Près de 10000 dauphins sont tués chaque hiver dans le Golfe de Gascogne par les activités de pêche. Face à l'inaction de la France et de l'Espagne, la Commission Européenne doit agir.
En mai 2020, le Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM) a clairement recommandé la fermeture des pêcheries responsables des captures collatérales de dauphins communs dans le golfe de Gascogne au cours de l’hiver, estimées à 19 000 au cours des deux dernières années. Pourtant, la France et l’Espagne continue de faire preuve d’un manque de détermination regrettable pour trouver rapidement des solutions ambitieuses conformes aux recommandations du CIEM. La France a ainsi récemment annoncé qu'elle ne fermera pas ses pêcheries dans le golfe de Gascogne cet hiver pour éviter la mort des dauphins.
Des discussions ont lieu avec la Commission européenne depuis juillet 2019 sur la nécessité de mettre en œuvre de telles mesures d'urgence dans le golfe de Gascogne. Mais la Commission a décidé de permettre d'abord aux États membres de proposer des mesures efficaces, en s'engageant à intervenir en l’absence de résultats rapides.
Aujourd’hui le temps presse : il reste moins d’un mois avant le début de la période au cours de laquelle les dauphins sont le plus exposés aux captures (du 1er décembre au 31 mars).
Il semble désormais très probable qu’aucune mesure d'atténuation efficace de ces captures ne soit mise en œuvre pour cet hiver. Comme la France l'a déjà illustré, les États membres ne sont pas prêts à adopter des mesures nationales audacieuses. La situation actuelle appelle donc une intervention urgente de la Commission Européenne. Seule la mise en place de fermetures temporaires appliquées à l'ensemble du golfe de Gascogne pour toute la période à risque permettra d'éviter une catastrophe environnementale à court terme, tout en laissant à la France et à l'Espagne le temps de développer sur le long terme une véritable stratégie pour la conservation des dauphins, comme conseillé par le CIEM.
Le public n'est pas disposé à tolérer pendant un autre hiver des centaines de corps de dauphins échoués le long des côtes de l'Union Européenne. Plus de 300 000 personnes ont déjà signé une pétition exigeant que la Commission agisse. En tant que garante des traités, celle dernière est la mieux placée pour s'attaquer au fait que la France et l'Espagne bafouent le droit de l’UE en autorisant les captures collatérales à l'échelle industrielle d'une espèce marine strictement protégée par la directive Habitats, ainsi que par les législations nationales et les conventions internationales. Ces pays font déjà l'objet d'une procédure d'infraction de la Commission. Leur non-respect de la loi est exacerbé par l’absence de mise en place des mesures nécessaires dans le golfe de Gascogne. La stratégie européenne sur la biodiversité s'est engagée à lutter contre la mortalité d'espèces protégées. Un pas crucial vers cet objectif peut être franchi, à condition que la Commission Européenne agisse vite.
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