Selon le rapport de l'institution chargée de contrôler la gestion financière de l’UE : il n'y a pas d'amélioration mesurable de la biodiversité malgré 66 milliards censés y être dédiés entre 2014-2020.
La Cour des comptes de l'Union Européenne examine la légalité et la régularité des recettes et des dépenses de l'Union européenne, et s'assure de la bonne gestion financière des fonds communautaires. Son rapport "biodiversité et terres agricoles", publié lors de la journée mondiale de l’environnement du 5 juin 2020, évalue l’impact de la politique agricole commune sur la biodiversité au sein de l’UE. Ses conclusions aussi claires que préoccupantes :
Pour la période 2014-2020, la Commission avait prévu de consacrer à la biodiversité 86 milliards d'euros, dont 66 milliards d'euros provenant de la PAC. Pourtant, la plupart des financements de la PAC ont peu d'impacts positifs sur la biodiversité car la majeure partie du budget reste destinée à des subventions proportionnelles à la surface cultivée, sans exigences minimales en matière de protection de la nature. De même, les aides couplées à la production sont attribuées au secteur de la viande et des produits laitiers sans être conditionnées ni au respect de l’environnement, ni au bien-être animal. La LPO demande la suppression progressive des paiements à l’hectare en faveur d’aides directement corrélées à des pratiques agricoles éco-responsables, ainsi que la prise en compte de la condition animale dans l’octroi des subventions destinées à l’élevage.
- 30% sur les oiseaux
La très faible ambition donnée au verdissement, pourtant prévu lors de la dernière réforme de la PAC, n’a en aucun cas permis d’inverser la tendance de l’effondrement de la biodiversité sur les terres agricoles européennes, où un tiers des oiseaux a notamment disparu au cours des 15 dernières années. La Cour des Comptes rappelle ainsi que les données disponibles sur la biodiversité en milieu agricole dans l'UE montrent sans ambiguïté un déclin au cours des dernières décennies et reconnait que le suivi et les indicateurs permettant d’évaluer l’impact de la PAC restent actuellement médiocres et doivent être améliorés dans la prochaine version. La LPO demande une augmentation significative du volume financier du deuxième pilier de la PAC consacré au développement rural et à la transition agricole, et reconnu comme étant le plus à même de contribuer à la protection de la biodiversité en accompagnant les agriculteurs dans des programmes agroenvironnementaux contribuant à l’équilibre des écosystèmes.
Ce rapport va dans la même direction que les 2 stratégies européennes « biodiversité » et «de la ferme à la table » publiées récemment par la Commission Européenne et qui encouragent toutes deux une amélioration considérable de l’ambition environnementale dans la PAC post-2020, actuellement en cours de négociation. A la condition que les 27 États membres les approuvent et les appliquent, la mise en œuvre de ces stratégies pourrait permettre à l'UE de devenir leader mondial dans la lutte contre la crise climatique et le déclin de la biodiversité, et ainsi ouvrir la voie à l’ensemble de la communauté internationale.
Lire les guides LPO pour mieux comprendre la PAC:
« Comprendre la Politique Agricole Commune » (version complète)
« Comprendre la Politique Agricole Commune » (version courte)