Spatule blanche (Platalea leucorodia) - Crédit photo : Mark Sisson / www.rspb-images.comSpatule blanche (Platalea leucorodia) - Crédit photo : Mark Sisson / www.rspb-images.com

1976, puis 1979, 1983, 1992, 1995, 1999, 2006 : la protection de la nature en France chemine tortueusement au fil de l’histoire du droit français et européen. Si la loi du 10 juillet 1976 généralise la notion de protection et crée le concept d’espèce protégée, ses frémissements remontent déjà au 19e siècle, avec la loi du 3 mai 1844 autorisant les préfets à prendre des arrêtés pour prévenir la destruction d’oiseaux, puis la création des rares réserves naturelles en application de la loi du 2 mai 1930 sur « la protection des monuments naturels et des sites ». Être patient, obstiné, combatif et résolument constructif, telle a été la devise de la LPO depuis 1912 pour que la protection de la nature s’impose dans les consciences.

Il faut cependant attendre 1999 avec l’arrêté du 5 mars pour que vingt-six espèces d’oiseaux, dont le Bruant ortolan, « oubliées » de la Loi de 1976, acquièrent le statut d’espèces protégées. Pourtant, les chasses traditionnelles dont la suppression figurait parmi les objectifs fondateurs de la LPO en 1912, perdurent dans toutes leurs déclinaisons (matoles, glu, filets…). La liste des oiseaux protégés et les modalités de leur protection ne sont définitivement fixées qu’avec l’arrêté ministériel du 29 octobre 2009 pour la métropole et celui du 25 mars 2015 pour le département de la Guyane. Que de temps perdu ! Mais soyons également positif : que d’avancées pour la biodiversité en quelques décennies !

Rétrospectivement, la loi de 1976 a établi les fondements de la protection des espèces, et elle a dynamisé la protection des espaces, avec la création des Réserves naturelles. Elle a été le point de départ d’un investissement d’ampleur de milliers de bénévoles puis de professionnels des associations de protection de la nature, au premier rang desquelles la LPO.

Les oiseaux ont, depuis quarante ans, suivi leur propre dynamique, obéissant à un ensemble complexe de facteurs et processus écologiques, favorables ou défavorables. Mais la loi de 1976 n’empêche pas la disparition des habitats ou leur dégradation et ne permet pas d’enrayer la baisse drastique des ressources alimentaires, tant végétales qu’animales. Bien qu’elle ait permis aux espèces rares, menacées, patrimoniales, tombées à des niveaux très bas de recouvrer en partie leurs effectifs historiques, elle a eu peu d’effet sur les espèces communes, et notamment les passereaux, y compris les plus familiers (hirondelles, moineaux, alouettes…). Les populations de près de la moitié d’entre elles ont ainsi disparu depuis les années 1970 en raison des modèles et des pratiques dites « modernes » d’exploitation (agricoles, sylvicoles, piscicoles), de l’urbanisation galopante et du changement climatique.

Désormais, en Europe, le nombre d’oiseaux domestiqués ou d’élevage (1,9 milliard) dépasse celui des oiseaux sauvages (1,6 milliard), témoignant de l’impact de nos sociétés actuelles sur notre environnement et l’avenir de la terre, notre seul jardin planétaire.

En ce début de 21e siècle, la préservation de notre patrimoine naturel exige donc une approche globale et plus intégrative, qui se préoccupe de toute la biodiversité et des habitats dans lesquels elle évolue. La nature est riche de par son extraordinaire diversité sur l’ensemble de la planète, évitons la simplification, la paupérisation, l’homogénéisation, la gestion dirigée… et concevons un rapport audacieux et novateur entre la nature et l’humanité, à l’indissociable destin.

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