Basé sur une étude de la LPO, un nouvel indicateur permet de suivre l’avancée des dates de migration des oiseaux.

Busard des roseaux - Crédit photo : C. Aussaguel/LPOBusard des roseaux (Circus aeruginosus) - Crédit photo : C. Aussaguel/LPO

Depuis 1987, entre mars et mai, des équipes d’ornithologues professionnels et bénévoles mobilisés par la LPO Aquitaine notent quotidiennement les dates de passages d’une quinzaine d’espèces d’oiseaux migrateurs observés depuis la Pointe de Grave (33), point stratégique avant la traversée de l'estuaire de la Gironde qui concentre un maximum de flux. Le suivi s'effectue du lever au coucher du soleil, et chaque individu détecté est identifié, comptabilisé, son comportement migratoire est déterminé (pour éliminer les oiseaux locaux). Des variables météorologiques et de pression d'observation sont relevées toutes les heures. Pour les passereaux et apparentés, la recherche se fait à l'ouïe ou à la vue (avec identification aux jumelles), tandis que les oiseaux plus volumineux sont recherchés activement aux jumelles puis identifiés si besoin à la longue vue. L’objectif de ce travail est de pouvoir comparer l’évolution dans le temps du timing migratoire à l’aide d’un indicateur calculé par la différence entre la moyenne triennale la plus récente et celle de référence (1987 à 1989). Cet indicateur est désormais utilisé par l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB).

Reproduction précoce

Les conclusions de cette étude révèlent une adaptation des migrateurs aux conditions environnementales changeantes dans les écosystèmes. Parmi les 15 espèces étudiées, 14 affichent un indicateur de valeur négative, avec un décalage moyen de -6 jours sur une période de moins de 30 ans. Ces migrateurs transsahariens reviennent donc plus tôt sur leurs sites de reproduction, dès que les conditions climatiques redeviennent favorables à la nidification en raison du développement de la végétation et d’une abondance d’insectes plus précoces.

Selon le comportement migratoire et la saison de migration (printemps ou automne), certaines espèces peuvent retarder leurs dates de passage, notamment chez les migrateurs partiels qui tendent vers une diminution des distances de migration. Au contraire, d'autres peuvent avancer leurs dates de passage montrant une adaptation aux bouleversements environnementaux, dont les changements climatiques.