Plusieurs éleveurs ont récemment réclamé des mesures d'effarouchement ou de régulation ainsi qu’un système d'indemnisation suite à de prétendues attaques de vautours contre leurs troupeaux.  

 vautour fauve christian aussaguel 650Vautour fauve © Christian Aussaguel

 

Les vautours sont des nécrophages stricts biologiquement incapables d’attaquer le moindre animal vivant. S’ils ont pu s'adapter aux évolutions des modes de conduites des élevages afin de saisir les opportunités de pitances, ils n'ont pas changé de comportement au point de devenir des prédateurs. Leur morphologie ne leur permet pas de tuer un animal en bonne santé. Il est en revanche possible, quoique rare, qu’un animal mourant et incapable de bouger commence à être consommé par des vautours qui anticipent alors son décès imminent. 

La grande majorité des professionnels de l’élevage est favorable aux vautours, qui n’ont aucun impact sur le bétail et leur rendent de grands services en fournissant un service d’équarrissage naturel et gratuit. 

Alors pourquoi de telles réactions de la part de quelques rares éleveurs isolés ? 

  • Des morts liées à des maladies, des complications lors d’une mise bas ou des attaques de prédateurs (chiens errants, loups) sont imputées aux vautours car ce sont eux qui sont retrouvés autour du cadavre. Une simple expertise par un vétérinaire montrerait qu’ils ne sont pas la cause du décès de l’animal. Depuis une dizaine d’année, l’Etat ne prend plus en charge le coût de telles expertises qui permettaient pourtant de disculper les vautours. Il est peut-être nécessaire de rétablir à nouveau leur financement pour mettre fin à ces nouvelles rumeurs et ainsi rassurer le monde pastoral. 
  • Dans les secteurs où la présence des vautours est récente et où les éleveurs connaissent mal le comportement naturel de ces oiseaux, le phénomène de la curée, qui voit l'arrivée massive de plusieurs dizaines d’individus en quelques minutes autour d'un cadavre, est très impressionnant, voire effrayant. 
  • L’élevage français est en crise économique profonde et cherche des boucs émissaires. Les vautours servent aussi de prétextes à des demandes d'indemnisation illégitimes ou pour dénoncer des contraintes environnementales règlementaires et législatives.
  • A l’ère des réseaux sociaux, les rumeurs sensationnalistes se répandent plus vite que les faits scientifiques. 
  • Le vautour est victime de sa mauvaise réputation, comme le requin ou le loup. 
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    L’Etat met en place un Plan National d’actions « Vautours fauve et activités d’élevage » de 2017 à 2026 afin de préserver la relation à bénéfices réciproques entre éleveurs pastoraux et vautours, et sa restauration sur les territoires où elle s’est dégradée. La LPO et ses partenaires y participent avec l’objectif de travailler sereinement aux côtés des éleveurs à la préservation de ces somptueux rapaces. 

    Aujourd’hui quatre espèces de vautours se reproduisent en France : le Vautour fauve, le Vautour moine, le Gypaète barbu et le Vautour Percnoptère. Elles restent toutes fragiles et menacées par les activités humaines (électrocution, empoisonnement, braconnage, dérangement, etc.). En raison des rumeurs prétendant que ces charognards s'attaquaient au bétail voire aux enfants, leurs effectifs avaient chuté vertigineusement au cours du XXe siècle et ils avaient disparu de la plupart des massifs montagneux du pourtour méditerranéen. Leur retour dans le ciel français est le fruit de considérables efforts de conservation qui constituent de trop rares exemples de réussite en matière de restauration de la biodiversité. Ne les gâchons pas. 

    Voir la vidéo: Vivre avec le vautour moine