Le Vison d’Europe, classé en danger critique d’extinction en Europe, est l’une des trois espèces de mammifères les plus menacées en France. Sa préservation constitue un des principaux enjeux de conservation du patrimoine naturel au niveau national. Un programme européen LIFE coordonné par la LPO débute en septembre pour tenter d’enrayer son déclin.
Dépendant des milieux humides, le Vison d’Europe fréquente aussi bien les boisements inondables, les étangs, les marais que les prairies humides et les cours d’eau arborés en milieu agricole. Il affectionne particulièrement ces zones de végétation dense et humide pour se gîter et chasser. Elles représentent pour lui un lieu de choix en raison de son régime alimentaire fortement lié au milieu aquatique. Ce petit carnivore opportuniste se nourrit ainsi d’amphibiens, de rongeurs, d’oiseaux et de poissons.
Pour sa survie, le Vison d’Europe a besoin de ces milieux, riches en ressources alimentaires et en cachettes. Ils lui servent de refuge et lui permettent l’élevage des jeunes en toute quiétude. Il donne naissance chaque année à une seule portée de 2 à 7 individus entre avril et juin.
Cette espèce subit à la fois un déclin massif de ses populations et une importante contraction de son aire de répartition, réduite à seulement sept départements du sud-ouest de la France au niveau national.
Les principales raisons de sa disparition
L’espèce, soumise à de très fortes menaces, a vu ses effectifs chuter d’au moins 90% au cours du 20e siècle.
La concurrence et la compétition alimentaire avec le Vison d’Amérique - espèce voisine élevée en France pour sa peau et qui s’échappe parfois des élevages - sont un obstacle sérieux à la survie des populations de Visons d’Europe. De plus, la destruction des zones humides et la dégradation des habitats ont des conséquences défavorables sur son maintien. Enfin, les collisions avec des véhicules constituent la principale cause de mortalité avérée chez ce mustélidé.
Afin d’améliorer l’état de conservation de l’espèce, la LPO, soutenue par des acteurs locaux, a décidé de monter un programme LIFE pour relever le défi de la survie du Vison d’Europe en France.
Un programme pour inverser la tendance
Le LIFE Vison[1] mis en place à la suite de deux plans nationaux d’action successifs conduits par l’ONCFS (Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage), vise à maintenir, voire à accroître la population de Vison d’Europe sur des sites d’interventions jugés prioritaires.
Pendant cinq ans, la LPO, le Conseil départemental de la Charente-Maritime et le Groupe de Recherche et d’Étude pour la Gestion de l’Environnement (GREGE) vont se mobiliser pour mettre en place des actions de conservation et de restauration de l’espèce et de son habitat.
Ces actions seront menées en étroite collaboration avec les animateurs du troisième Plan national d’action en faveur de l’espèce (ONCFS et Cistude Nature), ainsi qu’avec l’ensemble des acteurs locaux.
Parmi les actions concrètes de conservation, sont programmées :
des opérations d’aménagements d’ouvrages hydrauliques permettant le passage de la Loutre et du Vison à pied sec,
des acquisitions foncières d’une trentaine d’hectares dans des sites à fort enjeu pour l’espèce,
des implantations de zones refuge tout au long de la Charente et de ses affluents, des restaurations d’habitats favorables…
Ce programme, qui constitue le bras armé du plan national d’actions, a pour objectif principal de sauver l’espèce dans son principal noyau de population : le Bassin versant du fleuve de la Charente. Celui-ci constitue aujourd’hui l’un des derniers bastions viables de l’espèce et l’un des rares, si ce n’est le seul, encore exempt de populations établies de Vison d’Amérique. Ces différents aspects en font un secteur stratégique pour la conservation du Vison d’Europe.
Par conséquent, le projet constitue une réponse aux menaces immédiates d’extinction qui pèsent sur la préservation d’une des dernières populations ouest-européennes de Vison d’Europe, espèce à forte valeur patrimoniale.
En outre, au-delà du champ d’actions direct de ce LIFE, les efforts de conservation apportés à cette espèce dite « parapluie[2] » bénéficieront à de nombreuses autres espèces d’intérêt européen, telles que la Loutre d’Europe et la Rosalie des Alpes, ou habitats associés, tels que les forêts alluviales d’aulne et de frêne.
[1] Programme en faveur du Vison d’Europe, qui pourra également bénéficier à la Loutre, au Campagnol amphibie ou à la Crossope aquatique
[2] Une espèce parapluie est une espèce dont l’étendue du territoire ou de la niche écologique permet la protection d’un grand nombre d’autres espèces si celle-ci est protégée