Après avoir récemment étendu la période de chasse au sanglier du dernier jour de février jusqu’au 31 mars, l’État s’apprête maintenant à simplifier par décret la possibilité de commencer à chasser à partir du 1er juin, au lieu du 15 août aujourd'hui. La LPO appelle à s’opposer en masse à cette nouvelle régression ou il ne restera bientôt plus que les mois d’avril et de mai pour profiter d’une nature sans chasse en France.

Crédit photo : Hervé Broguy / LPOCrédit photo : Hervé Broguy / LPO

Une fois encore, la manœuvre se veut discrète. Chasser le sanglier ou le chevreuil à partir du 1er juin était déjà possible, mais strictement conditionné à l’obtention d’une autorisation individuelle préfectorale de chasse anticipée, garde-fou indispensable à la sécurité des promeneurs. Dans les faits, la majorité des chasseurs attendait la fin des vacances d’été pour ressortir le fusil. Grâce à un nouveau décret en préparation, plus besoin d’autorisation préalable : feu à volonté dès le 1er juin.

Ce projet de décret a été ouvert à la consultation publique sur le site du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire jusqu’au 3 mars. A l'invitation de La LPO, des milliers de citoyens y ont déposé un commentaire pour dire non à "la suppression de l’autorisation individuelle de chasse anticipée pour le sanglier et le chevreuil". A noter que ce décret aborde plusieurs sujets et contient d'autres mesures, dont certaines peuvent être considérées comme positives. 

Pompiers pyromanes

Comme l’indique son intitulé, l’objectif de ce texte de loi est « la maîtrise des populations de grand gibier et de leurs dégâts. » Mais si l’explosion démographique des sangliers en France et ses conséquences en termes de préjudices subis par les agriculteurs sont bien réelles, les chasseurs en sont d’abord à l’origine. Nourrissage, préservation des laies reproductrices, lâcher d’individus élevés en captivité, importation des pays de l’Est, chasse en enclos, hybridation avec le cochon, tout a été fait au cours des cinquante dernières années pour favoriser la prolifération de l’espèce en France.

Il est donc bien normal que les fédérations de chasse soient légalement tenues d'indemniser les dégâts causés sur les parcelles agricoles, responsabilité à laquelle elles aimeraient aujourd’hui échapper tant elle est devenue coûteuse (30 millions d’euros par an).

Eté meurtrier

La solution n’est certainement pas de prolonger la période de chasse pendant l’été, engendrant un dérangement pour l’ensemble de la faune sauvage en pleine période de reproduction ainsi qu'une interdiction supplémentaire de la fréquentation de la nature et des dangers croissants pour les non chasseurs. Dix accidents mortels ont eu lieu lors de la saison de chasse 2019-2020, toujours en cours, contre 7 la saison précédente.

Les solutions sont plutôt l’interdiction totale de l’agrainage des sangliers et de leur élevage ou importation dans un but cynégétique, la fin des enclos de chasse desquels ils s'échappent ; ainsi que laisser leur prédateur le loup se développer au lieu de vouloir en tuer toujours plus. Résoudre durablement cette problématique passe également par une refonte en profondeur du modèle agricole intensif qui encourage l’expansion continue des productions céréalières, en particulier du maïs très apprécié par les sangliers et dont la France est le premier pays exportateur en Europe.

Les renards seraient aussi concernés par une telle libéralisation de la période de chasse, alors que plus d’un demi-million sont déjà inutilement exterminés chaque année en France. Un renard consomme pourtant 4 000 rongeurs par an, ce qui en fait un véritable allié de l’agriculture !