Grâce à ses cybertraqueurs bénévoles, la LPO, en collaboration avec l'ONCFS, a démantelé un trafic d’ampleur international sur Internet.

Babouin anubis du Bénin (Papio anubis) - Crédit photo : Philippe de GrissacBabouin anubis du Bénin (Papio anubis) - Crédit photo : Philippe de Grissac

Tout a débuté avec une alerte d’un veilleur bénévole LPO qui a découvert en juillet 2013 une annonce illégale sur le site Ebay de mise en vente d’une avocette élégante, oiseau protégé, naturalisée sur socle sous l’intitulé « joli taxidermie d’une avocette chasse trophée ».

Quelques jours après, il s’avérait que ce meusien de 44 ans mettait en vente également des crânes et griffes de lynx roux d’Amérique, des crânes de castor canadiens et d’autres animaux ou leurs produits soumis à la réglementation CITES.

Les différentes investigations de l'Office national de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS) et de la Gendarmerie nationale, en relation avec le Ministère de l’Environnement (autorités CITES française) et Interpol révélèrent que ce e-vendeur avait des liens et correspondants au Royaume-Uni, en Norvège, avec le Cameroun, la Belgique, la Suisse, les Etats-Unis, la Thaïlande, l’Italie …

Ouvrier –Pisciculteur, il s’était déclaré auto-entrepreneur pour le commerce sur Internet de taxidermie et trophées. Il se fournissait en Afrique du Sud pour les singes, en Tanzanie pour les oiseaux, au Cameroun pour d’autres singes et des calaos, en Asie pour les pythons et macaques et en Uruguay pour les Albatros… mais toujours sans aucun permis CITES !

Pas moins de 871 commentaires d’acheteurs laissant supposer au moins autant de transactions de crânes, ossements, squelettes, peaux de babiroussa, léopard, mandrill, crocodiles, babouins, hippopotames …Chats sauvages indiens, loutres, vautours…, lamas, oryx, lynx, toucans, suricates, caracal, … furent répertoriées.

S’agissant de la faune européenne, on trouva Chouette effraie, Mouettes rieuse et tridactyle, Héron cendré, Ibis falcinelle, Spatule blanche, Grand cormoran, Grande aigrette…

Malgré la gravité et l’ampleur des infractions, le tribunal correctionnel de Bar Le Duc prononça le 8 juillet 2014, une amende de 1 500€ dont 750€ avec sursis et débouta la LPO de ses demandes en réparation, jugeant qu’elle n’avait pas assez justifié de son préjudice.

La LPO insatisfaite interjeta appel avec l’aide de Maître Anne RIOU du barreau de Nancy pour assurer sa défense et le 22 avril 2016, la Cour d’Appel de Nancy a réformé le jugement sur les intérêts civils et alloué à la LPO 6 500€ de dommages et intérêts.

Cette affaire illustre une fois de plus l’ampleur du trafic de faune qui sévit même en France qu’il s’agisse d’oiseaux indigènes comme les chardonnerets ou d’animaux exotiques comme ici, de plus en plus via internet.

La collaboration instaurée depuis 2008 entre la LPO et l’ONCFS sur la veille internet est donc fortement utile et le soutien de bénévoles lanceurs d’alertes plus que jamais à encourager.

Ici, dans cette affaire, la LPO n’aurait jamais pensé que la mise en vente d’une « simple » avocette naturalisée sur Ebay ait pu conduire à cette découverte d’un trafic « international » …

Vous aussi rejoignez le réseau des cybertraqueurs de la LPO pour mettre à jour et faire sanctionner ces pratiques révoltantes.