Même si elle est toujours en danger d’extinction, l’espèce se porte mieux chaque année et va bénéficier d’un nouveau programme de lutte contre l’électrocution (AQUILA a-LIFE) lancé cette année !

aigledebonelli emilebarbelette 650Aigle de Bonelli (Aquila fasciata) - Crédit photo : Émile Barbelette

Espèce emblématique des milieux méditerranéens, l’Aigle de Bonelli se faisait de plus en plus rare en Espagne. Plusieurs programmes de sauvegarde franco-espagnols ont donc été lancés et, avec l’appui de l’Europe, lui ont permis de redresser ses effectifs.

Comment les programmes LIFE peuvent pérenniser une action déjà en place

Dès 2011, le Centre de reproduction UFCS-LPO Vendée (sous la responsabilité d’un passionné, Christian Pacteau) a participé à la protection de l’Aigle de Bonelli en Espagne en offrant des aiglons nés en captivité. De 2013 à 2017, l’Europe a validé notre action en finançant un programme LIFE, intitulé LIFE Bonelli et mené par le GAN (Gestion environnementale de Navarra S.A.). Son objectif ?  Renforcer la population espagnole de l’Aigle de Bonelli dans différentes provinces espagnoles (Castille, Navarre, Majorque), objectif atteint en quelques années avec la réintroduction de 92 aiglons, dont 44 élevés en captivité en France !

Un second programme baptisé AQUILA a-LIFE et mené par le GREFA (Grupo para la Rehabilitación de la Fauna Autóctona y su Hábitat) a pris le relais depuis janvier 2018, en étendant son champ d’action à l’île de Sardaigne et en renforçant la prise en compte des lignes électriques,  une des principales causes de mortalité de l’aigle de Bonelli. 477 pylônes avaient déjà été neutralisés, mais ce n’est pas suffisant ! C’est l’une des raisons du lancement de ce programme, qui va d’ailleurs bénéficier à d’autres espèces sensibles au risque des lignes électriques (Aigle royal et Aigle botté par exemple). Il va aussi s’attacher à la collaboration entre plusieurs acteurs afin d’augmenter la prévention des risques d’électrocution: compagnies d’électricité, administrations locales, experts, associations de protection de l’environnement…

La LPO et le centre de reproduction UFCS-LPO Vendée poursuivent leur collaboration à ce programme, dont la réussite sera d’ailleurs optimisé par notre association à 5 partenaires situés en Espagne et en Italie : le GREFA  qui coordonne le projet depuis Madrid, la DFA-AFA (Diputación Foral de Alava - Arabako Foru Aldundia) au Pays Basque espagnol, le FNP (Fundació Natura Parc) à Majorque, le GAN-NIK à Pampelune et l’ISPRA à Rome (Istituto Superiore per la Protezione e Ricerca Ambientale). Les jeunes aigles réintroduits ont ainsi la garantie d’être localement suivis et si nécessaire assistés !

La reproduction en captivité, une solution de dernier recours pour des espèces risquant localement l’extinction

Les résultats spectaculaires du centre UFCS-LPO Vendée ne sont pas liés au hasard : ils sont le fruit de 40 ans d’expérience basée sur une approche éthologique (étude du comportement et des mœurs des animaux). Ce centre a ainsi vu naître 70 poussins, donc 59 ont pu être élevés. Aux 40 poussins donnés au premier LIFE Bonelli, 9 autres ont été donnés au second Aquila a-LIFE en 2018.

Le responsable a d’abord dû établir les bases éthologiques d’un protocole de reproduction fiable.  Il a aussi dû tenir compte de la stratégie de reproduction lente (dite stratégie K) des Aigles de Bonelli : un couple ne pond que deux œufs par an ! En captivité, les oiseaux réalisent une deuxième  ponte. Le dernier enjeu fut de mettre en œuvre un protocole d’élevage développant l’autonomie alimentaire, base de l’indépendance nécessaire à ces poussins pour leur retour à la vie sauvage.

Toutes ces précautions paient, Majorque qui n’avait plus vu d’Aigles de Bonelli depuis plus d’un demi-siècle compte aujourd’hui 27 individus installés dont pas moins de sept couples établis !

Des résultats encourageants pour les jeunes de cette année !

Les oiseaux sont réintroduits en imitant la nature. Ils sont installés dans un nid artificiel ou naturel suffisamment jeunes pour pouvoir le mémoriser et s’y attacher. Après son premier envol, le jeune y revient naturellement pour s’alimenter des proies déposées à son attention, sur des plateformes élevées. Durant cette période de plusieurs mois, il se forme un corps d’athlète indispensable à sa survie lorsqu’en septembre - octobre il rompt tout lien avec son nid et devient totalement indépendant.

C’est le cas des neuf poussins nés cette année. Les jeunes les plus âgés (1ère ponte) sont déjà volants en Navarre et Alava, en Espagne, les 4 derniers sont en voie d’émancipation à Nuoro en Sardaigne. Une occasion unique pour les spécialistes de découvrir leur périple : ils sont en effet tous bagués et dotés d’une balise GPS (dite Argos). Voyageurs infatigables, leurs pérégrinations les conduisent à explorer très tôt toute la péninsule Ibérique, voire à s'aventurer par-delà la Méditerranée jusqu’en en Afrique !

Bon vent à eux !

Plus d'informations

Consultez le communiqué de presse