Depuis 2009, un partenariat entre la Mairie de Bordeaux et la LPO Aquitaine s’est concrétisé dans le cadre du programme Refuge LPO. Les parcs Bordelais, Rivière, de la Béchade et le Jardin public ont ouvert la voie à 6 nouveaux parcs refuges LPO en 2011.

Mésange charbonnière (Parus major) s’envolant de son nichoir – Crédit photo : Muriel BourgeoisMésange charbonnière (Parus major) s’envolant de son nichoir – Crédit photo : Muriel Bourgeois

Une opération de suivi à l’échelle de la ville

Les compétences de la LPO dans la connaissance et le suivi des oiseaux ont permis d’accompagner la ville de Bordeaux dans sa politique environnementale, dans l’objectif de réorienter le devenir des parcs urbains, autrefois parcs d’ornement à des fins uniquement esthétiques, vers des espaces de verdure plus attractifs pour la faune et la flore locale, à travers une démarche de gestion écologique.

Les diagnostics faune-flore réalisés pour chaque parc ont donné lieu à une liste de préconisations pour préserver et favoriser la biodiversité de proximité. Un des principaux enjeux sur ces parcs est de faciliter la nidification des espèces d’oiseaux cavicoles telles que les mésanges charbonnières ou les grimpereaux des jardins par la pose de nichoirs en béton de bois dans les arbres de ces parcs.

Sur l’ensemble des dix parcs, soit 430 ha, ce sont près de 210 nichoirs qui ont été installés pour favoriser la nidification d’espèces utiles à la lutte biologique et ainsi abandonner complètement l’usage des produits chimiques contre les insectes ravageurs !

Un protocole précis et adapté aux espèces ciblées

Plusieurs modèles de nichoirs ont été installés pour répondre aux besoins des espèces cavicoles :

  • Les nichoirs fermés, entrée diamètre 26 mm pour Mésange bleue et Troglodyte mignon.
  • Les nichoirs fermés, entrée de diamètre 32 mm pour Mésange charbonnière, Torcol fourmilier, Moineau domestique et Sitelle torchepot.
  • Les nichoirs semi ouverts pour Rougegorge familier, Rougequeue noir, Bergeronnette grise et Gobemouche gris.
  • Les nichoirs fermés à sortie oblongue pour Rougequeue à front blanc, Moineau domestique et parfois Sittelle torchepot.

Pour chaque nichoir, les informations suivantes sont renseignées : modèle de nichoir, l’espèce ciblée, l’essence de l’arbre sur laquelle le nichoir est implanté, l’exposition et la hauteur.

Chaque fin d’année, après la saison de nidification les nichoirs sont nettoyés. Cette opération permet de faire un suivi des nichoirs dont les objectifs sont les suivants :

  • Connaître le taux d’occupation des nichoirs.
  • Définir l’espèce qui a occupé le nichoir.
  • Définir le taux de parasitage des nichoirs.
  • Déterminer les conditions les plus favorables à l’occupation des nichoirs.

Des résultats contrastés

Les résultats de ce suivi font apparaître 102 nichoirs occupés sur les 210 nichoirs installés mais les nichoirs occupés dépassent rarement 60% des nichoirs installés.

Ce seuil fait apparaître plusieurs hypothèses :

  • Une limite des ressources disponibles.
  • Un manque de connexions entre les parcs.
  • Des sources de dérangements pour l’avifaune durant la période de nidification.

On peut également avoir une tendance des modèles de nichoirs les plus occupés. Le nichoir fermé 32 mm est le modèle de nichoir le plus investi, au contraire le nichoir semi-ouvert est celui pour lequel le taux d’occupation reste le plus faible.

À travers ce suivi, il est constaté que les nichoirs répondent à un fort besoin de cavités pour ces espèces cavicoles avec près de 50% des nichoirs occupés. En effectuant ce contrôle chaque année, il devient possible de réorienter le nichoir aux besoins. Outre leur rôle pour les oiseaux, les nichoirs se révèlent être de véritables outils pédagogiques pour faire connaître la biodiversité de proximité aux habitants et les mesures mises en place pour favoriser leur présence à nos côtés.

Cependant la faible pression d’observation pendant la saison de nidification et le manque d’informations sur les habitats dans lesquels sont posés les nichoirs ne permettent pas d’établir des tendances significatives pour mieux comprendre quels sont les critères qui favorisent l’occupation des nichoirs.

Une étude pour mieux comprendre les paramètres déterminant les conditions de réussite de l’installation de nichoirs

En 2016 une enquête sera lancée à destination de tous les propriétaires de nichoirs en Aquitaine pour recueillir en pleine période de nidification un maximum d’informations qui permettront, après une analyse scientifique de déterminer les critères pour une bonne installation de nichoir.

En plus de travailler sur ces points, la LPO souhaiterait mettre en place une étude plus complexe avec la Mairie de Bordeaux sur l’évaluation de l’utilisation des parcs urbains et de la matrice urbaine pour répondre aux différentes questions qui se posent :

Comment la composition, la structure, la superficie et la connectivité influent sur la richesse spécifique et fonctionnelle des parcs urbains ? Quelles sont les structures clés d’un parc urbain qui expliquent la présence de telle ou telle espèce ? Les espèces utilisent-elle la matrice urbaine (rôle de complémentation) pour répondre à certaines exigences écologiques ? Quelle est l’influence de la matrice urbaine (éclairage, bruit, végétalisation) sur la biodiversité des parcs ?

L’objectif de cette étude est de repérer si des corridors écologiques existent en milieu urbain et de déterminer les caractéristiques de ces corridors afin qu’ils soient mieux pris en compte dans l’aménagement de la ville.