Depuis 2011, la SAEME (Société Anonyme des Eaux Minérales d’Evian) s’est engagée dans la création d’un Refuge LPO sur l’usine d’embouteillage pour une durée de 5 ans. En 2016, une convention de renouvellement a été signée alors que de grands travaux de réaménagement du site sont en cours.
Un site singulier
L’usine, située au cœur d’un parc industriel, jouxte la Réserve Naturelle du Delta de la Dranse et avoisine le Lac Léman. Elle se situe « tout au bout » de la zone de captage des eaux d’Evian, l’impluvium étant situé sur le Plateau de Gavot. Ainsi, entre zones humides d’importance internationale, sites d’importance communautaire au titre des directives Habitats et Oiseaux, réserve naturelle nationale et zone très prisée par le développement urbain, l’usine d’embouteillage des eaux d’Évian est au carrefour d’enjeux environnementaux, culturels, sociaux et économiques avec lesquels le programme Refuge entre en interaction.
Une recherche active d’alternatives
Lors de la première convention Refuge, afin d’être en conformité avec la charte, la priorité fut de régler la question du désherbage des 12 kilomètres de voie ferrée selon les critères stricts de propreté et de sécurité imposés par Réseau Ferré de France. Jusqu’alors, un traitement chimique par herbicide foliaire et racinaire permettait de satisfaire aux exigences de RFF, sans considérer les questions écologiques. Après plusieurs mois d’expérimentation (désherbage thermique, utilisation de produits classés dans la catégorie « substance naturelle » à base d’acide pélargonique, lutte contre les effets secondaires indésirables et nauséabonds…), c’est finalement le désherbage manuel qui a été tenté et qui est maintenant appliqué. Cette solution, si elle est plus compliquée en termes de logistique (recrutement de 10 personnes pendant 5 jours au printemps puis 5 jours en été, planning d’intervention selon circulation sur les voies et contraintes de sécurité), est économiquement équivalente au traitement chimique initial. Le gain pour l’environnement constitue ainsi tout l’enjeu et le bénéfice dans cette alternative.
Un vaste chantier
À ce jour et dans la perspective de 2019, le site de l’usine est dans une phase de transformation physique conséquente avec entre autres, la rénovation de bâtiments, le déplacement et la modernisation des lignes ou la création de zones de stockage additionnelles. En parallèle des exigences en matière de sécurité, d’hygiène agroalimentaire et de production (7 millions de bouteilles par jour), le cahier des charges Refuge LPO a été transmis aux architectes qui ont tenu compte de problématiques telle que celle des surfaces vitrées. Ainsi, la LPO Haute-Savoie a-t-elle été sollicitée pour valider le projet technique des façades vitrées du futur bâtiment administratif et du restaurant. La LPO a également fait des propositions quant à l’aménagement des futures zones de parking sur lesquelles des arbres seront plantés en tenant compte des contraintes d’une entreprise agro-alimentaire (pollen minimum) et des exigences d’accueil des clients (pas de sève tombant sur les voitures). Nous sommes amenés également à réfléchir à des méthodes douces d’effarouchage des Goélands leucophées qui utilisent les toits des bâtiments pour nicher et se nourrir, générant des incompatibilités aux normes sanitaires nécessaires sur un tel site de production.
Durant le printemps et l’été 2016, la LPO a fait un certain nombre de relevés sur le site et travaille actuellement à l’élaboration du nouveau cahier des charges dans le cadre de la convention Refuge 2016-2021, focalisant son expertise sur l’aménagement des espaces verts et des espaces/bâtiments sans vocation de production, en vue d’y favoriser l’accueil de la biodiversité, le conseil sur la circulation et la sensibilisation du public dans l’optique du développement du tourisme industriel ainsi que sur l’accueil pédagogique du public scolaire.
D’après les propos de Anne Dejean (LPO Haute Savoie)