Un rapport de l’ANSES relativise le rôle du blaireau dans la transmission de la maladie alors que l’animal reste injustement massacré en France pour cette raison.
En septembre 2016, la LPO et d’autres associations de protection de la nature (Humanité et Biodiversité, ASPAS, FNE) avaient saisi l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) au sujet du rôle du blaireau dans la transmission de la tuberculose bovine. Trois ans plus tard, les résultats viennent d’être rendus publics.
L’ANSES rappelle tout d’abord que le blaireau n’est que l’une des espèces sauvages susceptibles d’être infectées par la bactérie. Le sanglier et le cerf, plus répandus dans la nature, sont également deux hôtes potentiels de la maladie.
Blaireau bouc émissaire
L’agence d’expertise réitère ensuite clairement sa position déjà exprimée dans un rapport de 2011 : «dans les zones indemnes de tuberculose, l’élimination préventive des blaireaux (et des autres espèces sauvages) ne peut en aucun cas être justifiée au motif de la lutte contre la tuberculose». Or, aujourd’hui encore, dans certains départements, le motif de la lutte contre la tuberculose sert de prétexte pour justifier l’intensification de la chasse, du piégeage ou de l’archaïque déterrage des blaireaux, pratiqué en pleine période d’élevage des jeunes. Selon l’ONCFS, environ 20 000 blaireaux sont ainsi tués chaque année en France alors qu’en réalité, les zones à risque concernent moins de 4% du territoire français.
Les associations en appellent donc au ministère de la Transition écologique pour que cette conclusion soit clairement rappelée d’une part aux préfets, pour qu’ils ne cèdent plus à cet argument émis dans les commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage, mais également aux chasseurs et piégeurs.
La tuberculose bovine en France
La tuberculose bovine, causée par la bactérie Mycobacterium bovis, est une maladie affectant l’élevage bovin et potentiellement transmissible à l’Homme, bien qu’elle ne serait responsable que de moins d’1% des cas de tuberculose humaine en France. Toutefois, quelques foyers d’infection résiduels subsistent et font l’objet de mesures de surveillance et de gestion. L’ensemble des données ainsi collectées permettent de prendre une décision spécifique à chaque zone délimitée et de mettre en place d’éventuelles mesures de gestion ciblées et coordonnées.
La transmission de la bactérie entre les blaireaux ou entre le blaireau et une autre espèce dépend du nombre de contacts (directs et indirects) et des densités de populations. Ces paramètres définissent des profils de transmission de la maladie très différents d’une région à une autre. C’est pourquoi les enquêtes doivent être menées localement et au cas par cas. Rappelons également que si la faune sauvage, dont les blaireaux, peut véhiculer la maladie, au départ, ce sont les bovins qui ont contaminé les blaireaux et non l’inverse. Les dépistages sur les bovins et les mesures de biosécurité dans les élevages doivent donc être poursuivis, voire renforcés.
A noter enfin qu’un vaccin, aujourd’hui au stade expérimental, pourrait offrir une solution immunologique à plus long terme.