Le retour du printemps sonne également l’arrivée des hirondelles, qui se préparent à nidifier dans les prochaines semaines. Mais avant cela, les nids doivent être prêts, et ce n’est pas une mince affaire !

Hirondelle rustique (Hirundo rustica) - Crédit photo : Fabrice CahezHirondelle rustique (Hirundo rustica) - Crédit photo : Fabrice Cahez

Parmi les cinq espèces d’hirondelles présentes en France, nous évoquerons ici les plus communes, à savoir l’hirondelle rustique Hirundo rustica et l’hirondelle de fenêtre Delichon urbica.

Ces deux espèces reviennent de leur migration africaine au début du printemps, lorsque la température dépasse 10°. Les hirondelles vont d’abord s’alimenter pendant plusieurs jours, autour d’un plan d’eau douce par exemple, avant de regagner les sites de nidification. Malheureusement, les hirondelles se trouvent confrontées à de nombreuses menaces, mettant en péril la survie de l’espèce en France : -20% depuis 10 ans pour l’hirondelle de fenêtre et jusqu’à 38% pour l’hirondelle rustique (Données du programme STOC 2015).

Des menaces multiples…

Hormis quelques attaques de chats, de chouettes et de faucons, les hirondelles n’ont pas vraiment de prédateurs. L’Homme est donc l’unique responsable de leur déclin :

  • Les pesticides directs : leur impact nocif sur l’environnement n’est plus à prouver. Leur utilisation détruit notamment toute présence d’insectes volants (appelés plancton aérien), et qui constituent la quasi-totalité du régime alimentaire des hirondelles (pucerons, diptères, hyménoptères,…).
  • Les pesticides indirects : lorsque les hirondelles ingèrent des insectes contaminés, elles stockent dans leurs graisses tous les polluants (produits chimiques, métaux lourds,…), qui agissent comme de véritables bombes à retardement lors de la migration (période pendant laquelle les graisses sont majoritairement utilisées).
  • La suppression des haies : le remembrement des parcelles agricoles entraîne l’arrachage de nombreuses haies, véritables réservoirs d’insectes, privant ainsi les oiseaux dans leur ensemble de ressource alimentaire (et par ailleurs de sites de nidification et de zones refuges pour la faune en général).
  • La raréfaction des sites de nidification : les surfaces des constructions modernes souvent à base d’acier, de verre et de béton, sont trop lisses et ne permettent pas aux hirondelles d’y installer leur nid de boue. De plus, de nombreuses ouvertures dans les anciennes granges, greniers et autres hangars sont condamnées et privent d’accès les oiseaux. L’absence de points d’eau (telles que les mares autrefois présentes dans chaque ferme) est également un frein à la construction des nids.
  • La destruction volontaire : une des très fortes menaces concerne la destruction volontaire des nids par les particuliers suite aux salissures sur les façades. Les dégâts sont d’autant plus importants que les hirondelles réutilisent le nid de l’année précédente pour leur nichée. Il est important de rappeler que les hirondelles sont intégralement protégées par la loi (article L411-1 du code de l’environnement) et leur atteinte est également punie (article L415-3) par une amende pouvant aller jusqu’à 15 000€ et/ou un an de prison.

Enfin, la concurrence avec les moineaux, bien que plus naturelle, représente également une menace. Ces derniers prennent place dans le nid en expulsant les oisillons.

…Mais un grand nombre de solutions !

Que l’on soit élu ou professionnel, chacun peut agir à son échelle. Et si tous les acteurs travaillent main dans la main, les résultats n’en seront que positifs !

À l’échelle de la collectivité

  • Proscrire l’utilisation des produits phytosanitaires. Inciter également les exploitants agricoles à limiter (voire supprimer) la quantité de produits utilisés. Vous pourrez retrouver de nombreux conseils pour mettre en place une démarche zéro phyto en téléchargeant toutes les fiches de notre guide Objectif Zéro Phyto.
  • Mettre en place ou maintenir des roselières, mares et des zones marécageuses : elles servent de zones de regroupement aux hirondelles avant leur départ, mais également de terrain de chasse et de site de prélèvement de boue pour la construction des nids. Ces genres d’aménagements peuvent par exemple s’étudier dans le cadre d’un renouvellement de Plan Local d’Urbanisme (PLU).

À l’échelle d’une entreprise

  • Dans le cas de bâtiments anciens, aménager une ouverture permettant aux hirondelles (ainsi qu’à d’autres espèces comme les Effraies des clochers ou encore les chauves-souris) de venir s’installer.
  • Poser des nichoirs artificiels à l’abri des intempéries, des prédateurs et à environ 2 m du sol pour augmenter le nombre de sites d’accueil pour les colonies d’hirondelles. Pour leur entretien, penser à les décrocher à la fin de l’automne, les nettoyer puis les réinstaller.
  • Installer également des planches anti-fientes sous les nids pour éviter les seuls désagréments que peuvent causer les hirondelles.
  • Installer un point d’eau (bassin ou mare)

Le cas des constructions neuves

Lors de la construction de nouveaux bâtiments (logements, bâtiments administratifs, entreprises,…), il est important de prévoir l’intégration de nichoirs directement à l’édifice. Le taux d’occupation de ces nichoirs est bien souvent meilleur que la simple pose de nichoirs en façade.

N’hésitez pas à communiquer auprès des habitants, des élus, de vos clients, fournisseurs, etc… sur l’importance de la préservation des hirondelles. Si chacun suit ces quelques recommandations simples, c’est tout un réseau d’habitats favorables qui se construit et qui peut ainsi permettre d’endiguer la chute locale des effectifs. D’ailleurs, une enquête a révélé que sur deux villes aux propriétés identiques (populations, superficie, climat,…), celle qui comportait le plus d’espaces boisés et de points d’eau arrivait à maintenir le nombre d’hirondelles présentes voire à l’augmenter ! Et puis n’oublions pas qu’une colonie d’hirondelles permet de lutter naturellement contre les moustiques, et symboliquement parlant, l’hirondelle porte bonheur à la maison qu’elle a choisie pour installer son nid.

Plus d’informations

Fiche technique : Connaître et protéger les hirondelles

Fiche juridique : La protection juridique des hirondelles et des martinets

Ces documents LPO sont disponibles sur demande au 05 46 82 12 34 ou par email à conseils@lpo.fr

Guide technique : Acteurs du bâti : votre rôle dans la protection des hirondelles et des martinets

Ce livret apporte des réponses concrètes et précises pour concilier biodiversité et construction (intégrer la préservation des colonies d’hirondelles et de martinets aux contraintes techniques de rénovation ; limiter les nuisances (salissures) liées à la présence de ces oiseaux ; favoriser l’installation de ces espèces dans les constructions neuves).

Cahier technique : Hirondelles, martinets

BD numérique : pour sensibiliser les plus jeunes de manière ludique à la nécessité de protéger les hirondelles