La réforme de la Politique Agricole Commune doit garantir une transition de l’Union Européenne vers un système agricole résilient , écologiquement sain et respectueux de la nature
Dans un mois le Parlement européen et les ministres nationaux de l'agriculture voteront la future Politique Agricole Commune (PAC), qui devrait s'élever à près de 400 milliards d'euros et représenter 32% du budget total de l'Union Européenne.
Près de 200 décideurs politiques, chefs d'entreprise, associations professionnelles, ONG et think-tanks (voir liste des signataires) se sont rassemblés autour de Janez Potocnik, ancien commissaire européen à l'environnement de 2009 à 2014 et actuel président de la Fondation RISE et du Forum pour l'avenir de l'agriculture, pour exiger une relance verte de l'agriculture.
Déclaration commune :
La pandémie de COVID19 a profondément déstabilisé les sociétés du monde entier et nous sommes de tout cœur avec ceux qui sont les plus touchés par ses conséquences. Les racines de la pandémie sont intimement liées à celles des crises du climat et de la biodiversité : à savoir notre exploitation actuelle, non durable, de la nature et des ressources terrestres.
La COVID19 est un avertissement sur le coût - en particulier pour les générations futures et les plus vulnérables de nos sociétés - de notre relation problématique avec cette planète dont dépend pourtant notre existence. Si nous n'agissons pas maintenant pour nous attaquer aux causes profondes, ces crises ne feront que s’accroître, avec des conséquences toujours plus dévastatrices et plus coûteuses. Les jeunes générations vont déjà payer pour les mesures de sauvetage économique mises en place pour faire face à la crise du COVID19. Nous ne pouvons pas leur demander d'assumer aussi les coûts financiers et humains de notre échec à éviter la crise écologique, alors qu'il est encore temps et qu'elles nous le demandent.
Nous devons être à l'écoute de la science et assurer une transition vers des sociétés résilientes qui préservent les écosystèmes, conscientes des limites de la planète. Notre dépendance à l'égard d'écosystèmes sains s'applique à tous les domaines et pas uniquement au secteur agricole.
D'après les scientifiques de l'Union Européenne, nos systèmes alimentaires actuels ne sont pas durables. En Europe, la production et la consommation épuisent les ressources et les écosystèmes dont nous dépendons pour produire de la nourriture. Nous devons aider le monde agricole à évoluer vers des systèmes qui respectent la nature, beaucoup plus diversifiés, qui résisteront aux crises futures et garantiront aux futurs exploitants l'exercice de leur activité. Nous devons également veiller à ce que la consommation soit en adéquation avec ces changements et y contribue.
À ce titre, nous soutenons les objectifs de la stratégie de la Commission Européenne en matière de biodiversité ainsi que celle dite « de la ferme à la table », qui visent à placer l'Europe sur les rails d'une transition écologique des systèmes alimentaires européens. Ils peuvent toutefois aller plus loin, et les responsables de leur mise en œuvre et ceux affectés par celle-ci doivent être pleinement soutenus dans cette voie.
Il est nécessaire que les investissements et les politiques futurs, tant publics que privés, soient dorénavant axés sur cette priorité de restaurer la nature. Les dépenses publiques, tant pour le plan de relance que pour les budgets à long terme, doivent être réorientées vers la construction d'une résilience écologique nécessaire pour résister aux crises futures et produire de la nourriture à long terme.
Dans cette perspective, la réforme actuelle des subventions agricoles de la PAC et les dépenses de relance de l'agriculture doivent être orientées vers la mise en œuvre des principes du Green Deal et des stratégies qui y sont associées, afin de faciliter la transition des agriculteurs vers un modèle durable à long terme.
Nous nous engageons à unir nos forces et à travailler ensemble pour normaliser les pratiques agro-écologiques en Europe et aider les agriculteurs à réussir cette transition, en construisant un modèle plus résistant qui contribue à prévenir, mais peut aussi davantage résister, aux futurs bouleversements ; qu'ils soient ou non écologiques.