Avant le 29 janvier, donnez votre avis sur les orientations de ce plan fixé pour 6 ans et sur les tirs envisagés de 40 loups.

Loup gris (Canis lupus ) – Denis Simonin /  LPO IsèreLoup gris (Canis lupus ) – Denis Simonin / LPO Isère

Une nouvelle fois, l’État s’apprête à prendre des arrêtés autorisant les tirs de destruction contre le loup, et ceci dans des proportions plus grandes (4 loups supplémentaires tués). En outre, dans le cadre de ce nouveau plan loup, qui court jusqu’en 2023, de nouvelles dérogations aux tirs de défense pourraient être accordées quitte à dépasser ce quota de 40 loups tués. La situation est d’autant plus grave que la population du loup en France atteint un seuil critique alors même qu’il est strictement protégé. Pour rappel, le loup est inscrit sur la liste rouge des espèces menacées de l’UICN en Europe. Et ce n’est pas tout : l’Expertise scientifique collective sur le devenir de la population de loups en France publiée en mars 2017 révèle que la multiplication des tirs menace la viabilité de sa population en France. Heureusement, il est encore temps d’agir en participant aux deux consultations publiques. Vous pouvez, si vous le jugez utile, vous inspirer de l’avis de la LPO.

Sur le projet de plan d’action national 2018 – 2023 sur le loup et les activités d’élevage

La LPO émet quelques critiques ….

  • Ce nouveau plan loup reste très axé sur la destruction par les tirs de loups (cf. l’arrêté de 40 loups à abattre en 2018) comme solution, destruction dont l’efficacité n’est pas prouvée et les chasseurs restent toujours sollicités pour mettre en œuvre ces destructions (cf. les différents rapports scientifiques récents). Le Plan d’actions national aurait dû renverser le paradigme et mettre l’accent sur l’amélioration des mesures de protection des élevages et d’effarouchements et évaluer l’efficacité des tirs plutôt que de renouveler l’organisation de ces destructions, sous la pression des organismes professionnels agricoles (cf. CP FNSEA).
  • L’effarouchement devient une solution secondaire et expérimentale limitée aux Parcs Nationaux, Parcs Naturels régionaux et Réserves naturelles en lien avec des éleveurs volontaires. Il peut s’avérer plus efficace en inculquant au loup un réflexe d’évitement des troupeaux.

… et interrogations

  • Le plan loup annonce garantir un seuil de 500 loups à l’issue du sexennat pour assurer la viabilité sur le long terme de l’espèce, prétendant que c’est ce qu’il ressort de l’expertise de l’ESCO. Or ladite expertise précise que ce chiffre constitue « l’effectif efficace » correspondant au nombre minimum d’animaux reproducteurs et, si l’on tient compte des loups non reproducteurs, l’effectif minimal serait de l’ordre de 2500 à 5000 individus.
  • En outre, qu’adviendra-t-il ensuite quand ce seuil de 500 loups sera atteint ? Ce qui pourrait être atteint dans les prochaines années. Aucun loup supplémentaire ne sera accepté sur le territoire français ? Il reste pourtant de nombreux territoires favorables à l’installation de l’espèce (superficie, proies disponibles), notamment dans les grandes forêts de plaine. En montagne, le seul noyau de reproduction vit dans les Alpes. Bien que l’espèce soit présente dans le massif Central et les Pyrénées depuis près de 20 ans, aucune reproduction n’a été constatée. Et dans les Vosges, aucune reproduction n’a été détectée en 2017.
  • La généralisation de la procédure déclarative des dommages par les éleveurs eux-mêmes, sans constat d’un professionnel risque de conduire à une surévaluation des dommages attribués au loup.
  • La mise « en œuvre d’une gestion adaptée sur certains fronts de colonisation en vue de préserver les activités pastorales ». « Dans ces zones, la gestion aura pour but de freiner l’expansion du loup. Ainsi, les tirs de défense et de prélèvement pourront être autorisés sans mesures préalables de protection des troupeaux ». Les pouvoirs publics préparent-ils ainsi des zones où le loup serait persona non grata ?

Exprimez-vous sur le projet de plan loup 2018-2023 en disant non aux abattages annuels, déposez votre commentaire. Évitez les copier-coller qui sont considérés comme une seule et même réponse.

Sur les 2 projets d’arrêtés relatifs aux tirs de 40 loups en 2018

Le cadre actuel d’intervention sur la population de loup était constitué jusqu’alors de l’arrêté cadre du 30 juin 2015  et d’un arrêté annuel « plafond » dans lequel figue le nombre maximum de loups pouvant être détruits pour prévenir les dommages importants aux troupeaux domestiques et à condition qu’il n’existe pas d’autres solutions satisfaisantes et que les opérations ne nuisent pas au maintien du bon état de conservation de la population de loups. Ce plafond est fixé par le ministère en se fondant sur les données du suivi hivernal de la population de loup fournies par l’ONCFS.

Il s’agit dans un premier arrêté de remplacer l’arrêté cadre de 2015 à la lumière du bilan du précédent plan Loups et dans le second arrêté de fixer les plafonds de tir pour 2018. Le contenu de ces arrêtés est donc déterminant car il réglemente les conditions et les limites dans lesquelles les effarouchements et les destructions du loup peuvent être autorisés par les préfets.

Pour le projet d’arrêté « cadre »

Si on peut apprécier la limitation des tirs de prélèvement à la période 1er septembre- 31 décembre et principalement sur les zones ayant subi de nombreuses attaques ; l’obligation d’envoyer chaque année à la DDT le registre de tirs, nécessaire pour justifier la délivrance d’autorisation de tir de prélèvements ;

Ce que la LPO conteste :

  • La possibilité d’abattre les loups toute l’année y compris en période de reproduction et d’élevage des jeunes (le précédent arrêté interdisait le tir entre le 1er mars et le 30 avril).
  • La généralisation et la facilitation des tirs de défense sur tout le territoire et sans qu’aucune attaque n’ait été constatée sur les troupeaux.
  • La faculté de tir de défense simple avec une arme létale autorisée pour une durée de 5 ans, sans aucune condition d'attaque ou de dommage, alors que la loi conditionne ces tirs à l'existence de dommages importants.
  • La faculté de tir de défense renforcé autorisée pour une durée de 3 ans, indépendamment de l'existence d'attaque sur le troupeau concerné.
  • Le maintien des opérations de tirs de prélèvements même si les troupeaux ne sont plus exposés au risque de prédation du loup.
  • La possibilité conservée de tirs de prélèvements renforcés par les chasseurs à l’occasion de battues aux grands gibiers réalisées dans le cadre de chasse ordinaire, à l’occasion de battues administratives ou de chasses à l’approche ou à l’affût de grands gibiers.
  • Le régime spécifique et dérogatoire applicable sur les fronts de colonisation qui dispense les éleveurs de toute protection de leur troupeau et permet de recourir aux tirs de défense et de prélèvement.

Pour le second projet d’arrêté « plafond »

La LPO critique le « plafond «  de tir des loups encore en augmentation. Du 1er janvier au 31 décembre 2018, 40 spécimens de loups pourront de nouveau être abattus soit 4 de plus que la précédente saison qui fixait un plafond national de tir de 36 loups. Ce quota pourra par ailleurs être revu à la hausse en cours d’année s’il s’avère rapidement atteint. Ainsi, il pourra être actualisé au printemps, une fois que le nouvel effectif moyen de loups, fourni par l’ONCFS, sera connu.

En outre, 35 loups ont déjà été abattus en application de l’ancien arrêté qui courait de juillet 2017 à fin juin 2018. Ce projet autorise à nouveau l’abattage de 40 loups de janvier à décembre 2018. Cette période de recouvrement entre les deux arrêtés va donc autoriser potentiellement la destruction de 75 loups (35 + 40) avant fin juin 2018, soit plus de 20% de la population !

Ensuite à compter de 2019,  le nombre de destructions autorisées de loups est fixé à 10% de l’effectif moyen de loups estimé. Ce pourcentage ne permettra pas à la France de garantir la croissance et l’état de conservation favorable du loup sur notre territoire, conformément à nos engagements européens, mais permettra seulement d’éviter son extinction. Prélever 10% de la population des loups de France ne permettra pas de garantir une viabilité à long terme de l’espèce, tel que le précise l’expertise ESCO pourtant invoquée par les ministères.

De surcroit, cet arrêté prévoit en son article 3 que les préfets pourront augmenter au-delà de 12% le nombre de destructions autorisées, sans aucune limite ! Cette possibilité offerte aux préfets en cas de « situation exceptionnelle », notion non définie, vide de sens la notion de plafond à ne pas dépasser pour garantir, soi-disant, la viabilité de la population.

En outre, en cas de situation exceptionnelle, afin d’assurer en permanence la protection des troupeaux domestiques, les tirs de défense simple pourront être autorisés par le préfet au-delà du plafond de destruction de 12%, sans aucune limite.  Quid alors de la notion de plafond de 10 à 12% visant à garantir la viabilité de la population et alors  vidée de son sens ?

Les tirs de loups ne sont pas un moyen de protection des troupeaux et ne font pas baisser la prédation. La preuve en chiffres : en 2017, des dizaines de loups ont été tués et la prédation attribuée au loup a augmenté (Selon les chiffres de la DREAL 9 930 animaux indemnisés en 2016 contre 11 740 en 2017). Les tirs n’ont donc pas démontré leur efficacité.

Par contre, la protection des troupeaux  est efficace même si elle est contraignante. C’est ce que démontre le rapport TERROIKO de mai 2016 qui a évalué l’efficacité des moyens de protection des troupeaux domestiques contre la prédation du loup pour la période 2009-2014.

Alors pourquoi continuer à mener une politique de tirs qui ne marche pas mais qui contente la FNSEA et le lobby agricole qui en demande toujours plus (cf leur CP sur le site de la FNSEA)

Dites là encore STOP aux tirs de loups en déposant un commentaire. Évitez les copier-coller qui sont considérés comme une seule et même réponse.

Nous vous invitons à partager cet appel à mobilisation au plus grand nombre.

Merci d’avance de votre mobilisation aux côtés de la LPO en faveur du loup.

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