Le but de la LPO est : « D'agir pour l'oiseau, la faune sauvage, la nature et l'homme, et de lutter contre le déclin de la biodiversité par la connaissance, la protection, l'éducation et la mobilisation ».
L'introduction de l'usage des pesticides remonte aux années d'après Guerre. La première grande crise de la biodiversité est née de l'usage des organochlorés, lesquels, en s'accumulant dans les chaînes alimentaires, atteignaient de telles concentrations dans les organismes des prédateurs en haut de la chaîne, qu'en une vingtaine d'années de nombreuses populations de rapaces faillirent sombrer en raison de l'effondrement du taux de reproduction. En France, il ne restait plus que 200 couples de Faucon pèlerin. Les femmes françaises ont nourri leur bébé avec du lait qui contenait 100 fois plus de DDT que celui des vaches ! C'est l'honneur de Rachel Carson, seule contre la grande industrie et l'administration, d'avoir entrepris la lutte et de l'avoir gagnée.
Les impacts sur les espèces très visibles (de grandes tailles et à populations restreintes) ont été tout aussi évidents et l'interdiction des organochlorés a sauvé les rapaces. Puis les substances se sont succédées, l'usage s'est élargi. Mais, notre attention s'est émoussée. Les « petits », bien qu'autrefois abondants, mais peu visibles, ont été foulés au pied. La prise de conscience de leur effondrement a bien tardé… Les espèces, et plus encore les services écosystémiques, ou grandes fonctions écologiques, ont été exposés à des substances sans cesse en évolution. Un groupe en particulier, formé de deux familles, a vu le jour dans les années 1990 : les « néonicotinoïdes » et « fipronil ». Ils agissent par « systèmie », c'est-à-dire en se répartissant dans toutes les parties de la plante, en circulant dans la sève brute ou la sève élaborée, après y avoir été absorbés. Très vite, les effets sur le service de la pollinisation ont été mis en évidence. Mais l'arbre a caché la forêt. Ce sont aujourd'hui, de l'avis même des entomologues chevronnés, tous les invertébrés des milieux aquatiques et terrestres dont les populations s'effondrent.
Alors, dira-t-on, la LPO est la ligue pour protection des oiseaux pas des invertébrés. Certes. Mais la LPO, en redéfinissant son but, a compris depuis longtemps que les oiseaux, notamment les passereaux et assimilés, ne vivent pas de l'air du temps mais sont dépendants des chaînes alimentaires dont ils occupent le sommet. Or, toutes les chaînes alimentaires prennent naissance soit… dans le milieu aquatique, soit dans les sols. Les vers de terre représentent à eux seuls 70% de la biomasse des animaux terrestres ! La disparition des plantes indigènes (herbicides) tout autant que la disparition des invertébrés (insecticides et herbicides, voire fongicides) est, aujourd'hui, la source majeure d'un effondrement des populations d'oiseaux, lequel résulte, en partie de la toxicité aiguë ou sublétale de ces insecticides, mais surtout de l'effondrement des ressources alimentaires. L'Evaluation Mondiale Intégrée (WIA) résultant des travaux d'environ 50 chercheurs académiques au sein du Groupe de Travail sur les Pesticides Systémiques (TFSP) en apportent la preuve que l'on trouvera, entre autres, sur ce site, en français.
Pour aller plus loin
Insecticide ! Un désastre écologique qui nous atteindra tous
Évaluation Mondiale Intégrée des pesticides systémiques - WIA 1
Insecticides néonicotinoïdes - Tendances usages modes d'action des métabolites - WIA 2
Exposition et devenir environnementaux ; néonicotinoïdes et fipronil - WIA 3
Effets des nicotinoïdes et du fipronil sur les invertébrés sauvages - WIA 4
Conclusions de l'Évaluation Mondiale Intégrée sur les Pesticides Systémiques - WIA 8