Comme en 2014 et depuis le début du mois de novembre, des cas de grippe aviaire (H5N8) ont été rapportés dans des élevages de volailles en Europe : 1 150 dindes en Autriche, 18 en Allemagne, 21 500 canards en Hongrie puis quelques oiseaux sauvages, environ 10 laridés et anatidés en Pologne, au Danemark, en Suisse et au Pays Bas.

Canard pilet (Anas acuta) - Crédit photo : Émile BarbeletteCanard pilet (Anas acuta) - Crédit photo : Émile Barbelette

À chaque épisode, les autorités françaises craignent que des oiseaux sauvages migrateurs porteurs du virus contaminent les estuaires du littoral et autres côtes et lacs où ils font halte.

Or les oiseaux sauvages ainsi affectés succombent très vite à ce virus, le taux de mortalité constaté est estimé à 100%. Ils apparaissent alors comme des vecteurs inefficaces dans le mécanisme de propagation de cet Influenza aviaire.

Pour rappel, ce virus a été détecté pour la première fois sous sa forme peu contagieuse aux États-Unis en 2008 puis en Californie en 2014. Il a en revanche fait son apparition sous sa forme contagieuse en Asie : en janvier et en septembre 2014 en République de Corée, en avril 2014 au Japon et en octobre 2014 en Chine.

L’expérience observée lors des dernières épizooties des différents sous types d’Influenza aviaire dont celui du H5N1 - qui de 2003 à 2015 s’est manifesté dans plus de 8000 foyers et 54 pays - nous apprend que si les oiseaux sauvages sont les hôtes naturels des virus grippaux, ils jouent un rôle mineur dans les mécanismes de propagation des virus du fait de leur caractère pathogène et de l’extrême sensibilité des oiseaux infectés qui ne sont alors plus en mesure de se déplacer.

En revanche, les élevages de volailles domestiques, le plus souvent industriel, offre des conditions idéales notamment de résistance, de promiscuité, de densité et de confinement pour que ces virus aviaires acquièrent leur caractère pathogène. En effet, les souches de grippe aviaire rencontrées chez les oiseaux sauvages sont le plus souvent relativement bénignes tandis que celles rencontrées chez les oiseaux domestiques élevés en batterie dans des conditions stressantes, acquièrent un caractère hautement pathogène. Du fait d’une densité de population élevée, le virus de la grippe est hautement mutagène. Ainsi, dans les unités d’élevage industriel, le virus a la capacité de muter rapidement vers des formes hautement pathogènes.

Dans un contexte de mondialisation des marchés, la faculté des Influenza aviaires à se propager rapidement d’un pays à l’autre, d’un continent à un autre est résolument l’affaire des échanges et des transports commerciaux. Ils sont indéniablement comme des vecteurs bien plus efficaces que les oiseaux sauvages pour permettre la propagation des Influenza comme pour la plupart des autres virus.

Enfin, rappelons certaines similitudes entre le contexte d’apparition du virus H5N1 en 2006 et le virus H5N8 depuis 2014 :

  • H5N8 émerge une fois de plus dans les pays d’Asie dont la Chine qui est le plus gros producteur mondial de volailles et le 4e exportateur.
  • Le virus H5N8 hautement pathogène identifié en Europe en 2014 (notamment en Allemagne) possédait une grande similitude au plan phylogénétique avec les virus H5N8 détectés en République de Corée en 2014. Ces virus coréens sont eux-mêmes des réassortants du virus H5N8 apparus en Chine.
  • Et il n’y a aucun élément probant permettant de soupçonner l’implication des oiseaux sauvages.

Là encore avec le retour du froid, il n’est pas étonnant d’assister au retour des virus grippaux…

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