Ouvrez l’œil : il arrive souvent que la faune aquatique doive traverser une route pour atteindre son site de reproduction.

crapaud commun geispe 650Crapaud commun (Bufo bufo) – Crédit photo : Geispe

Comme chaque année, crapauds, grenouilles, tritons et salamandres se préparent à quitter les forêts où ils ont passé l’hiver à l’abri du froid, terrés au fond d’un trou ou d’une mare. Durant les mois de février et mars, quelques millions d’amphibiens vont tenter de rejoindre les zones humides qui les ont vus naître pour s’y reproduire à leur tour : c’est la période de migration.

Une route semée d’embûches

C’est une étape essentielle pour assurer la prochaine génération de ces espèces, pourtant la migration devient meurtrière pour les amphibiens quand ils croisent nos routes inadaptées à leur passage. Nombre d’entre eux périssent sous les roues des voitures en tentant de traverser les voies de circulation pour rejoindre les mares et les étangs…

En l’absence de mesure pour les protéger, le déclin de ces petits organismes aquatiques pourrait provoquer un fort déséquilibre au sein des écosystèmes qu’ils occupent. En effet, les amphibiens jouent un rôle central dans la chaîne alimentaire, car ils sont à la fois proie et prédateur. Les adultes mangent des petits invertébrés (moustiques, limaces, vers, fourmis…) et entrent à leur tour dans le régime alimentaire de divers prédateurs tels que les hérons cendrés, couleuvres à collier, renards roux… Les têtards quant à eux se nourrissent d'algues durant toute leur croissance et sont chassés par de nombreux animaux aquatiques (larves de libellules, dytiques, punaises, poissons).

Des opérations de sauvetage

En attendant de trouver des solutions pérennes pour sécuriser la traversée des animaux, des mesures existent pour réduire la mortalité lors des flux migratoires. Un exemple se déroule actuellement en Bretagne, à Lamballe, dans les Côtes-d’Armor. Tous les ans, des milliers d’amphibiens traversent la route départementale 28 pour atteindre les mares des landes de La Poterie. Pour la première fois, l’axe a été fermé à la circulation pour la période couvrant la migration de la faune aquatique et une déviation contourne le site.

À la LPO nous mettons en place depuis plusieurs années des opérations de sauvetage des amphibiens un peu partout en France. Les équipes installent des barrières-pièges le long des routes pour les intercepter avant qu'ils ne traversent et les relâchent de l'autre côté afin de leur permettre de poursuivre leur migration en toute sécurité. Vous pouvez participer à ces opérations ou nous informer si vous repérez des cas de collision. Pour cela il suffit de prendre contact avec l'association locale la plus proche de chez vous. Dépêchez-vous, les amphibiens sont en route !