Ensemble mobilisons-nous avant le 27 juin pour modifier la liste des mammifères et des oiseaux qui pourront être tirés et piégés dans de terribles conditions.

La belette fait partie des espèces menacées de disparition sur le territoire. Elle continue pourtant à être tirée et piégée - Crédit photo : Gilles BentzLa belette fait partie des espèces menacées de disparition sur le territoire. Elle continue pourtant à être tirée et piégée - Crédit photo : Gilles Bentz

Le ministère de l’écologie vient d’ouvrir une consultation relative aux « espèces d’animaux classés susceptibles d’occasionner des dégâts ». Qui sont-ils ? Les plus connus sont le renard, le corbeau, la pie et la belette.

Vous avez jusqu’au 27 juin pour donner votre avis. Nous vous invitons à remettre en question la liste proposée. Voici des arguments pour vous aider à rédiger vos propres commentaires.  Lien vers la consultation.             

Un texte rétrograde  

L’arrêté aurait dû être modernisé en tenant compte des évolutions des mentalités et demandes sociétales : souffrance animale et conditions de piégeage, déclin de la biodiversité dans son ensemble, désuétude de la distinction entre animaux utiles et nuisibles… Ce n’est pas le cas, loin de là. Est-il par exemple normal au 21e siècle d’autoriser la destruction des espèces en période de dépendance des jeunes ?

Un classement fondé sur des dégâts non avérés ou obsolètes

Les critères de classement des espèces reposent sur la réglementation en vigueur, selon laquelle une espèce doit avoir commis des dégâts importants et actuels pour motiver le classement.

Il faut aussi prendre en compte la jurisprudence du Conseil d’Etat selon laquelle « les dommages peuvent être considérés comme significatifs si leur montant avoisine 10 000€ par an, pour l'espèce et le département considéré ».

Dans le cas présent, le projet d’arrêté maintien de nombreuses espèces sur les listes alors que les dégâts ne sont pas avérés pour les trois dernières années.

Des déclarations prises pour argent comptant

On est en droit de s’interroger sur la véracité des dégâts ou de l’identification des espèces concernées. Qui fait la différence entre les dégâts causés par une fouine et ceux commis par une martre ? Entre une Corneille noire et un Corbeau freux ? L’Etat se contente d’enregistrer des déclarations sans pouvoir en vérifier le fondement, pas plus que la sincérité des montants déclarés.

Une efficacité des régulations jamais démontrée

Aucun élément ne vient démontrer que les destructions massives des dernières années ont effectivement permis de réduire les dégâts économiques. L’impact négatif de ces destructions de grande ampleur n’est jamais évalué non plus. L’argument selon lequel « les dégâts auraient sans doute été pires » en l’absence de régulation n’est pas étayé. Il ne tient pas compte des dynamiques de population des dites espèces, de leurs comportements territoriaux…

La destruction d’espèces utiles aux écosystèmes

La réglementation ne tient pas non plus compte du rôle positif que ces espèces peuvent avoir (prédation rongeurs…).

Ainsi, tous les départements sauf les 92, 93 et 94 font figurer le renard sur la liste. Près d’un million de renards sont tués chaque année en France (entre 400 000 et 470 000 par tir selon l’étudede l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) de 2013-2014, 200 000 par piégeage et autant sur les routes). Cette destruction massive et indifférenciée, sans rapport avec la présence d’élevages, n’est pas efficiente, comme l’ont montré les dernières études de l’ONCFS. Pire, elle est sans doute contre-productive puisqu’elle prive l’agriculture d’un allié de poids : chaque renard consomme environ 4 000 micromammifères par an, dont nombre de campagnols des champs.  Lorsque les prédateurs naturels ont été détruits, l’agriculture lutte contre les rongeurs en utilisant des produits chimiques tels que la Bromadiolone qui pose de nombreux problèmes sur toute la chaine trophique.

L’impact de la destruction des carnivores, pourtant alliés de l’agriculture par la consommation de nombreux rongeurs, n’est pas évalué, ni en termes économiques, ni en termes de santé (utilisation de raticides, facilitation de la diffusion de certaines maladies comme la maladie de Lyme etc.).

Autre exemple, le Geai des chênes, il est proposé de l’inscrire dans 7 départements, contre 4 précédemment, alors qu’il n’y a aucun dégât avéré, pas de présence significative de l’espèce dans les départements en question. Le geai des chênes est pourtant le premier « forestier » de France par le nombre d’arbres plantés (cet oiseau a l’habitude de cacher les graines et d’en oublier un certain nombre).

La destruction d’espèces menacées sur notre territoire

Deux départements (pour le putois) et un (pour la belette) continueraient à piéger et détruire par tir ces deux mustélidés : leur maintien sur la liste nationale n’a plus de raison d’être. Ces animaux doivent être classés sur la liste des espèces protégées, comme c’est déjà le cas dans d’autres pays d’Europe.

Le Président de la fédération départementale des chasseurs du Pas-de-Calais qui est aussi le Président de la Fédération nationale des chasseurs, a obtenu le classement de la belette et du putois dans son département. Cela en dit long sur les lobbies cynégétiques toujours à l’œuvre en France et la volonté de leurs dirigeants de faire perdurer un système archaïque.

Pourtant, le classement du putois est une hérésie : l’espèce a connu un fort déclin ces dernières années, en raison de la régression de son habitat naturel, les zones humides. Cette situation a conduit l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature et le Muséum National d’Histoire Naturelle à classer l ‘espèce sur la liste rouge des mammifères menacés en France et à demander d’urgence des mesures propres à assurer sa protection. Or, le tir et le piégeage contribuent à le fragiliser : plus de 6 000 putois sont tués chaque année. Stopper ces pratiques est une mesure simple à mettre en œuvre et dont les effets sont immédiats.

Il en est de même pour la belette, espèce discrète dont l’état des populations est mal connu. Sa présence sur la liste nationale des espèces susceptibles de causer des dégâts n’est pas justifiée. La prédation de l’espèce sur les élevages est marginale et les mesures de protection des poulaillers sont simples à mettre en œuvre. Au contraire, la belette est extrêmement utile car elle se nourrit essentiellement de rongeurs, qu’elle contribue à réguler.

Merci pour votre mobilisation.