Le 7 mars 1980, le naufrage du pétrolier Tanio provoquait une marée noire catastrophique sur les côtes bretonnes. Quarante ans plus tard, les oiseaux marins en subissent encore les conséquences.
Le 7 mars 1980, la marée noire consécutive au naufrage du pétrolier malgache, au cours duquel 8 marins perdirent la vie, causait des impacts majeurs sur la biodiversité en entrainant la mort de plus de 40 000 oiseaux. Tandis que la partie avant du navire était remorquée vers Le Havre, l'arrière sombrait à 25 kilomètres au Nord de l’île de Batz (29) où elle repose à 80 mètres de profondeur. Quarante ans plus tard, des analyse du CEDRE confirment que des oiseaux mazoutés par le fioul du Tanio s'échouent à nouveau sur nos côtes pour le deuxième hiver consécutif.
Une première alerte avait en effet été lancée fin 2019, suite à la découverte de plusieurs dizaines d'oiseaux mazoutés. Après inspection de l’épave, la préfecture maritime a entrepris des réparations sur la coque en septembre 2020 afin de colmater les fuites d’hydrocabures. Il semblerait que cette intervention n’ait pas été concluante puisque près de 150 oiseaux mazoutés ont à nouveau été dénombrés par Vigipol depuis novembre 2020, dont 69 pris en charge au centre de soins LPO de l’Île Grande. De nombreux oiseaux n’atteignant jamais pas les côtes, la mortalité est malheureusement sans doute bien plus importante.
Le Guillemot de Troïl et le Pingouin Torda, deux espèces patrimoniales officiellement protégées en France, sont les plus impactées. Les équipes de la LPO observent depuis quelques semaines plusieurs individus mazoutés sur la Réserve naturelle nationale des Sept-Îles . Comme les sites de nidification commencent à être occupés par les alcidés, ce sont désormais des individus nicheurs (très peu nombreux en France) qui sont intoxiqués par ces hydrocarbures.
Bombe à retardement
Le 6 janvier 2021, la Préfecture maritime de l’Atlantique a confirmé que 3 des 10 plaques installées pour boucher des orifices dans la coque ont depuis été arrachées par des engins de pêche, engendrant une nouvelle fuite intermittente d’hydrocarbures. Elle précisait alors qu’ «aucune pollution en mer, ni sur les plages, n’a été repérée depuis les travaux effectués sur la coque du Tanio en septembre 2020 ». Nous contestons ces propos rassurants, d’une part, parce que les oiseaux mazoutés retrouvés démontrent la pollution en mer, et d’autre part parce que le fait que les hydrocarbures n’arrivent pas jusqu'aux côtes ne saurait constituer une raison valable pour laisser perdurer cette situation.
Le pétrole encore présent dans les cuves du Tanio demeure une bombe à retardement qui exige une réaction rapide afin de la désarmorcer de manière définitive.
Voir le courrier envoyé par la LPO aux Ministres de l'écologie et de la Mer.