Un événement réussi pour célébrer les 40 ans de la Loi pour la protection de la nature de 1976.

Congrès national LPO 2016 - Crédit photo : Yann HermieuCongrès national LPO 2016 - Crédit photo : Yann Hermieu

Plus de 350 personnes étaient réunies samedi 9 juillet 2016 au théâtre du Dôme à Saumur pour le 33e Congrès national de la LPO conjoint à l’Assemblée générale. En point d’orgue de cette édition, l’anniversaire de la 1re loi de protection de la nature du 10 juillet 1976 qui était au cœur de deux journées d’échanges avec les membres et des adhérents de la LPO. Retour sur les temps forts du congrès.

Pour célébrer cette date historique, plusieurs personnalités particulièrement engagées étaient placées sur le devant de la scène :

  • Tout d’abord, deux prix ont été décernés à Bruno Berthémy et Geneviève Gaillard pour rendre hommage à leur engagement en faveur de la biodiversité. Geneviève Gaillard ,auteur de nombreux rapports parlementaires dans le domaine de l’environnement et de la protection de la biodiversité, et parallèlement très investie pour la cause animale et Bruno Berthémy, fervent amoureux des vautours et un des photographes émérites de la LPO.
  • Alors que le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité et des paysages doit être voté le 19 juillet à l’Assemblée nationale, la LPO a également donné la parole à trois experts, venus présenter leur vision des enjeux actuels en faveur de la biodiversité : Simon Jolivet, Maître de conférences en droit public à l’Université de Poitiers et membre du Centre d’étude et de recherche sur les territoires et l’environnement (CERETE), Michel Hortolan, Vice- président du Ceser Aquitaine, Limousin, Poitou-Charentes, président de la fondation Les Tricoles et de France Nature Environnement – Sud-Ouest Atlantique, Vincent Bretagnolle, écologue et directeur de recherche au CNRS de Chizé.
  • Une table ronde a réuni plusieurs personnalités politiques venues témoigner des échecs et des victoires qui ont jalonné ces 40 ans de protection de la biodiversité. Filmée dans les conditions du direct (diffusion prochaine sur la chaîne Public Sénat) et sous la houlette d’Allain Bougrain Dubourg, un joli panel d’anciens ministres de l’écologie avaient répondu présents : Delphine Batho, Yves Cochet, Brice Lalonde et Barbara Pompili, l’actuelle secrétaire d’État chargée de la Biodiversité. De nombreuses anecdotes, un film rétrospectif et une interview filmée d’Huguette Bouchardeau ont illustré les échanges et survolé ces 40 dernières années d’écologie politique.
  • La Secrétaire d’Etat Barbara Pompili s’est ensuite exprimée sur son programme en faveur de la biodiversité. Elle est revenue sur un certain nombre de dossiers portés notamment par la LPO :

« De nombreux oiseaux en mauvais état de conservation, inscrits en tant que tels sur les listes mondiales et européennes sont toujours chassés en France, sans perspective de moratoire. Ce sujet est au cœur de mes préoccupations, je préfère la politique des petits pas concrets à celle des annonces sans lendemain. Suite à ma demande, le préfet de Guadeloupe vient de rapporter l’arrêté d’autorisation de chasse prévu pour la grive à pieds jaunes

Avec Ségolène Royal, nous serons également attentives à ce qu’une réponse soit apportée à la mise en demeure adressée à la France concernant l’ortolan. C’est un sujet sensible à bien des égards, mais sur lequel j’entends bien ne pas rester inerte.

De plus la loi pour la reconquête de la nature et des paysages s'inscrit dans la suite logique de la loi de 1976, elle comporte des avancées majeures : le périmètre et les moyens de l’Agence Française pour la Biodiversité, le principe de non régression du droit de l’environnement, le préjudice écologique, la question des néonicotinoïdes.

Je confirme que le principe de non régression de la protection de l’environnement figurera dans la loi définitive, ainsi que la traduction législative, via le préjudice écologique, de la jurisprudence de l’Erika.

Je veux également dire ici que les discussions qui avaient eu lieu au parlement sur l’action de groupe en matière environnementale et sur l’interdiction du chalutage en eaux profondes trouveront leur concrétisation dans la loi sur la justice du 21e siècle d’une part, dans la réglementation européenne de l’autre. Et puis il y a la question des néonicotinoïdes : la discussion parlementaire du projet de loi a été longue, mais utile : nous engageons la sortie des néonicotinoïdes avec le principe de leur interdiction dès 2018.

Si le principe de dérogations est posé, il est très strictement encadré, puisque les dérogations éventuelles ne pourraient concerner que des cultures pour lesquelles aucune alternative n’existe, et devraient d’une part se baser sur un avis de l’ANSES, et d’autre part être cosignées par le Ministre de l’Agriculture, celui de l’Environnement et celui de la Santé. Et dans tous les cas, on ne pourrait aller au-delà de 2020.

Notre objectif : une nature préservée et protégée, c’est une biodiversité reconquise, c’est l’Homme au milieu de la nature. Un Homme qui exerce une responsabilité double, du fait de sa conscience d’homo sapiens, mais également du fait de son pouvoir de destruction. Alors, cette sagesse, ce pouvoir des Hommes, mettons les au service de la nature, et continuons à faire progresser, pierre après pierre si j’ose dire, notre politique en faveur de la biodiversité. »