Cette espèce extrêmement rare a été sauvée de justesse de l'extinction !
Une espèce rare victime du changement climatique et de prédateurs envahissants
C'est sur îlot Raso du Cap Vert, de seulement 7 km2, que vit actuellement l'Alouette de Raso (Alauda razae, en Danger Critique d'Extinction, statut UICN mondial CR). C'est l'un des oiseaux les plus rares du monde, victime du changement climatique et de prédateurs envahissants. En effet la pluviométrie variable selon les années influence fortement la disponibilité en nourriture pour vivre et se reproduire. En 2004, après plusieurs années consécutives de sécheresse, l'Alouette de Raso était proche de l'extinction, avec une population de seulement 60 oiseaux. L'introduction par l'Homme de prédateurs tel que le chat et le rat constituent également une grande menace pour les oiseaux nichant au sol comme notre alouette.
Ainsi en 2015, après que l'ouragan Fred ait frappé le Cap Vert, Tommy Melo (président de Biosfera, ONG capverdienne), a alerté sur l'urgence de la situation et de la nécessité de créer une deuxième population sur une autre île afin de donner une chance de survie beaucoup plus grande à cette espèce.
Réintroduite sur l'Île de Santa Luzia
Des fossiles trouvés sur l'Île de Santa Luzia et d'autres îles capverdiennes ont montré que l'alouette avait une répartition beaucoup plus étendue avant le début de la colonisation humaine au 15e siècle.
Ainsi en 2013, les travaux de préparation de Santa Luzia pour la réintroduction de l'alouette ont commencé. Cette île, abandonnée par les humains dans les années 1970 (à l'exception de quelques abris temporaires utilisés par les pêcheurs), et avec une végétation similaire à Raso, était un choix clair pour la création d'un futur bastion de l'espèce, une fois les espèces envahissantes enlevées.
En 2018, après quelques années de pluies qui ont permis à la population d'Alouettes de Raso de retrouver un niveau record depuis 2004 de plus de 1 000 oiseaux, il était temps pour que commence sa réintroduction sur Santa Luzia.
Un projet financé par le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF)
Le projet n'aurait pas pu aboutir sans le soutien financier du Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF). Une équipe composée de biologistes de la SPEA (BirdLife Portugal), de la Biosfera, de BirdLife, du gouvernement capverdien et de l'Université de Cambridge a récemment capturé une trentaine d'Alouettes de Raso pour les transporter et les relâcher sur l'île Santa Luzia (voisine et cinq fois plus grande que Razo).
Nous espèrons que les Alouettes de Raso établiront une nouvelle population sur Santa Luzia qui pourra un jour dépasser celle de Raso.
Cette réintroduction fait également partie d'un projet plus vaste de Biosfera celui de convertir les îles Desertas de Raso, Branco et Santa Luzia en Aire Marine Protégée pour préserver l'ensemble de la faune, y compris les tortues en voie de disparition, les oiseaux marins endémiques et les lézards.
Les alouettes relâchées sur Santa Luzia ont été baguées et équipées d'émetteurs radio afin que l'équipe de gestion puisse suivre leurs mouvements, comprendre leurs interactions sociales et leurs préférences d'habitat, mais également pour apporter des éléments afin de mieux définir les futures actions de conservation.
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Le projet Desertas-Gestion durable du parc marin Santa Luzia a été initié en 2017, avec le soutien financier de la Fondation MAVA à SPEA et Biosfera, visant le rétablissement durable des habitats et la protection de la biodiversité menacée des Aires Marines Protégées d'Ilhéu Raso, Branco et Santa Luzia. Merci au Fonds de Partenariat pour les Ecosystèmes Critiques (CEPF) d'avoir soutenu Biosfera et SPEA de 2013 à 2015 pour l’évaluation de la faisabilité de cette réintroduction révolutionnaire. La LPO a géré la mise en œuvre des projets CEPF au Cap Vert en sa qualité d’équipe de mise en œuvre régionale.
Merci également au gouvernement du Cap Vert pour son soutien institutionnel et à Sea Shepherd pour son soutien logistique.
Plus d’informations sur www.birdlife.org/cepf-med.
Le Fonds de partenariat pour les écosystèmes critiques (CEPF) est une initiative conjointe de l’Agence Française de Développement (AFD), de Conservation International (CI), de l’Union Européenne, du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM), du gouvernement japonais, de la Fondation John D. et Catherine T. Mac-Arthur et de la Banque mondiale. La Fondation MAVA apporte également son soutien pour le bassin méditerranéen. L’un des objectifs primordiaux du CEPF est de garantir que la société civile participe à la conservation de la biodiversité. Pour plus d’informations sur le CEPF : www.cepf.net.