Retour sur les comptages des oiseaux d’eau de janvier à travers le témoignage de quatre coordinateurs basés en France et en Macédoine.
En France
Finistère Nord (Sites du Lac du Drennec et de la Baie de Goulven-Anse du Kernic)
« Le comptage a été effectué par sept bénévoles le dimanche 7 janvier 2018 au matin par de très mauvaises conditions météorologiques. Cette année, nous constatons que très peu d’oiseaux d’eau sont présents sur le site de comptage contrairement aux années précédentes, à l’exception des laridés. Nous sommes nettement sous le seuil des 10 000 oiseaux comptabilisés. Le vent fort et la pluie qui s’abattaient ce jour-là n'expliquent pas à eux seuls cette chute des effectifs, puisque nous avons obtenu les mêmes résultats ultérieurement avec de meilleures conditions de recensement.
Aucune espèce n'atteint cette année le seuil d'importance internationale (1% de la population Est-Atlantique), toutefois nous constatons des effectifs historiquement bas pour le Canard siffleur, la Sarcelle d'hiver, le Canard colvert, le Grand gravelot, le Vanneau huppé, la Barge rousse, le Bécasseau variable, les Chevaliers gambettes et aboyeurs, ainsi que pour le Tournepierre à collier ».
Sébastien Mauvieux, Bretagne Vivante Ornithologie
Côtes d’Armor
« Cette année, la marée du 15 janvier ne permettait pas un comptage à cette date. Le comptage a donc eu lieu entre le weekend du 10 et le weekend du 20 janvier sur des sites du littoral et sur les estuaires du département. Pour autant le vent, le temps couvert et la pluie qu’il a y eu sur cette période n'ont pas facilité l'organisation et les journées favorables au recensement étaient rares.
Une cinquantaine de participants ont sillonné les côtes costarmoricaines. Ils ont dénombré 49 088 oiseaux de soixante-cinq espèces différentes. Parmi eux, 24 716 limicoles, chiffre comparable à l’année 2017 mais qui reste bas par rapport à la moyenne 2000-2017 de 28 093 oiseaux. Les anatidés restent en fort effectif avec 17 090 individus, chiffre supérieur à la moyenne 2000-2017 de 15 298 individus. 60% de cet effectif est constitué par les Bernaches cravant. Pour cette espèce deux sites dépassent le seuil d’importance Européenne de 2 145 oiseaux: les baies de Paimpol et de Saint-Jacut/La Fresnaye.
Alors que les sites littoraux abritaient des espèces variées, la diversité est faible chez les anatidés observés dans les étangs intérieurs où séjournent principalement des Canards colverts, des Foulques macroule, ainsi que quelques Sarcelles d'hiver et Fuligules morillons.
Le Groupe d'Études Ornithologiques des Côtes-d'Armor (GEOCA) a également fait plusieurs observations de Hérons garde-bœufs dont un dortoir de plus de 200 individus. L'espèce semble hiverner de plus en plus dans la région ».
Magali Combes et Irène Nègre, GEOCA
Hérault
« Le département de l’Hérault comporte un lot important de lagunes littorales, de marais périphériques et plusieurs fleuves côtiers. Depuis de nombreuses années, dix-sept bénévoles appartenant à trois structures à savoir, le Conservatoire d’Espaces Naturels du Languedoc-Roussillon, la LPO Hérault et l’ADENA-Bagnas assurent en partenariat avec la Fédération de pêche de l’Hérault (cinq participants), l’ONCFS 34 (trois participants) et la Fédération des Chasseurs (un participant) le recensement simultané des dortoirs de cormorans sur l’ensemble de ce territoire.
Au total, sans intégrer les dortoirs, ce sont 41 450 oiseaux d’eau appartenant à cinquante-huit espèces qui ont été recensés. Plus en détail, environ 7 000 anatidés ont été comptés dont les trois-quarts, à l’exception des tadornes, stationnaient sur deux sites seulement : Bagnas et Vendres. La pluie abondante de début janvier couplée à la masse d’air arrivant de la mer rendait les eaux de certaines lagunes habituellement fréquentées par des limicoles, trop agitées, réduisant ainsi considérablement les effectifs.
Par ailleurs, l’effectif de Foulque macroule est très faible par rapport à celui des années précédentes, notamment sur l’étang de Vendres où seulement 2 300 individus ont été dénombrés contre 10 à 12 000 en 2016 et 2017 ».
Patrice Cramm, CEN Languedoc-Roussillon
À l’international
Macédoine
« Cette année dix participants ont dénombré 28 005 oiseaux de vingt espèces différentes. Contrairement aux années précédentes, le temps a été très clément dans ce petit pays dont la superficie est comparable à celle de la Normandie. La Foulque macroule est l’espèce majoritairement présente sur les sites de recensement. le Fuligule morillon était quant à lui présente en gros effectifs sur le Lac Prespa. Quelques espèces rares ont été observées telle que la Guifette moustac sur le Lac de Dojran. Les effectifs totaux sont très bas en 2018, avec moitié moins d’oiseaux qu’habituellement, cela est probablement dû aux conditions climatiques défavorables puisque des températures exceptionnellement chaude ont marqué cette période de l’année ».
Danka Uzunova, Société d’Ecologie Macédonienne
Les pays africains bordant la voie de migration Est-Atlantique ont publié la compilation de leurs résultats dans le document accessible au lien suivant: National Census Reports East Atlantic Africa 2017.