Printemps
Macareux moine (Fratercula arctica)
Le macareux moine reste sans conteste le plus populaire de nos oiseaux de mer. Appelé « calculot » dans le Trégor, il est l’emblème de la LPO. Ses joues blanches et son curieux bec triangulaire et multicolore lui valent aussi le surnom de « perroquet de mer ».
Dernier bastion actuel de l’espèce en France, la réserve naturelle des Sept-Îles le voit revenir chaque année à la fin du mois de mars. En juin, le bec chargé d’une brochette de minuscules poissons, il ravitaille son unique poussin, caché au fond d’un terrier.
Autour des îles, il se regroupe avec ses congénères sur l’eau en petites bandes, ballottées par la houle. Il quitte la réserve en juillet pour le grand large. En 2010, la réserve comptait 175 couples.
Pingouin torda (Alca torda)
Il est aussi appelé petit pingouin. À première vue, il ressemble à un petit manchot. Comme ce dernier, il se tient debout lorsqu’il niche à terre mais contrairement à lui, il sait voler.
Il vit majoritairement en mer. Il pêche sur les eaux de surface et plonge en bande en quête de bancs de poissons. C’est l’oiseau marin le plus rare et le plus menacé de France, en raison des captures accidentelles dans les filets maillants (dans lesquels les oiseaux meurent noyés) et des pollutions par hydrocarbures.
Il niche sur les corniches rocheuses des côtes continentales et insulaires ou dans des cavités sous bloc. Il dépose l’unique œuf de son unique ponte à même la roche. 32 couples étaient recensés aux Sept-Iles en 2010, soit près de 75% de la population française. Il est observable de la fin de l’hiver à la mi-juillet sur l’archipel.
Guillemot de Troïl (Uria aalge)
Cet oiseau marin vit toute l’année en mer. Il attrape ses proies en plongeant en apnée, à faible profondeur, bien qu’il soit capable de descendre à 30 mètres si nécessaire. Des plongées de plus de 100 mètres ont même pu être enregistrés. Sous l’eau, il se propulse en « volant » à l’aide de ses ailes courtes et puissantes. La pollution par les hydrocarbures est une source de mortalité importante pour l’espèce en mer. Il est présent de janvier à la mi-juillet autour de l’archipel. Il niche dans les chaos rocheux de Rouzic. Son œuf unique pyriforme est déposé sur la roche nue, sans ébauche de nid. En 2010, 36 couples étaient recensés.
Chou marin (Crambe maritima)
De la même famille que les choux potagers, cette plante vivace aux feuilles glabres, charnues et bleutées, de 30 à 60 centimètres de haut, pousse sur les cordons de galets, les dunes mobiles et, parfois, les rochers des hauts de plage. En raison de la régression de ces milieux, essentiellement liée aux aménagements côtiers, le chou marin est une espèce protégée au plan national. Elle se couvre d’un grand nombre de fleurs blanches à partir de mai. On la retrouve en haut de grèves de galets en différents points sur l’archipel, mais en très faible effectif.
Été
Champ de laminaires
Véritable forêt sous-marine, un vaste et dense champ de laminaires couvre 70% des fonds de l’archipel. Ces algues brunes, pouvant aller jusqu’à 3 m de long, ceinturant les îles de l’archipel, jouent un rôle de premier plan dans l’écosystème marin, offrant un espace refuge, des nurseries ou encore des zones d’alimentation pour une importante cohorte d’espèces.
Puffin des Anglais (Puffinus puffinus)
Sa taille et son plumage noir et blanc le font ressembler à un guillemot de Troïl lorsqu’il est posé sur l’eau. Mais c’est surtout en vol qu’on le repère, lorsqu’il rase les flots avec ses ailes rigides aux battements mécaniques. Le puffin des Anglais niche en Bretagne. La principale colonie se trouve sur la réserve naturelle des Sept-Iles (157 couples en 2010). Les oiseaux sont présents de début avril à fin septembre. Pour nicher, le couple creuse un terrier voire emprunte celui déjà creusé par un lapin ou un macareux. Il ne le quitte qu’à la nuit noire. Depuis quelques années, des rassemblements mixtes de Puffin des Anglais et de Puffin des Baléares (au plumage moins contrasté) sont observés en été, en grand nombre, dans les eaux de l’archipel, en repos ou en pêche.
Fou de Bassan (Morus bassanus)
Le fou de Bassan est le plus grand des oiseaux de mer d’Europe. Une des hypothèses est que son nom soit tiré de son comportement en pêche. En effet, des airs, il repère les bancs de poissons, puis plonge en piqué de 30 mètres de hauteur en adoptant une posture aérodynamique digne d’un concorde. Il peut ainsi rentrer dans l’eau à 90 km/h sans se blesser. Il plonge à 6-7 m de profondeur et traverse le banc de poissons pour capturer sa proie en remontant à la surface. A Rouzic, chaque hiver, dès la fin janvier, les premiers fous reviennent sur le même nid que l’année précédente pour y rester jusqu’en septembre (derniers départs en octobre). Lorsque l'oiseau niche parmi ses congénères, il fait tout pour s’affirmer par des mouvements incessants, des acrobaties aériennes et de bruyantes querelles de voisinage. En 2010, la colonie de Rouzic comptait 21 880 couples !
Automne
Phoque gris (Halichoerus gryphus)
Ce mammifère marin fréquente habituellement les côtes rocheuses bordées de falaises et de petites plages de galets, avec une préférence pour les îles et îlots à quelque distance de la côte. On peut l’observer en mer, nageant ou se laissant flotter à la surface de l’eau, le museau à l’air tel un « bouchon ». Il peut effectuer des plongées de plus de 20 min pour atteindre 200 m de profondeur. Opportuniste, il cherche sa nourriture là où elle abonde. Le phoque gris revient à terre pour se reproduire, muer et se reposer. Il choisit des zones tranquilles, étant particulièrement sensible au dérangement. L’archipel des Sept-Iles est un des sites privilégiés pour l’espèce en France. On compte ainsi toute l’année, une quarantaine d’individus en repos sur les rochers de l’estran ou dans l’eau, mais aussi plusieurs naissances qui ont lieu de fin octobre à début décembre. En 2010, 19 blanchons (phoque nouveau-né) ont été recensés par l’équipe de la réserve.
Fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla)
L’archipel n’accueille pas que des oiseaux nicheurs. C’est aussi un refuge pour les oiseaux de passage et les hivernants.
Y sont observés régulièrement Pouillot fitis, Pouillot véloce, Fauvette des jardins, Fauvette à tête noire, Rougequeue noir…
Faucon pèlerin (Falco peregrinus)
C’est un rapace de taille moyenne, gris ardoisé, au ventre blanc rayé de noir, avec un capuchon noir descendant sur les joues en « moustaches ». La femelle est nettement plus grande que le mâle. Le cri d’alarme est un caquètement aigu. Ce prédateur a un régime alimentaire très spécialisé. Il ne prélève que des oiseaux qu’il chasse en vol. Il fond sur sa proie à grande vitesse. Les différentes plumées retrouvées sur l’archipel mettent en évidence une forte consommation de pigeons domestiques et tourterelles turques. Après plus de 50 ans d’absence de preuves de reproduction sur l’archipel (dernière mention vers 1955), l’espèce niche depuis 2008 sur les falaises de Rouzic (un couple avec 1 à 3 jeunes produits selon les années). On peut l’observer toute l’année sur l’archipel.
Hiver
Fulmar boréal (Fulmarus glacialis)
De la famille des pétrels, le Fulmar boréal est un infatigable coureur d’océan. Il passe l’essentiel de son existence à sillonner les mers, loin des rivages et du regard des terriens. Seuls les marins le rencontrent, lorsqu’il récupère les proies échappées de leurs filets. Pour pêcher, il repère les cadavres d’animaux marins grâce à son odorat, ou capture des proies vivantes tels que les calmars, qu’il pêche au crépuscule lorsqu’ils remontent vers la surface. Cet oiseau, qui peut vivre jusqu’à 40 ans et plus ne se reproduit pas tous les ans et ne pond jamais plus d’un œuf par année. Au printemps et en été, il niche à flanc de falaises, sur d’étroites corniches, à même la roche. Le fulmar revient sur l’archipel des Sept-Iles dès le mois de décembre. La réserve comptait 85 couples en 2010. A terre, il se tient couché car ses pattes, conçues pour la nage, sont incapables de le porter. Pour se protéger des éventuels agresseurs, il crache un liquide huileux et nauséabond.
Phoque gris (Halichoerus gryphus)
L’hiver, les phoques gris sont en mue. On peut observer ainsi sur les plages de galets de l’archipel plusieurs dizaines d’individus regroupés, en repos. Mais il est aussi possible de les entendre, puisqu’ils émettent divers vocalises (grognement, « hululement ») notamment pendant les périodes de mises bas et de mue ! A terre, la distance de fuite des phoques est plus importante qu’en mer. Il est indispensable d’éviter de les déranger notamment lorsqu'ils sont en repos sur les rochers: mieux vaut les observer de loin.
Zostère marine (Zostera marina)
Cette plante aquatique marine, d’environ 60 centimètres, forme des herbiers denses, comparables aux prairies terrestres, sur les sédiments sableux de faible profondeur. Jouant le rôle de filtre et de fertiliseur naturels, les herbiers sont aussi des habitats d’une très grande diversité biologique. En Bretagne, plus de 500 espèces animales sont présentes dans un herbier.