Vendredi 1er juin, en pleine période de nidification, plus de 200 Choucas des tours ont été abattus au fusil dans la ville de Quimperlé sous les yeux effarés des passants, adhérents ou non à la LPO. Un véritable ball-trap urbain décrété par la préfecture avec l’aval de la commune. La LPO dénonce vigoureusement ce genre de pratique aussi inutile que cruelle.
arrêté préfectoral fixant à 2000 le nombre de choucas pouvant être tirés cette année dans le Finistère avec une possible extension jusqu’à 5000.
Cette destruction intervient dans le cadre d’unLe Choucas des tours est pourtant une espèce protégée par l'arrêté ministériel du 29 octobre 2009 fixant la liste des oiseaux protégés sur l'ensemble du territoire. Dans le cadre de la Directive Oiseaux 2009/147/CE du 30 novembre 2009, il est inscrit à l’annexe II partie B qui recense les espèces chassables dans les pays qui en font la demande. Ainsi, pour le Choucas des tours, seuls 9 des 28 états membres de l’UE l’ont désigné comme espèce chassable et pas la France !
Une dérogation peut être délivrée sous 3 conditions : s'il n'y a pas d'autres solutions alternatives satisfaisantes, si la destruction ne nuit pas au maintien dans un état de conservation favorable des populations des espèces concernées dans son aire de répartition naturelle et pour le cas spécifique au choucas, en apportant la preuve qu’il s’agit de prévenir des dommages importants, notamment aux cultures.
Certes les populations de choucas ne s’effondrent pas contrairement à un grand nombre d’espèces des cultures (moins 30% ces 20 dernières années). Mais est-ce une raison pour le massacrer de la sorte en pleine période de nidification ?!
La ville est son domaine puisque cavernicole, il est parfaitement adapté aux monuments. Ne peut-on supporter quelques cris ou fientes ? N’y-a-t-il pas d’autres gênes plus importantes en ville ?
Il cause des dégâts agricoles ? Lesquels, à quelle échelle ? Et si certaines pratiques agricoles intensives étaient à réinterroger ?
Depuis l’établissement d’un groupe de travail départemental concernant cette espèce, les services de la préfecture naviguent à vue et décrètent un quota de prélèvement de manière aléatoire à partir d’estimations de populations très fantaisistes.
Les moyens de limiter les problèmes existent sans aller jusqu’à de tels extrêmes.
La LPO préconise[1] en premier lieu de connaître les effectifs réels des populations de choucas avant d’autoriser des tirs massifs et surtout d’évaluer leur efficacité et effets sur l’état des populations et sur les dégâts.
Concernant les risques agricoles, il est indispensable de mener en simultané des actions de protection des cultures : il existe des systèmes de protection efficaces (protection et fermeture des ensilages avec bâches épaisses, effarouchements pyro-optiques « effraie ») à mettre en place avec l’aide des FGDON.
Il convient aussi de vérifier les cas concrets de semis qui ont été préventivement protégés sans résultats et de préconiser les semis en profondeur.
S’agissant des risques en villes liés aux nids de choucas dans les conduits de cheminée, la possibilité de placer des chapeaux ou du grillage au sommet est à promouvoir auprès des municipalités pour limiter leur installation.
[1]En s’appuyant sur les recommandations de Philippe Clergeau, professeur au Muséum national d'histoire naturelle et expert-consultant en écologie urbaine.