Une thèse basée sur vos observations vient de prouver que les oiseaux des champs profitent eux aussi du nourrissage en hiver !
On sait que les populations françaises d’oiseaux spécialistes du milieu agricole (comme l’Alouette des champs ou la Linotte mélodieuse) déclinent dans nos campagnes. Selon une étude récente du Muséum national d’Histoire naturelle et du CNRS, 1 oiseau des campagnes sur 3 à disparu en 15 ans ! Les raisons de cette diminution généralisée des populations sont mal connues, mais on en sait désormais un peu plus grâce à la thèse de Pauline Pierret[1], réalisée au sein du MNHN avec les données de l’Observatoire des oiseaux des jardins.
On peut faire avancer la recherche en comptant des oiseaux ?
C’est possible avec Oiseaux des jardins, un programme de sciences participatives que nous portons avec le MNHN. Son objectif ? Permettre à chacun de transmettre les observations d’oiseaux réalisées dans son jardin pour aider la science à mieux les comprendre. Depuis son lancement en mars 2012, c’est ainsi plus de 2 500 000 données qui ont été collectées dans plus de 35 000 jardins !
Que vous comptiez dans votre jardin ou dans un lieu public (un square ou une partie d’un parc par exemple), c’est votre implication qui a rendu cette thèse possible.
Comment vos données ont permis à Pauline de faire sa thèse
Elle est bien sûr partie d’une hypothèse : les oiseaux spécialistes des milieux agricoles viendraient se nourrir plus fréquemment dans les jardins en hiver, lorsque les jardins se trouvent en zone d’agriculture intensive. En effet, devant l’absence de ressources alimentaires dans les zones d’agricultures intensives durant l’hiver, les oiseaux viendraient chercher une nourriture de substitution dans les jardins.
Durant trois ans, elle a basé ses travaux sur l’analyse des données issues de l’Observatoire des oiseaux des jardins, et peut aujourd’hui vérifier son hypothèse.
Alors, vrai ou faux ?
Son intuition était bonne ! En s’intéressant aux jardins en milieu rural et à l’intensité des pratiques agricoles les entourant, et en croisant tout cela avec les populations d’espèces d’oiseaux présentes, elle a pu confirmer son hypothèse de départ.
Ainsi, plus les pratiques agricoles entourant les jardins sont intensives, plus certaines espèces d’oiseaux des campagnes viennent se nourrir aux mangeoires dans les jardins durant l’hiver. C’est particulièrement le cas pour le moineau friquet, certaines espèces de bruant (jaune et zizi) et la linotte mélodieuse, des oiseaux considérés comme spécialistes des milieux agricoles. Dans ces zones d’agriculture intensive, plus aucune graine n’est présente durant la saison hivernale car les zones de jachère, par exemple, n’existent plus.
Le nourrissage hivernal représente ainsi une solution valable pour la conservation de ces espèces, en particulier dans des milieux pauvres en nourriture à cette saison.
Ces conclusions ont été présentées au siège de la LPO à Rochefort, en février dernier.
L’occasion d’annoncer que ces travaux vont se poursuivre, notamment afin de connaitre l’impact d’autres facteurs (composition du jardin, météo, changements climatiques…). Pour ce travail, de nombreuses données seront nécessaires, votre participation reste donc essentielle.
Ces recherches n’auraient pu voir le jour sans l’action de tous, merci à vous !
Plus d’informations
Découvrez l’ensemble de la présentation en vidéo
Participez à l’Observatoire des oiseaux des jardins !
Oiseaux des jardins, un programme porté par la LPO et le Muséum national d’Histoire naturelle dans le cadre des programmes VigieNature
Avec le soutien financier de Bluegreen, CEMEX, Unis Cartouches et Cidou Bio
Thèse réalisée avec le soutien financier de DIM ASTREA, la Région Île-de-France et le CESCO
[1]Durant son Master d’Ecologie, Biodiversité et Evolution (spécialité Conservation de la Biodiversité) à l’Université Pierre et Marie Curie, Pauline Pierret s’est intéressée à divers sujets touchant les oiseaux, comme les effets de la pollution sur les Pigeons biset ou interactions des oiseaux aux mangeoires en hiver. Elle a donc tout naturellement poursuivi son cursus par la réalisation d’une thèse sur les oiseaux et leur lien avec l’agriculture intensive, au sein du Muséum national d’Histoire naturelle.