Dans un tweet et par communiqué de presse ce jour, le ministère en charge de l’écologie s’engage enfin à mettre un terme au braconnage des Bruants ortolans dans les Landes. La LPO qui se bat depuis plus de 10 ans pour dénoncer une pratique illégale conduisant à la destruction de plusieurs centaines de milliers de passereaux protégés chaque année, ne peut que se réjouir d’une telle annonce.

Bruant ortolan (Emberiza hortulana) - Crédit photo : CABSBruant ortolan (Emberiza hortulana) - Crédit photo : CABS

Présente sur le terrain cette année encore, la LPO pourra vérifier ce qu’il en est dans les faits. Elle rappelle qu’il n’y a pas que le Bruant ortolan qui soit victime de braconnage, mais également les Pinsons du nord et Pinsons des arbres (sans compter les milliers de victimes collatérales : chardonnerets, Linottes mélodieuses, verdiers…).

Selon les estimations de BirdLife, au moins 500 000 passereaux protégés sont détruits illégalement chaque année en France. En pleine préparation de ses déplacements habituels dans le département des Landes, fin août-début septembre pour dénoncer le braconnage du Bruant ortolan (30 000 tués illégalement chaque année), et fin octobre-début novembre celui des pinsons (environ 200 000 des deux espèces tués chaque année), la LPO a pris connaissance avec beaucoup d’espoir de l’annonce faite par le ministre Nicolas Hulot. Jusqu’à peu, seules les interventions de la LPO permettaient d’identifier et de poursuivre les pratiquants qui agissaient avec la bénédiction de quelques élus locaux et des responsables cynégétiques, prétextant une certaine « tolérance » de la part de l’Etat (soit disant qu’il n’y aurait pas de verbalisation en dessous de 30 pièges par installation). Depuis deux ans, des contrôles ponctuels de la part de la police de la nature (ONCFS) ont conforté le travail de la LPO. À partir de 2015, les audiences publiques devant les tribunaux correctionnels de Dax et Mont de Marsan ont mis en évidence une organisation générale incitant le piégeage.

Enfin, la poursuite de la France devant la Cour Européenne de Justice (plusieurs dizaines de millions d’euros d’amende en perspective) a sans doute contribué à une accélération du dossier.

Ceci étant, la LPO ne baisse pas la garde compte tenu d’un certain nombre d’indices inquiétants : appuyés par les organisations cynégétiques locales, les braconniers de 2015 (dont « l’homme à la pelle ») ont fait appel des jugements des tribunaux ; ces affaires seront  examinées à nouveau devant la Cour d’Appel de Pau le 7 septembre prochain. Récemment, le tribunal de police de Dax a relaxé un piégeur d’ortolan avec 24 pièges sous prétexte qu’aucun oiseau n’avait été retrouvé. La LPO et le Ministère public ont dû faire appel. Le 28 septembre le tribunal de Mont de Marsan, et le 12 octobre celui de Dax examineront à leur tour les procédures liées au braconnage de l’année 2016.

De son côté, la Fédération départementale des chasseurs des Landes persiste et signe en demandant au Conseil national de protection de la nature une dérogation pour capturer les Pinsons des arbres, espèce pourtant protégée.

Non seulement il est quasi impossible pour l’Etat de contrôler tous les pratiquants, laissant ainsi place à de nombreux trafics, mais les oiseaux capturés, la plupart protégés, sont régulièrement mutilés sous prétexte de « tradition ». Ici écrasés par une pierre plate (appelée « tendelle » ou « lecque »), ailleurs collés à la branche sur laquelle ils se sont posés (gluaux), plus loin dans des filets (« pantes »), ou encore des cages grillagées (matoles), et des lacets (tenderies) dont ils essayent de s’extraire. 

Un grand pas a été franchi avec cette annonce par le ministre en charge de l’Ecologie. La LPO attend que l’Etat mette un terme au piégeage non sélectif de tous les oiseaux et en premier lieu celui des ortolans et des pinsons dans le département des Landes.

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