Chacun d’entre nous connait les abeilles domestiques, butinant de fleur en fleur à la recherche de pollen et de nectar, assurant ainsi la pollinisation naturelle essentielle à la reproduction de la très grande majorité des espèces végétales. L’abeille domestique est la plus connue de tous mais il existe beaucoup d’autres pollinisateurs sauvages et plus naturels !
Une grande équipe de petits insectes
Quatre ordres accueillent plus de 20 000 espèces d’insectes pollinisateurs en France !
Les hyménoptères
Fer de lance de cet ordre, les abeilles sauvages. Presque 1 000 espèces sont présentes en France, la plupart étant solitaires. La femelle construit un nid dans lequel elle pondra des œufs. 70% des espèces font leur nid dans le sol (espèces terricoles), les autres l’aménagent dans toutes sortes de trous (espèces cavicoles). Dans cet ordre, on peut également ajouter les guêpes, les bourdons mais aussi les fourmis soit au total près de 8 000 espèces. Les hyménoptères sont parmi les pollinisateurs les plus efficaces.
Les diptères
Cet ordre est principalement composé des mouches et des syrphes, souvent confondues avec les abeilles et les guêpes mais reconnaissables par leur plus petite taille et leur vol stationnaire. On compte environ 8 000 espèces de diptères en France. Ils se nourrissent principalement sur de petites fleurs, moins ciblées par les plus gros pollinisateurs. Les syrphes sont également consommateurs de certains pucerons et font donc naturellement partie des alternatives aux produits chimiques.
Les coléoptères
Avec 10 000 espèces présentes en France, cet ordre accueille principalement les cétoines ou les trichies. Consommateurs de pollens mais aussi d’étamines (organe mâle de la reproduction chez les végétaux angiospermes), ils sont moins efficaces que les autres espèces.
Les lépidoptères
Plus connus sous le nom de papillons, cet ordre est composé de 250 espèces diurnes (de jour) contre près de 5 000 espèces nocturnes ! Les papillons jouent également leur rôle de pollinisateurs puisqu’ils passent de fleurs en fleurs afin d’en récolter le nectar.
Le butinage au service de la pollinisation
Chacune de ces espèces va butiner à la recherche de pollen, de nectar ou encore d’étamines. Chacun des insectes va donc transporter sur lui des petits grains de pollens jusqu’à une autre plante. Cette dissémination permet la reproduction de la plante, - donc la production de graines et de fruits - et favorise le brassage génétique.
Pour rappel, plus de 80% des espèces de plantes à fleurs sauvages et des espèces cultivées en Europe ont besoin des pollinisateurs sauvages. Ce service écosystémique (service rendu à l’Homme gratuitement par la nature) a été évalué à 14,2 milliards d’euros pour l’Europe ! Il est également montré dans une étude de 2013 que c’est la diversité des pollinisateurs qui augmente le rendement et la mise à fruit !
Malheureusement, l’emploi massif des produits phytosanitaires ainsi que la suppression des habitats favorables mettent en péril cet écosystème.
Les clés pour un habitat favorable
Afin d’accueillir tous ces insectes, il faut leur offrir de quoi se nourrir et s’installer, mais également un cadre de vie sain.
Améliorer la gestion écologique des espaces verts
Supprimer les produits phytosanitaires, pratiquer la gestion différenciée, maintenir et/ou créer des haies, mares, friches,… Pour les municipalités, suivre les principes de la charte Terre Saine, Commune sans pesticides est un moyen de franchir le pas avant l’interdiction en 2017 de l’utilisation des produits phytosanitaires dans les collectivités.
Augmenter la ressource alimentaire
Privilégier une flore locale en ne semant ou plantant pas d’espèces exotiques ou horticoles (notamment dans les massifs, rond- point, terre-plein,…), diversifier aussi bien dans la forme que dans la couleur les espèces végétales (les insectes sont plus ou moins attirés par certaines fleurs) et favoriser la flore spontanée.
Favoriser la nidification des pollinisateurs
Pratiquer la fauche tardive une fois par an (et non la tonte hebdomadaire) pour laisser le temps aux insectes de finir leur cycle de reproduction, conserver du bois mort sur pied ou des petits tas de 1m3 ainsi que des tas de pierres pour les insectes cavicoles et mettre en place des zones de terre nue avec des talus pour les espèces terricoles. Il est également possible d’installer des gites à abeilles en nouant plusieurs tiges creuses dans lesquelles les abeilles viendront déposer leurs œufs.
Il est primordial de donner une valeur pédagogique à chacune des actions mises en place afin de sensibiliser tous les usagers des sites. L’installation d’un hôtel à insectes accompagné d’un panneau d’information est une des actions phare et facilement identifiable par les usagers.
Et pour assurer la bonne connexion entre tous ces espaces, il est important pour la collectivité de cartographier tous ces sites afin d’avoir une vision globale à l’échelle de la commune. En fonction des résultats, il faut chercher à renforcer cette Trame Verte et Bleue (TVB), notamment dans le cadre de la révision du Plan Local d’Urbanisme (PLU).
En conclusion, si l’installation de ruches d’abeilles domestiques (uniquement composées de reines locales) joue surtout un rôle pédagogique, il faut absolument aller plus loin dans la démarche et s’intéresser aux pollinisateurs de manière globale. Toutes ces insectes sont des espèces dites « parapluies » : les mesures qui seront mises en place pour les accueillir bénéficieront au développement de la faune et la flore dans son ensemble !
Participez au programme de sciences participatives Spipoll !
Projet de sciences participatives, le SPIPOLL a pour but d’obtenir des données quantitatives sur les insectes pollinisateurs et/ou floricoles en mesurant les variations de leur diversité et celles de la structure des réseaux de pollinisation, sur l’ensemble de la France métropolitaine.
Rendez-vous sur www.spipoll.org
Plus d’informations
Guide de gestion écologique pour favoriser les abeilles sauvages et la nature en ville