Un nouvel indicateur de l’Observatoire National de la Biodiversité confirme la responsabilité de la France dans la conservation des oiseaux d’eau et des zones humides au niveau international.

wetland nouvel indicateur 650 fabricecahezCrédit photo : Fabrice Cahez

Ce nouvel indicateur, intitulé « Taux d'évolution de l'abondance des oiseaux d’eau hivernants » résume de façon intuitive l’évolution des populations d’espèces communes d’oiseaux d’eau hivernants dans l’hexagone depuis 1980 ! 

En quoi consiste-t-il ?

Cet indicateur est basé sur la moyenne géométrique des taux de variation des effectifs d’oiseaux d’eau hivernants régulièrement en France métropolitaine (66 espèces) recensées dans le cadre du Comptage Wetlands International de la mi-janvier. Cette moyenne est ensuite pondérée pour tenir compte de l’importance de l’effectif national de chaque espèce par rapport à la taille de sa population sur la voie de migration Est-Atlantique et éviter par exemple aux espèces marginales d’être surreprésentées.

L’indicateur sera mis à jour chaque année et permettra de calculer les taux d’évolution de l’ensemble des populations d’espèces communes d’oiseaux d’eau hivernants dans l’hexagone, ou par groupes d’espèces depuis 1980 (Limicoles, Grand échassiers, Anatidés, Plongeons & Grèbes).

L’hivernage des oiseaux d’eau enregistre une forte progression en métropole 

Cet indicateur nous montre que l’hivernage des oiseaux d’eau dans l’hexagone a progressé de 77% depuis 1980 (sur la base des 66 espèces considérées par l’indicateur).

Les Ardéidés, la grue, la Cigogne blanche ou encore la Spatule blanche (+246%) ont connu un véritable essor de leurs populations reproductrices et de leurs aires de répartition.

On observe toutefois des progressions de magnitudes différentes selon les groupes d’espèces : Limicoles (+206%), Anatidés (+ 63%), les plongeons & grèbes (+14%). Dans l’ensemble, les espèces protégées connaissent une augmentation plus nette que les espèces considérées comme gibier (+168% contre +59%). 

Comment interpréter ces résultats ?

Cette progression nationale est à mettre en regard avec les mesures de conservation établies depuis les années 70 et qui ont considérablement amélioré la qualité et augmenté la surface des espaces protégés sur notre territoire (1971 : Convention de Ramsar, 1976 : Loi de protection de la nature instaurant leur protection légale, 1979 : Directive UE "Oiseaux" ; création des réserves naturelles...).

Toutefois ce ne peut être la seule explication. Les effectifs d’oiseaux d’eau que nous recensons chaque année à la mi-janvier sont en outre inhérents aux pressions qui interviennent au-delà de nos frontières et en l’occurrence sur l’ensemble de la voie de migration de l’Atlantique-Est qui traverse la France à savoir le changement climatique, l’exploitation des ressources, la dégradation des habitats, etc.

Nous savons aujourd’hui que ces changements globaux entrainent des redistributions de populations et des variations dans la phénologie des espèces. Il est donc essentiel de resituer ces résultats nationaux à une échelle plus large pour les interpréter.

Pour preuve, la dernière évaluation de la voie de migration Est-Atlantique (2017) semble notamment confirmer la progression des populations de grands échassiers mais alerte en parallèle sur le déclin des limicoles, en particulier, des espèces qui nichent en Sibérie et dépendent des habitats de vasières en dehors de la saison de reproduction.

De fait, cette progression des stationnements hivernaux dans notre pays ne traduit pas nécessairement une augmentation des populations globales de toutes les espèces considérées. Elle nous indique surtout qu’actuellement, notre territoire porte une grande responsabilité en termes de conservation des espèces à enjeux et qu’il est donc primordial de continuer à préserver nos zones humides.