Participez avant le 27 juillet 2019 à la consultation du Ministère de la transition écologique et solidaire !
Sous prétexte de « traditions », le Ministère de la transition écologique et solidaire veut, comme les années précédentes, autoriser diverses pratiques cruelles de piégeage de centaines de milliers d’oiseaux.
Il s’agit de :
- la chasse des grives et du merle noir à l’aide de gluaux dans 5 départements de PACA,
- la chasse de l’Alouette des champs à l’aide de pantes et matoles dans 4 départements du Sud-ouest
- la chasse des grives et du merle noir aux tenderies (filets) dans les Ardennes
- ainsi que du Vanneau et du Pluvier doré à l’aide de tenderies toujours dans les Ardennes
11 projets d’arrêtés annuels sont ainsi soumis à la consultation du public jusqu'au 27 juillet pour la saison de chasse 2019-2020.
Nous vous invitons à répondre défavorablement à chacun d’eux.
Vous trouverez pour chaque « chasse » le lien vers la consultation, ainsi que des arguments dont vous pourrez vous inspirer dans votre commentaire sur le site du ministère. Merci vivement et par avance pour votre mobilisation et de faire suivre à vos proches pour qu’on soit très nombreux à réagir !
En quoi consiste le piégeage aux pantes et aux matoles ?
Le piégeage aux pantes consiste à capturer l’Alouette des champs à l’aide de grands filets horizontaux (pantes) disposés au sol et déclenchés au moment opportun par un chasseur qui l’attire grâce à un appelant maintenu « au noir » pendant plusieurs jours.
Le piégeage à la matole consiste à capturer l’Alouette des champs à l’aide de petites cages tombantes (matoles) disposées au sol. Cette technique, également utilisée pour le braconnage des ortolans et des pinsons, reste autorisée dans quatre départements du Sud-Ouest : Landes, Gironde, Pyrénées Atlantiques, Lot et Garonne.
Le quota d’alouettes « offert » par le ministère aux chasseurs est le même que l’an dernier soit 106 500 pour le sud-ouest.
En quoi consiste le piégeage à la glu ?
Le piégeage à la glu consiste à enduire de colle de fins bâtons sur lesquels viendront se poser les grives et les Merles noirs. Les oiseaux capturés serviront ensuite d’appelants pour leurs congénères qui seront tirés par les chasseurs.
Cette technique de piégeage est encore autorisée dans 5 départements de la région PACA (Alpes de Haute Provence, Alpes Maritimes, Bouches du Rhône, Var et Vaucluse) alors qu’elle est interdite dans tous les pays d’Europe depuis les condamnations de l’Espagne en 2004 et celle de Malte en 2017.
La LPO a attaqué au Conseil d’Etat les arrêtés ministériels Gluaux en 2017 (victoire) et en 2018 (recours non encore jugé) et porté plainte auprès de la Commission européenne le 4avril 2019.
Le quota de turdidés « offert » par le ministère aux chasseurs pour 2019 est le même que l’an dernier soit 42 500 pour la PACA.
En quoi consiste le piégeage aux tenderies ?
La tenderie aux vanneaux consiste à attirer les Vanneaux huppés et les Pluviers dorés à proximité de filets horizontaux qui se refermeront sur eux à la commande du chasseur. Pour les faire venir, un vanneau est attaché par la queue à une tige de fer avec une cordelette sur laquelle le chasseur tire afin de le faire crier.
La tenderie au brancher consiste à capturer les merles et les grives à l’aide d’un collet ou « lac », confectionné avec du crin de cheval (selon la « tradition ») et soutenu par une branche sur laquelle est suspendue une grappe de baies (sorbier). Passant le cou dans le « lac » pour atteindre les baies, l’oiseau meurt étranglé lorsqu’il veut reprendre son envol.
Ces pratiques sont encore autorisées dans les Ardennes et le quota de chasse attribué par le ministère pour les grives et merles est de 5 800 et pour les vanneaux et pluviers de 1 230 individus pour 2019, identique à celui de 2018.
Argumentaire général valable pour toutes les pratiques
Ces chasses sont dites « traditionnelles » car elles dérogent aux directives européennes. Elles datent d’une période où les populations rurales avaient besoin de se nourrir de protéines animales à bon compte. Ce n’est plus justifié aujourd’hui. D’autant que le piégeage est difficilement contrôlable, et les pratiques cruelles :
- Difficilement contrôlable : lorsque la police de la nature arrive sur place, si jamais elle arrive, il est souvent trop tard. Et quand bien même, lorsqu’un pinson ou un chardonneret est pris et que le garde arrive, le piégeur a beau jeu de dire qu’il allait le relâcher.
- Cruelle : lors des opérations de contrôle qu’elles conduisent elles-mêmes, les associations ont souvent trouvé des oiseaux blessés voire même morts dans les pièges. Au stress s’ajoutent les heurts physiques du grillage, la souffrance des oiseaux collés par les pattes, par les plumes des ailes, par la queue ou par le corps, et lorsqu’ils sont décollés, aux stress des manipulations, à la violence des collets…
Argumentaire contre l’arrêté ministériel prévoyant le piégeage de l’Alouette des champs aux pantes et matoles dans les départements de la Gironde, des Landes, du Lot-et- Garonne et des Pyrénées-Atlantiques
Les chasseurs du Sud-Ouest ont déclaré n’avoir capturé « que » 92 500 alouettes en 2018 et ajoutées aux 180 000 déjà chassées au fusil, cela représente plus de 272 000 alouettes prélevées par la chasse en France, chaque année [4]. Ce tableau de chasse est irresponsable quand on a conscience du déclin continuel de l’espèce en France (déclin de 33% des nicheurs entre 1989 et 2015[1] et déclin de 46% des hivernants entre 1996 et 2017[2]) et en Europe (déclin de 56% des nicheurs entre 1980 et 2015[3]). De plus, les matoles, ces cages grillagées qui ont servi trop longtemps à capturer des bruants ortolans fin août début septembre, ne sont pas sélectives puisque d’autres espèces comme les pinsons, les verdiers, les chardonnerets et bien d’autres se font prendre et restent souvent des heures prisonnières (perquisition et saisie par l’ONCFS en mars 2019 de 180 matoles et 43 oiseaux vivants chez un landais). Certains oiseaux pourtant officiellement protégés sont blessés, d’autres meurent et souvent alimentent un commerce « local » pour la restauration.
Argumentaire contre le piégeage aux gluaux des grives et Merles noirs aux gluaux dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, du Var et du Vaucluse
Bien entendu, il s’agit d’une pratique non sélective puisque n’importe quel oiseau autre que les grives et merles noirs peut se retrouver englués, ce qui a conduit en 2004 la Cour de justice de l’Union Européenne à condamner l’Espagne qui autorisait une pratique similaire. Malgré l’obligation de relâcher les spécimens d’espèces non ciblées, ceux-ci ont peu de chances de survivre, une fois englués et même après nettoyage, surtout les petits passereaux (mésanges, rouges-gorges, etc.) : articulations démises en se débattant et mutilations, plumes arrachées par la glu, intoxication aux solvants chimiques utilisés pour décoller les oiseaux. Les arrêtés soumis à consultation autorisent le piégeage à la glu de 42 500 grives ou merles noirs pour la saison 2019-2020 comme en 2018 ! Les chasseurs n’étant pas soumis à l’obligation de relâcher les appelants en fin de saison, ce quota s’ajoute à l’important prélèvement de ces espèces par tir au fusil (plus de 2,5 millions de grives de merles noirs en France d’après l’enquête nationale sur la saison 2013-2014[4]).
Argumentaire contre le piégeage aux tenderies (filets) des Vanneaux huppés et des Pluviers dorés ainsi que des merles et grives aux tenderies dans le département des Ardennes (consultation commune aux deux modes de chasse)
La tenderie aux vanneaux
En France, pays qui abrite environ 70% des hivernants d’Europe, la tendance des populations nicheuses (-33% sur 1989-2015) et hivernantes (-48% sur 2000-2017) est alarmante. 1200 vanneaux pourront, cette année encore, être prélevés à l’aide du piégeage au filet (tenderie aux vanneaux) selon l’arrêté projeté alors que ce même quota n’a pas été atteint en 2018 puisque moins de 900 oiseaux ont été tués aux filets et qu’il s’en tue déjà environ 100 000 au fusil chaque saison de chasse. Quant au pluvier doré, le quota de 30 individus est renouvelé même si le prélèvement de 2018 au filet n’a été que de 14 (+ 12 500 par la chasse au fusil [4] ).
La tenderie au brancher
Cette tenderie dite aux grives et merles ne garantit pas que d’autres espèces non ciblées ne se retrouvent prises au piège et la nature même du piège empêche tout relâcher d’une espèce non ciblée et potentiellement protégée, puisque la technique consiste à étrangler l’oiseau. La tenderie au brancher est donc par nature non sélective. En cela elle est contraire au droit européen et l’Etat le sait parfaitement puisque l’arrêté ministériel du 17 août 1989 encadrant ce mode de chasse prévoit que « Tout gibier autre que les grives et merles pris accidentellement dans une tenderie est déclaré dans les vingt-quatre heures » – et non pas « relâché » – à l’ONF ou à la fédération des chasseurs ». Le quota « offert » en 2019 cette année pour le piégeage des grives ou merles noirs aux tenderies est identique à celui de 2018 soit 5 800 individus qu’il faut là encore ajouter 2,5 millions de grives et merles tués au fusil...[4]Lien vers la consultation
[1] Source : Suivi Tenporel des Oiseaux Communs ; MNHN Viginature
[2] Source : Roux, D., Body, G., Eraud, C. & Dej, F. (2017) Suivi des populations nicheuses (1996-2017) et hivernantes (2000-2017). Réseau national d'Observation "Oiseaux de passage". Rapport interne ONCFS, pp. 28. ONCFS, FNC & FDC.
[3] Source : Trends of common birds in Europe, 2017 update ; European Bird Census Council