Au côté de dizaines d'organisations, la LPO demande aux parlementaires d’avoir le courage politique de s’opposer à un projet de loi dangereux pour la biodiversité et pour l’avenir de notre agriculture
En total contre pied avec l’ambition annoncée d’un nouveau modèle agricole respectueux de l’environnement et de la santé, le gouvernement vient de présenter un projet de loi pour permettre – dès la campagne 2021 et le cas échéant les deux campagnes suivantes – une dérogation à l’interdiction des néonicotinoïdes. Cette dérogation qui n’est dans les faits pas circonscrite à la culture de la betterave, ouvre la boîte de Pandore. Nos organisations de protection de l’environnement, de la santé environnementale, représentatives des consommateurs, des salariés et issues du monde agricole demandent au travers d’un courrier adressé aux parlementaires de s’opposer avec détermination à ce nouveau recul en matière de transition écologique et sociale.
Dans un courrier adressé au ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation dès le 5 août, nos organisations s'étaient dites fermement opposées à cette décision ministérielle qui constitue un recul inadmissible du gouvernement sur les questions agricoles, environnementales, sociales et sanitaires. Ce 7 septembre, un autre courrier a été envoyé aux parlementaires pour leur exposer en détail 10 raisons de ne pas voter cette dérogation :
- La récolte avant floraison, l'interdiction de planter des cultures à fleurs et le recours aux semences enrobées ne protègeront pas les abeilles et la biodiversité
- La dérogation ne pourra réellement dépendre des conditions météorologiques comme annoncé
- Des résistances aux néonicotinoïdes apparaissent
- La survie de la filière betterave ne dépend pas des néonicotinoïdes.
- Notre souveraineté alimentaire en termes de sucre n'est pas menacée.
- Les abeilles et le miel ne sont pas moins importants que le sucre.
- Des alternatives existent et doivent être soutenues
- La boîte de Pandore ne doit pas être ouverte
- Le droit de l'environnement ne doit pas régresser
- Nous devons changer de modèle agricole pour le sauver, et de vraies solutions politiques existent pour cela
Les néonicotinoïdes ont des effets délétères avérés inacceptables sur les insectes pollinisateurs et sur la biodiversité, sur la qualité des sols et de l’eau, et sur la santé humaine. Vingt ans d’études scientifiques l’ont prouvé et ont abouti à la décision de les interdire. Accepter la réautorisation des néonicotinoïdes encourage un modèle agricole à bout de souffle qui conduirait nos agriculteurs dans une impasse. Les solutions alternatives au recours de ces produits dangereux sont disponibles et doivent être développées. En dernier recours, des fonds d'urgence éco-conditionnés peuvent être débloqués durant la transition pour compenser d'éventuelles pertes et transformer les pratiques agricoles.
Nos organisations en appellent au courage politique et au bon sens des parlementaires pour qu'ils refusent de voter en faveur de ce projet de loi qui, s’il était entériné, serait un recul inacceptable.
Les organisations signataires :
Générations Futures, la Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, le Syndicat National d’Apiculture, Agir pour l’Environnement, Attac France, Bio consom’acteurs, Combat Monsanto, la Confédération Paysanne, la Fédération CGT Equipement-Environnement, la Fédération Nature & Progrès, la Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, Foodwatch France, France Nature Environnement, Greenpeace France, Ingénieurs sans frontières, Justice Pesticides, les Amis de la Terre, la Ligue de Protection des Oiseaux, Nous voulons des coquelicots, Pollinis, le Réseau Environnement Santé, Terre et Humanisme, Terre d’Abeilles, l’Union nationale des apiculteurs français, l’Union syndicale Solidaires, WECF France, WWF France, Eau et rivières de Bretagne,Mouvement de l’Agriculture Bio-Dynamique, UFC-Que Choisir.