Les chauves-souris sont de redoutables prédateurs de papillons ravageurs de la vigne. Et la Nouvelle-Aquitaine vient de le prouver !
La LPO Aquitaine coordonne depuis l’année dernière une étude sur le comportement des chauves-souris dans les vignes de France. L’objectif ? Savoir si elles mangent des ravageurs de la vigne et en quel nombre. La première phase vient de se terminer et les résultats sont éloquents !
Les chauves-souris sont-elles une alternative aux pesticides ?
Une présence élevée d’effectifs
Fruit de la collaboration entre le CIVB et la LPO Aquitaine, cette étude a été menée sur 23 parcelles en Gironde, au cœur de la vigne bordelaise et avec l’appui de l’INRA et du bureau d’études Elyomis. Elle révèle une présence importante des chauves-souris sur ce territoire : sur les 22 espèces observées dans la région, 5 ont été identifiées sur toutes les parcelles et 19 ont été dénombrées sur une parcelle !
Chaque espèce de chiroptère à sa propre empreinte sonore
Grâce aux ultra-sons qu’elles utilisent pour se repérer et chasser, il est possible de les distinguer les unes des autres la nuit et estimer le nombre de proies capturées.
La prédation dépend du nombre de ravageurs
Nous avons ainsi pu découvrir que certaines espèces chassent davantage quand les ravageurs sont plus nombreux. Pour être cependant sûr que les chauves-souris mangent bien des ravageurs et non d’autres insectes, il a fallu examiner leurs déjections. L’INRA a donc analysé du guano de chauves-souris nichant à proximité des vignes, comparé à celui d’individus accueillis à notre Centre de Sauvegarde d’Audenge. Il s’est avéré que leur nourriture était constituée de chrysalides de ravageurs.
Dans les deux cas, les chauves-souris se sont bien nourries d’Eudémis et de Cochylis, qui peuvent localement faire de gros dégâts sur les vignes. À chaque prolifération, les viticulteurs doivent alors pulvériser des insecticides sur la parcelle concernée. Les chauves-souris pourraient être une alternative bien plus écologique et moins coûteuse, à condition qu’elle soit viable. Les viticulteurs pourront alors être incités en toute connaissance de cause à les aider et les protéger, diminuant d’autant leur usage de substances nocives.
Comment et pourquoi les faire venir chez soi
Vous aussi pouvez leur venir en aide ! Si vous disposez de combles ou d’un grenier, vous pouvez faire aménager une chiroptière. Cette petite ouverture protégée dans le toit permettra aux chauves-souris de venir s’installer sous votre toiture pour leur permettre d’aller et venir comme elles veulent. Si vous stockez des meubles ou des cartons, une simple bâche les protégera des souillures des chauves-souris. Mais ne les jetez pas ! Ce guano est un excellent engrais, sa puissance est telle qu’il doit être dilué pour être utilisé.
Vous pouvez aussi fixer solidement des nichoirs à votre maison, elles pourront y dormir à l’abri en journée. Même l’arrière d’un volet leur convient !
Les travaux sont possibles avec les chauves-souris, mais il vaut mieux éviter de les faire en été (naissance et élevage des petits de mai à août) et de jour (elles se reposent). Si vous avez des travaux de ravalement de façades à faire, souvenez-vous que le simple espace entre deux pierres peut servir de gite à une pipistrelle.
Il faudra parfois vous armer de patience, les chauves-souris sont prudentes et peuvent prendre du temps à venir s’installer. Mais ce seront alors des hôtes discrets et fidèles au gîte, en plus de vous rendre un précieux service écosystémique. Une pipistrelle peut par exemple manger 600 moustiques par nuit !
Plus d’informations
Cohabiter avec la chauve-souris, c’est possible ?
Pour être au cœur des actions LPO, inscrivez-vous à la photo de la semaine