échapper. Par exemple, une mésange peut agoniser quatre jours au fond d’une cavité piège ! Exemple : poteaux des panneaux de signalisation ou des panneaux publicitaires, regards d’égouts,…
  • Les surfaces vitrées : le danger peut venir de deux manières. Soit lorsque un paysage se reflète dans une vitre (l’oiseau pense pouvoir se poser dans un reflet de branche par exemple), soit lorsque la surface est si transparente que l’oiseau ne peut même pas la distinguer. Dans les cas « extrêmes », le choc peut tuer l’oiseau sur le coup, l’étourdir et le laisser à la portée d’autres prédateurs ou encore le blesser gravement. Exemple : Abribus, panneau publicitaire, parking à vélos,…
  • La pollution lumineuse : la lumière intense des lampadaires attire les oiseaux et insectes qui se trouvent désorientés, cherchent en rond leur chemin et finissent par mourir d’épuisement.

Comment neutraliser tous ces pièges ?

Une fois les pièges identifiés (par un recensement participatif par exemple), il n’est pas très compliqué de les supprimer grâce à des aménagements simples.

Pour les cavités, toute solution de rebouchage est bonne à partir du moment où elle est pérenne. Par exemple, combler de terre ou de ciment la cavité, insérer un gros tas de branches (à partir du moment où personne ne pourra l’enlever), fixer un morceau de grillage,…

Pour les surfaces vitrées, l’application de stickers sur la vitre où des impacts ont été constatés (éloignés au maximum de la superficie d’une paume de main) est une bonne solution. Dans le cadre de constructions neuves, pensez à faire installer des surfaces vitrées sérigraphiées. Plus le contraste est élevé, plus le risque de collision sera faible et les bandes verticales sont plus visibles que les bandes horizontales.

Pour lutter contre la pollution lumineuse, le principe est de tout d’abord orienter l’éclairage vers le sol et le limiter voire le supprimer dans certaines zones.

Quels sont les premiers réflexes à avoir lorsque l’on trouve un animal blessé ?

Porter secours à un animal en détresse se fait en trois étapes :

  • J’observe : L’animal est-il réellement en détresse (est-il juste étourdi, peut-il repartir de lui-même, présente-t-il une blessure apparente, est-il en danger,…).
  • J’agis : Si l’animal est en danger, il faut alors procéder à une capture, tout en prenant soin de ne pas se mettre en danger (l’animal reste tout de même sauvage, le sauvetage peut-être périlleux notamment si l’on doit monter en hauteur ou rester au bord d’une route par exemple).
  • J’alerte : Une fois l’animal secouru, il est recommandé de l’installer au calme dans un carton avec du journal dans le fond et quelques trous pour sa respiration. Il faut ensuite prévenir le Centre de sauvegarde le plus proche ou contacter la LPO pour en obtenir les coordonnées.

Mais avant même de penser à l’animal blessé, il est préférable et important d’avoir une vision encore plus en amont du problème en faisant de la prévention. Le principe de précaution « Mieux vaut prévenir que guérir » est également valable pour la faune sauvage. La prévention et la vigilance de tous limiterait ainsi de manière considérable le risque d’accidents fatals pour la faune sauvage. »