Le tribunal administratif de Rouen a suspendu l'arrêté préfectoral autorisant l’abattage de 1430 renards en Seine-Maritime. Le résultat d'une forte mobilisation de la part des associations et des citoyens.  

 

renardcfabricecahez 650Crédit Photo Fabrice Cahez

Le 20 juillet 2020, le préfet de Seine-Maritime signait un arrêté autorisant l'abattage nocturne par des lieutenants de louveterie de 1430 renards sur son territoire. Cet arrêté en prolongeait en fait un autre datant de février qui portait sur la régulation de 850 renards au 1ersemestre 2020, déjà attaqué par la LPO France. Le confinement les ayant épargné, la préfecture est revenue à la charge en augmentant le nombre d'individus à tuer au second semestre. Suite à cette décision, plusieurs associations de protection animale, dont la LPO Normandie, avaient déposé en août un recours en référé pour demander sa suspension en urgence, ce que vient d'ordonner le tribunal administratif de Rouen ce vendredi 4 septembre.

Lire l'ordonnance du tribunal

Aucun motif ne permettait de justifier l’organisation de battues administratives en plus de la chasse au renard déjà autorisée. Au titre de son classement (contesté) comme « espèce susceptible d’occasionner des dégâts », les renards font en effet l’objet d’une régulation avec la possibilité d’installer des pièges et de les déterrer toute l’année, de pratiquer des tirs d’été et de les chasser pendant les périodes réglementaires. 

Selon le code de l’environnement, les opérations de destruction administrative de spécimens d'espèces non domestiques doivent répondre à l'un des motifs suivants : dans l'intérêt de la protection de la faune et de la flore sauvages et de la conservation des habitats naturels ; pour prévenir les dommages importants, notamment aux cultures, à l'élevage, aux forêts, aux pêcheries, aux eaux et à d'autres formes de propriétés ; dans l'intérêt de la santé et de la sécurité publiques.

Sans fondement

Les dégâts aux élevages avicoles n’ont pas pu être établis, pas plus que les risques sanitaires que pourraient engendrer la présence des renards. La population de renards est stable dans le département de Seine-Maritime, où leur densité demeure inférieure à la moyenne du territoire national. La compétition engendrée par la prédation du renard sur le gibier de chasse (perdrix notamment), ne saurait en aucun cas justifier un tel massacre. 

A l’inverse, le renard est un animal utile à la collectivité et au monde agricole de par son rôle de limitation des rongeurs qui peuvent, en trop grand nombre, ravager les cultures. Grand consommateur de micromammifères, il serait également un rempart naturel contre la maladie de Lyme. 

Cette suspension est une satisfaction pour les défenseurs de la nature, et il y a bon espoir que sur le fond l’annulation soit prononcée et que d'autres décisions similaires suivent pour d’autres départements. Mais le chemin à parcourir reste long pour véritablement réhabiliter le renard en France, où son classement comme « nuisible » fait que près d’un demi-million d’entre eux sont encore tués chaque année.