La mise à jour de la Liste rouge nationale des oiseaux nicheurs vient d’être publiée. Pour 48 des 284 espèces d’oiseaux nicheurs recensées sur le territoire, la situation s’est sensiblement dégradée. C’est un tiers d’entre eux ! Au total, 92 espèces sont menacées dans l’Hexagone. C’est le triste constat que viennent de révéler l’UICN , le MNHN, la LPO, la Société d’études ornithologiques de France et l’ONCFS, 8 ans après le précédant état des lieux.
Intensification agricole, dégradation des habitats, réduction des ressources alimentaires… au cœur du déclin
La réévaluation du niveau de menace pesant sur les oiseaux nicheurs montre que la situation s’est détériorée pour 48 espèces entre 2008 et 2016, tandis que 15 seulement ont vu leur état s’améliorer durant cette période. Parmi les raisons de cette dégradation, l’intensification des pratiques agricoles et la régression des prairies naturelles ont entraîné le déclin de nombreuses espèces, en particulier pour les passereaux. C’est le cas du Chardonneret élégant, du Verdier d’Europe et du Serin cini, dont les effectifs ont drastiquement chuté en 10 ans, essentiellement en lien avec le recul des jachères et des chaumes hivernaux dans lesquels ils trouvent leurs ressources alimentaires. Tous trois sont désormais classés dans la catégorie « Vulnérable ». Le Bruant ortolan, toujours capturé illégalement, montre également une tendance marquée au déclin et se trouve classé « En danger ».
Les oiseaux nicheurs liés aux milieux humides sont également affectés par la dégradation de leurs habitats. C’est le cas du Blongios nain, un petit héron qui a vu ses effectifs réduits de moitié en l’espace de 12 ans et désormais « En danger », ou de la Bécassine des marais, dont la population nicheuse est aujourd’hui réduite à moins de 50 oiseaux et classée « En danger critique ». Le Martin-pêcheur d’Europe, quant à lui, victime de l’artificialisation des berges et de la pollution de l’eau qui réduisent ses ressources alimentaires, est placé dans la catégorie « Vulnérable ». Enfin, certaines espèces, telles que la Pie-grièche à poitrine rose, classée « En danger critique », ont vu leur déclin se poursuivre et se trouvent maintenant au bord de la disparition.
Des plans nationaux d’actions efficaces
En dépit de cette situation inquiétante, différents exemples montrent que les actions de conservation menées sur le terrain et les avancées de la réglementation peuvent porter leurs fruits. La loi de 1976, dont on célèbre cette année les 40 ans, a permis d’interdire progressivement la destruction de nombreuses espèces et de favoriser le développement d’espaces protégés. Les actions de protection des zones humides ont amélioré la situation de plusieurs échassiers, comme le Crabier chevelu ou la Spatule blanche.
Grâce au travail de concertation des associations de protection de la nature, plusieurs plans nationaux d’action montrent leur efficacité. C’est le cas du Vautour moine qui, fort d’un programme de réintroduction mené par la LPO, niche à nouveau dans les Grands Causses, après avoir disparu de France pendant près d’un siècle. Même s’il demeure classé « En danger », il voit progressivement sa situation s’améliorer. D’autres plans nationaux d’action en faveur des espèces menacées, à l’instar du Râle des genêts ou de l’Aigle de Bonelli, permettent d’enrayer les menaces qui pèsent sur leurs populations, même si leur situation reste très précaire.
C’est pourquoi la LPO collabore activement avec les collectivités locales, les réseaux associatifs et les établissements publics pour tenter d’inverser la tendance. Elle œuvre au quotidien en faveur des espèces les plus menacées en menant une gestion conservatoire des sites et habitats d’importance majeure : Bécassine et Courlis dans les zones humides, Outardes et Râles des genêts dans les espaces agricoles, Aigle botté et Milan royal dans les forêts, lagopèdes, grands tétras dans les montagnes, Faucon crécerellette, gangas dans les steppes…
Elle lutte contre les excès de la chasse (Fuligule milouin, Tourterelle des bois, vanneau…), les captures illégales (Bruant ortolan, Chardonneret, pinsons…), contribue à préserver la nature de proximité avec les citoyens pour restaurer certaines espèces : Petits ducs, huppes, gobe-mouches et Faucon crécerelle.
Enfin, elle coordonne l’organisation du réseau national des associations de protection de la nature des suivis et inventaires sur lesquels se basent les programmes de conservation et les évaluations : oiseaux d’eau hivernants, atlas, ZICO, ZPS, espèces nicheuses rares et menacées.
Appel à mobilisation des réseaux associatifs et de l’action publique
Face à l’augmentation marquée du nombre d’espèces menacées ces dernières années, le renforcement de l’action publique et la mobilisation des réseaux associatifs sont essentiels pour répondre à l’urgence de la situation et écarter le risque de voir disparaître à l’avenir des oiseaux de notre territoire. Ceci d’autant plus que, à l’image de l’Alouette des champs, emblématique du déclin des oiseaux associés aux milieux agricoles, le nombre d’espèces classées « Quasi menacées » a presque doublé en l’espace de huit ans. Ces constats doivent constituer des signaux d’alarme pour déclencher une amplification des actions et un renforcement des stratégies de conservation.
Plus d'informations
Pour connaitre la publication, les résultats détaillés et le bilan des évolutions entre 2008 et 2016 rendez-vous sur le site du Muséum national d'Histoire naturelle ou de l'Union internationale pour la conservation de la nature