Le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) travaille en collaboration avec la société civile sur place, pour éviter que l’espèce ne s’éteigne à l’état sauvage.

Des démarches sont en cours afin d’augmenter la population d’addax (Addax nasomaculatus), une antilope vivant dans le désert - Crédit photo : Olivier LangrandDes démarches sont en cours afin d’augmenter la population d’addax (Addax nasomaculatus), une antilope vivant dans le désert - Crédit photo : Olivier Langrand

Il y a 30 ans, l’addax (Addax nasomaculatus) était inscrit sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN. Depuis 20 ans, l’espèce est considérée comme en danger critique d’extinction. Cette espèce s’est éteint au Maroc à la fin des années 19 50.

Dans la région d’Agadir, au sud du Maroc, se trouve une petite colonie d’Ibis chauve (Geronticus eremita), un oiseau mondialement menacé qui était autrefois présent en Afrique du nord, au Moyen Orient et même en Europe. Le CEPF a récemment décidé de financer le Groupe de Recherche pour la Protection des Oiseaux du Maroc/BirdLife Marco (GREPOM) qui travaille en étroite collaboration avec le Haut-commissariat aux eaux et forêts et à la lutte contre la désertification (HCEFLCD) dans le Parc national du Souss Massa sur la conservation des populations d’Ibis chauve et sur la concertation locale pour mieux gérer les ressources naturelles.

Ce parc crée en 1991 s’étend sur 33 800 ha entre Agadir et Tiznit pour préserver la faune et la flore unique de cette région subdésertique. Le parc est alimenté en eau par deux rivières temporaires : Wadi Souss dans le nord et Wadi Massa dans le sud.

L’Ibis chauve (Geronticus eremita), en danger critique d’extinction, était autrefois présent au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe - Crédit photo : Olivier LangrandL’Ibis chauve (Geronticus eremita), en danger critique d’extinction, était autrefois présent au Moyen-Orient, en Afrique du Nord et en Europe - Crédit photo : Olivier Langrand

Lors d’une rencontre entre les différents acteurs à Tamri, au nord du Parc national de Souss Massa, où une colonie d’Ibis chauve est présente, Dr. Mohamed El Bekkay, directeur du parc, a décrit les efforts dédiés notamment à la préservation de cette espèce dont l’aire de reproduction est maintenant limitée à deux pays dans la région méditerranéenne : la Syrie et le Maroc. Ces efforts de conservation portent leurs fruits et la population de cette espèce en danger critique d’extinction est en augmentation au Maroc : en 2014, 115 couples ont généré 192 jeunes à l’envol selon BirdLife. « Nous avons eu la chance d’observer une colonie très active, protégée par deux gardes du GREPOM, avec le Président du GREPOM, Mohamed Dakki, et son Directeur Général, Mourad Soudi. » Olivier Langrand, directeur exécutif du Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques.

Tamri, juste au nord du Parc national de Souss Massa, où une colonie d’Ibis chauve est présente (de gauche à droite : Omar Belkadi, garde de la colonie d’ibis ; Mohamed Dakki, Président du GREPOM/BirdLife Maroc ; Awatef Abiadh, LPO/BirdLife France LPO RIT ; Pierre Carret, Directeur des subventions du CEPF ; Lhoucin Idboujmaa, garde de la colonie d’ibis ; Mourad Soudi, Directeur Général du GREPOM) - Crédit photo : Olivier Langrand Tamri, juste au nord du Parc national de Souss Massa, où une colonie d’Ibis chauve est présente (de gauche à droite : Omar Belkadi, garde de la colonie d’ibis ; Mohamed Dakki, Président du GREPOM/BirdLife Maroc ; Awatef Abiadh, LPO/BirdLife France LPO RIT ; Pierre Carret, Directeur des subventions du CEPF ; Lhoucin Idboujmaa, garde de la colonie d’ibis ; Mourad Soudi, Directeur Général du GREPOM) - Crédit photo : Olivier Langrand

Les autorités du parc ont également décidé de soutenir la réintroduction d’espèces qui vivaient auparavant dans le sud du Maroc avec pour objectif à long terme de repeupler certaines aires protégées du Sahara. C’est ainsi qu’en 2008 des addax et des Oryx algazelle ont été relâchés dans Parc national du Souss Massa respectivement dans l’enclos d’acclimatation de la réserve de Safia située au sud de Dakhla et dans l’enclos d’acclimatation de la réserve M’sissi à Tinghir. « J’ai eu le privilège d’observer ces deux espèces dans les habitats semi-désertiques de ces réserves clôturées. Ces deux magnifiques ongulés se portent bien et la taille des troupeaux augmente. » Olivier Langrand, directeur exécutif du Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques

Il y a 6 jours, l’UICN a annoncé que cette espèce d’ongulé charismatique qui, autrefois parcourait librement la région sahélo-saharienne, pourrait s’éteindre à l’état sauvage.

Une enquête récente, réalisée par le Fonds pour la Conservation du Sahara et Noé, a décelé seulement trois individus sauvages au Niger. Il serait fort regrettable que l’addax suive le même chemin que l’Oryx algazelle (Oryx dammah) qui, selon l’UICN​, s’est éteint à l’état sauvage en 2000.

L’Oryx algazelle (Oryx dammah) a été excessivement chassé pour sa viande et sa peau - Crédit photo : Olivier LangrandL’Oryx algazelle (Oryx dammah) a été excessivement chassé pour sa viande et sa peau - Crédit photo : Olivier Langrand

« J’espère que les mesures de conservation des ONG telles que Noé et le Fonds pour la Conservation du Sahara, menées en faveur de l’addax, et en collaboration avec les communautés locales, les acteurs du secteur privé et les gouvernements des pays dans lesquels l’addax est toujours présent — porteront également leurs fruits dans le désert de l’Afrique du Nord.

Début avril, j’ai eu l’opportunité de visiter — avec Pierre Carret, le directeur des subventions du CEPF pour le hotspot de la biodiversité méditerranéenne et avec Awatef Abiadh, responsable de programme pour l’Afrique du Nord et représentante de l’équipe régionale de mise en œuvre (LPO/BirdLife France) — cinq des 12 projets financés par le CEPF au Maroc. » Olivier Langrand, directeur exécutif du Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques

Le succès de cette opération semi-captive est encourageante et mènera, avec de la chance, au relâché des troupeaux d’addax dans un environnement entièrement sauvage. Cependant, la communauté de conservation doit investir tous les efforts possibles pour sauver les quelques individus survivants au Niger (et peut-être aussi en Mauritanie où des traces de 15 addax ont été découvertes il n’y a pas si longtemps).

« Les réintroductions sont évidemment des efforts de conservation louables, et je voudrais ici remercier les actions des autorités marocaines pour la conservation et la restauration de la biodiversité unique de leur pays, mais les actions de conservation ex-situ devraient compléter les initiatives de conservation in situ. Identifier des habitats adaptés au sein d’aires naturelles, où l’addax est encore présent, est une priorité.

J’espère que la communauté de conservation sera en mesure de sauver ces derniers animaux encore présents dans les dunes du Niger et de Mauritanie, et conjointement, sécurisera de nouvelles aires pour la conservation dans la région sahélo-saharienne où les populations d’addax relâchées pourront survivre. » Olivier Langrand, directeur exécutif du Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques et aussi un ornithologue passionné. Il peut souvent réveiller les personnes bien avant l’aurore pour aller observer des espèces d’oiseaux rares.​


BirdLife International – ainsi que ses bureaux au Moyen-Orient et ses partenaires BirdLife DOPPS/BirdLife Slovénie et la LPO – constitue l’équipe régionale de mise en œuvre (Regional Implementation Team, RIT) pour le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) dans le hotspot de la biodiversité du bassin méditerranéen (CEPF Med).

cepf c lgPlus d’informations sur www.birdlife.org/cepf-med.

Le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) est une initiative conjointe de l’Agence Française de Développement (AFD), de Conservation International (CI), de l’Union Européenne, du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), du gouvernement japonais, de la Fondation John D. et Catherine T. Mac-Arthur et de la Banque mondiale. La Fondation MAVA apporte également son soutien pour le bassin méditerranéen. L’un des objectifs primordiaux du CEPF est de garantir que la société civile participe à la conservation de la biodiversité. Pour plus d’informations sur le CEPF : www.cepf.net.

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