Bernard Deceuninck répond à nos questions sur la prise en compte de la biodiversité en outre-mer.

Crédit photo : Mad Renier Crédit photo : Mad Renier

Pourquoi la LPO intervient-elle en outre-mer ?

« La LPO fait partie du réseau mondial de Birdlife.  Celui-ci fédère un grand nombre d’ONG partout dans le monde pour la préservation de la biodiversité. Nous avons donc un œil sur les priorités mondiales.

Ensuite, nous nous devons d’intervenir au-delà des frontières car les oiseaux se déplacent hors du territoire.  Notre mission est donc de s’allier à d’autres structures pour mutualiser nos connaissances et pour rassembler nos forces afin de proposer ensuite un plan d’action.

Et puis la France est dans le hit-parade des espèces menacées : 90 espèces sont en voie de disparition en France (dont l’outre-mer) sur les 1200 espèces nicheuses soit 8%. Cela nous place au 7e rang pour le nombre d'espèces d'oiseaux mondialement menacées, devant l’Équateur et l’Inde. On peut ajouter également qu’en Polynésie, plus d’un quart des espèces est menacé d’extinction. L’urgence écologique se trouve donc hors de métropole.

Comment œuvrent les collectivités en outre-mer ?

Les collectivités ont  pris  conscience que le développement économique s’est fait au détriment de l’écologie. La balance est déséquilibrée et  il faut donc redonner sa place à l’écologie. Comme le tourisme est une des principales sources de revenus, l’idée est de miser sur la préservation de l’environnement pour attirer des touristes de façon responsable. Le Costa Rica l’a bien compris en se lançant dès les années 1970 dans l’écotourisme.

Peut-on citer un exemple d’initiative remarquable ?

Dans le cadre du Life+ Cap Dom, un des projets avait pour enjeu la préservation des savanes sèches de Guyane. Ce projet a impliqué de nombreux acteurs, notamment des sociologues et des anthropologues. Les habitants ont donc été pris en compte dans cette étude afin de connaître  leur perception de cet espace et la richesse qu’il abrite. L’objectif était de limiter la pression de l’Homme (agriculture, étalement urbain, tourisme,…) et il a pu être atteint grâce à la collaboration de la collectivité, des citoyens et des partenaires locaux.

Pour conclure, il faut désormais que les collectivités revoient la gestion de leurs espaces verts pour améliorer la biodiversité de proximité, celle qui nous entoure, en supprimant l’utilisation des produits phytosanitaires ou en pratiquant la gestion différenciée par exemple. Ce changement doit avoir lieu avec les associations présentes sur place, qui ont une connaissance quasi parfaite du terrain. Ces actions simples à mettre en place sont une véritable opportunité pour restaurer la biodiversité mais aussi pour sensibiliser les habitants, en faisant comprendre qu’ils ont la chance d’avoir telle ou telle espèce sous les yeux. Ce sont ces premières actions qui auront ensuite une résonnance à l’échelle du pays puis des pays frontaliers etc. »